lundi 5 juillet 2004

Petits moments de rien.
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Parc Ejido, 4 juillet, environ 13h.
Je suis à côté de l'arche qui mène dans le parc et son marché d'artisanat. Depuis 20 bonnes minutes, j'ácoute avec plaisir la musique du trio qui anime la place. Tout autour, des vendeurs de toiles affichent leur art. Le trio, Ecuador-Andes joue un mélange de guitare, mandoline et divers instruments plus typiquement sud-américain comme la flute de pan. Ils jouent pour l'instant des balades, très relaxant, il fait beau sans faire chaud, le parc est rempli de jeunes et moins jeunes. Je vois au moins 5 parties de soccer amateur en cours. A droite, un autre groupe se prépare en installant son matériel. Mon trio achève une pièce traditionnelle qui est mondialement connue puisqu'elle a été adaptée par Simon and garfunkel (The sound of silence). Une jolie équatorienne est appuyée à la cloture qui ceinture le parc, elle est jolie sans être véritablement belle, c'est son regard, perdu dans la musique, qui est beau.
le trio joue maintenant une composition de son cru, qu'ils disent inspirée de la pièce Roméo et Juliette. C'est en effet un peu tragique comme musique. Leur complice se balade aux alentours en proposant leurs CDs pour 5$. Je jette un oeil au sommaire par curiosité et j'y reconnais Imagine et Let it be, en plus de quelques pièces que le groupe vient de jouer. Il ne faut pas trop dépayser les touristes, j'imagine. Le regard de la fille et les arbres qui se dressent derrière feraient une belle photo, un beau souvenir du moment. mais sans caméra numérique ou viseur-écran mobile, impossible d'immortaliser le moment sans être vu.
Aprés un moment d'hésitation, je lui demande la permission de la prendre en photo avec le parc derrière, juste comme ça. Elle sourit et accepte. Je m'installe et je note tout de suite que son regard est différent maintenant qu'elel se sait regardée, qu'elel se sait photographiée. Je prends tout de même la photo, impossible de faire autrement, mais je sais que ça ne sera pas le souvenir espéré, son regard était différent, il n'était plus naturel, spontané, il n'était plus perdu dans la musique. Comme quoi on ne peut pas toujours saisir le moment avec une photo.
La chose me refait penser à ce paysage merveilleux que j'ai vu vendredi. Entre Lloa et Quito, j'aurais voulu prendre une photo tellement c'était beau, mais j'étais devant une maison de gens de la place, à parler avec eux en attendant le bus. Impossible de couper la conversation sans être impoli, pour une photo en plus! Le bus est passé, l'instant aussi.
Le trio, sentant probablement que la magie du moment s'est évaporé avec le regard de la fille, enchaine avec une dernière pièce: My heart will go on, à la flute de pan. Ils terminet, je quitte le parc en direction du Trole.
En route, je m'arrête pour grignotter un morceau au parc Alameda.
Du côté nord du parc, il y a un lac artificiel, avec une rivière formant une sorte de boucle, deux petits ponts, bref, c'est joli même si très urbain malgré tout. Il y a des barques à louer qui dans une autre ville seraient des attrapes touristes. Mais ici, il n'y a pas de touristes dans le parc Alameda. J'écris ceci dans un de mes carnets en ayant vu que deux autres blancs (des blanchjes en fait, une blonde et une brunette relaxant au bord du lac). Ainsi, il n'y a que des équatoriens dans les quelques dixaines de barques qui naviguent sur le petit lac. Je remarque quelques noms sur les embarcations: Le Pirate, la sirène, le Titanic (pas supersticieux)! ce qui amuse, toutefois, c'est que ces gens ne savent pas du tout comment ramer et on assiste à des moments plutôt cocasses. À un moment, j'ai presque l'impression de voir un groupe d'enfants dans des autos tamponneuses des manèges de ma jeunesse! Certains maneouvrent pas trop mal alors que d'autres démontrent une incompétence en matière de rame qui est vraiment divertissante.
Enfin, les nuages gris sombres arrivent par le nord-est et le soleil se fait donc plus timide tout à coup.
Je réalise que lors de mon séjour en Europe, jamais je n'ai pris le temps de noter comme je le fais en ce moment un souvenir dans un cahier ou des impressions sur le vif, sur l'impulsion du moment.
C'était le désavantage de voyager à deux.
Par contre, l'avantage de voyager à deux est fort et réside dans le partage de ces moments et impressions, ainsi, pas besoin de les noter par écrit pour les partager.
Ici, je suis le seul à les vivre et serai toujours le seul à m'en souvenir.
car malgré ma brève description que je pourrais retranscrire sur mon journal de bord en ligne, il manquera toujours tous les détails qui font du moment un souvenir unique;
Le vent, la musique, la senteur des brochettes qui cuisent sur le feu non loin, les boucles jaunes de la fillette à bord de la barque Delfin (Dauphin), le bruit des rames sur l'eau, les sifflements du loueur rappelant à la rive les embarcations dont le temps est écoulé, la couleur si particulière de la peau de deux jeunes équatoriennes passant tout près de moi, le pigeon qui voudrait bein un morceau de mon lunch, le signe "one way" qui marque l'entrée de la rivière artificielle (!), la vue sur le palmier géant surplombant le lac de son île minuscule en son centre, les cris du vendeur d'orange... tant de détails...
Je termine donc cette rédaction de petits moments de rien dans les parcs de Quito pour me rendre au Trole. On verra où il me nènera.
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Ce texte est tiré d'un de mes carnets. Tous les jours, je note des choses ou écrit des pensées, dans un carnet, mon agenda, mon journal de voyage, etc. Parfois courts, parfois longs, ces textes ne se retrouvent pratiquement jamais ici sur ce journal de bord en ligne. Cette fois-ci fait exception, car je trouvais que l'idée des détails qui font du souvenir un moment unique (et solitaire) était un bon exemple pour démontrer les limites de ce journal. La plupart des textes de mes agenda, journal et carnets seraient de toute manière probablement fort ennuyant, puisqu;il s'agit toujours d'impressions et de réflexions plutôt que d'événements en tant que tels.
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