samedi 3 juillet 2004

Chronique Culinaire, 2e partie.
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Ok, il est grand temps que vous le sachiez.
Depuis deux mois, je mange, tous les jours de la cuisine équatorienne assez typique, très traditionnelle et parfois même folklorique je dirais. J'en ai fait une description générale dès mes premières semaines ici dans ce journal. Ce qui est temps que vous sachiez, c'est que bien que très bonne, lacuisine équatorienne comporte ses exceptions. Eh.
Deux exemples récents.
Le premier cas est le moins pire. Il date de ce midi. J'ai quelques problèmes de santé depuis 2 semaines alors je ne me sens pas toujours d'attaque pour un défi à chaque repas. La nuit dernière, j'ai eu une poussée de fièvre et j'ai donc décidé de prendre ça plus relax aujourd'hui. De vaquer à mes activités, préparer mon matériel, faire mon lavage, mais ne pas faire les choses trop vite, rester à la maison, bref, y aller mollo.
Vers une heure, on m'appelle pour dîner et je n'ai pas faim. Mon déjeuner (oeufs frits, pains, confiture, jus et café) remonte à 9h am et donc, je descend avec l'intention de sauter le diner. je ne suis pas quelqu'un qui mange habituellement de grosses portions et quand je ne me sens pas bien, c'est pire, évidemment.
Ici, une parenthèse explicant une partie de la culture culinaire de l'équateur. Ici, personne ne comprends que quelqu'un ne puisse pas terminer son repas, ou ne veuille tout simplement pas manger une grosse portion de soupe et une grosse portion du plat principal. Ariane, qui mange moins que moi, a eu des problèmes quotidiens avec ça ici et a attiré une sorte de surnom (la fille qui mange pas). Il semble donc impensable que je puisse pas vouloir manger de temps à autres, peu importe la raison. Et compte-tenu que la soupe contient souvent des morceaux de viandes et des grosses patates rondes, c'est parfois du délire de tout manger avec le plat principal! je n'ai rien contre un copieux repas de temps à autre, avec des amis, en mangeant lentement, dégustant. Mais ici, la coutume semble être de dévorer tout le plus vite possible. Je fais donc office de tortue, on me sert en premier, je suis le dernier à finir. De plus, il est très offensant de ne pas terminer son assiette. C'est considéré comme une insulte à celui ou celle qui a préparé la nourriture. On semble préférer vous rendre malade plutôt que de vous servir moins ou d'en laisser.
Ici, chez les Mueses, on a vu d'autres volontaires pires que moi avant mon passage, je me débrouille pas si mal, donc. Ainsi, on accepte, mais on insiste beaucoup. Si j'en veux juste un peu, ok, je dois le dire dès le début, avant de me faire servir quoi que se soit, et on insistera pour que j'en prenne plus tout au long du repas, 5 fois, 6 fois, même quand j'ai terminé et que je me lève de table. C'est pas facile à gérer sans insulter personne, croyez-moi. La mama, par exemple, qui est de loin la meilleure cuisinère de la maison, reproche toujours à Virginia de ne pas me nourrir assez. Cette dernière doit lui expliquer que c'est moi qui en veut pas plus.
Bon, ceci dit, ce midi, je descend avec l'intention de m'excuser. Surprise, un groupe d'employé de la fondation dine à la maison, et lorsqu'il y a du monde, on met le paquet côté bouffe... Je réalise avec déception que je suis déjà servi, la soupe en fait. Je joue donc la prudence et annonce tout de go que je ne mangerai qu'une soupe, que je n'ai pas très faim. On insiste évidemment, que le rix est bon pour ma santé, que je dois manger plus, etc. Je tiens bon et prétexte que lorsque j'écris (comem c'est le cas aujourd'hui, dis-je), je n'ai jamais faim et j'ai juste hâte de continuer... L'excuse semble fonctionner même si on me suggére du riz à pas moins de 6 reprises pendant que je mange ma soupe. Et quelle soupe!
Étrangement, elle est servie avec de la chichas, cet alcool de maïs que j'ai gouté à cayambe. Avec une nuit de fièvre derrière moi, la dernière chose dont j'ai envie c'est bien de l'alcool de maïs! Misère.
Anyway, j'ai d'autres problèmes plus important, puisque'à part une grosse pomme de terre et quelques épices, je n'arrive pas à identifier les choses qui flottent (ou calent) dans ma soupe. Des organes, à n'en pas douter, mais lesquels, et de quoi? Je commence donc mon bouillon pour diminuer le niveau de liquide, ce qui aide avec le reste, puisque je ne dispose que d'une cuiller, évidemment. je grignotte les morceaux coupés de ma patate, découvre un coeur de poulet, qui passe plutôt bien compte-tenu du reste. Un gésier, bof, pas mon organe favori, mais c'est mangeable. Le reste est plus incommodant, mais comme ça va assez bien jusque-là... Je me risque sur un autre organe de nature indéterminée, il est rose et mou, et finalement, il est pas très bon. Un peu sableux, je le rince à la chichas, tentant de ne pas grimacer au passage et me demandant comment me sortir de ce repas dont je ne veux pas du tout! Mon estomac commence d'ailleurs à protester un brin et pendant tout ce temps, je dois argumenter pour éviter l'assiette principale en plus.
Je découvre au fond de ma soupe un morceau de cage thoracique, de poulet, on dirait, après laquelel traine encore un ou deux mince filet de viande, que j'ingurgite comme une trève. Je termine lentement mon bouillon mais il reste encore deux organes étranges dans mon bol. Je tente d'en couper un avec ma cuiller, mais sans succès. Trop caoutchouteux pour en venir à bout. La chose résiste et je commence à me demander que faire. Cet organe est bien trop gros pour que j'envisage de l'avaler tout rond, je serais malade sur le champs.
J'opte enfin pour l'enfouissement des deux organes restants sous les os de la cage thoracique que j'ai renversée, on ne dirait ainsi que je ne laisse que des os.
je remercie tout le monde, leur souhaite un bon après-midi et rapporte mon assiette et mon verre à la cuisine. Ouf, aujourd'hui, je l'ai échappé belle et on dirait que je l'ai fait sans insulter personne en plus. Pfff.
Il y a deux semaines (et c'est mon autre exemple), heureusement que je me sentais en parfaite forme, car j'ai du affronter mon pire repas à date.
C'était un dimanche soir, et Hélène, ma coloc no.4 venait de partir (elle l'a évité de justesse!). Ce dimanche donc, j'ai eu ce que je considère comme le premier véritable repas que je n'ai pas du tout aimé depuis mon arrivée. J'inclus dans mon commentaire toutes ces choses non-identifiées que j'ai mangé ici et à l'école...
Ce dimanche soir, pour la fête des pères, on a servi de la cuisine "tipica" (quoi d'autres?)...
La soupe était brune foncée, et avait la texture d'un peu de boue, très dense, servie avec un tas de trucs non-identifiables, mais dont une partie était des fruits de mer que je ne suis pas arrivé à reconnaître. Je précise ici que je suis un amateur de fruits de mer, habituellement. La seule chose connue de ce truc était un peu d'onion. Le goût était nouveau, mais pas très bon, Heureusement, je me suis jeté sur le chili et j'en ai généreusement mis trois ou quatre bonnes cuillers dans ma petite soupe pour la faire gouter autre chose. Une idée qui s'est avéré brillante. La plupart des fruits de mer étaient très très très caoutchouteux, tellement qu'àprès avoir mastiqué pendant deux bonnes minutes, je finissais toujours par les avaler tout rond, car ils n'avaient pas changé de forme d'une miette... Ils avaient aussi un air louche, mais disons qu'heureusement, ils semblaient cuits et morts, mais à part ça...
Le plat principal (je serais déjà sorti de table aprés cette soupe, mais trop tard, mon assiette m'attendait, tellement j'avais pris plus de temps que de coutume pour venir a bout de ma soupe)...
Le plat principal, donc, eh bien c'était un riz, mais brun, qui goutait un peu comme la soupe, en moins pire, mais avec non seulement des légumes en cube mais aussi une tonne de ces petites bestioles de fruits de mer qui me regardaient dans le blanc des yeux avant que je les mettent dans ma bouche. Oh god! Je pensais jamais venir a bout de ce souper-la...
Je suis parti marcher après ça, tellement j'avais peur de la réaction de mon estomac. Celui-ci est solide, par contre, puisqu'il a vaincu les créatures et réussi à les transformer, ce que mes dents n'avaient pas accomplies malgré un dur labeur!...
Pour tout vous dire, ça m'a pris deux semaines pour trouver le courrage de vous en parler, je déteste que ma bouffe me regarde du fond de mon assiette, que voulez-vous! :-) Et même après ce délai, je trouve difficile d'évoquer le souvenir de ce repas. J'en ai encore des frissons dans le dos (et dans l'estomac!).
Pour terminer sur une note moins difficile, je relate ici une expérience vécue par Suzie à Potosi, en Bolivie, ou la culture culinaire semble ressembler à celle d'ici. La mama où Suzie habitait ne parlait que Quicha et elle pleurait à chaque fois que Suzie en laissait dans son assiette... J'avoue que maintenant, en pensant à cette anecdote, je trouve la chose traumatisante! car avec une telel attitude, on en vient à craindre les repas, et donc, à avoir moins faim (un phénomène que j'ai observé chez Ariane), ce qui empire le problème, évidemment.
Alors voilà, maintenant, vous savez. Content?


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