mardi 10 mai 2005

Le dernier restaurant avant le bout du monde...

C'est là où je voudrais m'arrêter un instant aujourd'hui pour prendre mon lunch.
Ça vous arrive de temps en temps de vouloir tout casser sans raison?
Je me souviens du visage d'une jeune et jolie femme qui était assise dans un café un soir où je ne m'attendais pas du tout à l'y voir. Elle avait ramené ses genous contre elle et avait les pieds sur la chaise, elel avait l'air toute petite. Elle attendait ses parents avec lesquels elle devait souper ce soir-là.
Je me souviens encore clairement des cheveux au vent d'une jeune fille qui avait vingt-deux ans et qui me faisait au-revoir alors que je l'avais déposée devant chez elle, je revois ces cheveux et son au-revoir qui allait être un adieu sans qu'aucun de nous deux ne s'en doute, alors que je la voyais par le rétroviseur de ma voiture.
Je me souviens avoir dis à bientôt à quelqu'un l'an dernier sans jamais me douter que je ne reverrais plus cette personne jusqu'à maintenant.
Je me souviens avoir dis non à Danyel lorsqu'il m'a demandé si je voyageais pour fuir les responsabilités puisque c'est ce que lui avait fait. Qui ne fuit pas, dites-moi? Je voyage pour fuir des peurs, mais je voyage pour en affronter d'autres. Et si je voyage pour fuir des responsabilités, d'autres travaillent comme des fous pour fuir, ils ne fuient peut-être pas des responsabilités, mais fuient de toute manière.
Au moins, je ne fuis pas ma vie, je ne fuis pas la vie, je ne fuis pas les possibilités, j'ai pris la décision de les vivre, c'est juste différent.
Je me souviens de l'histoire des grands-parents d'une amie, histoire qui m'a touchée, le genre d'histoire que vous n'oubliez jamais, et je veux aller voir mon grand-père pour la lui raconter. Je voyage aussi pour trouver ma place, parce que je préfère partir plutôt que de sentir que je ne suis pas au bon endroit, au bon moment, que je ne suis pas chez moi.
Je me souviens d'un matin comme un autre dans un café, avec un japonnais et une australienne, où nous avons créé notre propre univers, que nous l'avons partagé avec des inconnus qui entraient et sortaient, que nous avons accomplis quelque chose que nous n'oublierons jamais à ce moment, à quel point nous nous sentions au bon endroit, à ce moment-là, à quel point il y avait de la magie, malgré l'insignifiance que la société accorde à ce que nous faisions réellement à comparer à ce que quelqu'un de moins différent et trois fois mieux payé peux faire, à quel point aujourd'hui me semble cent fois plus insignifiant me soulignant cette différence à gros traits.
Le problème de mener une vie différente, c'est que personne ne semble comprendre, même ceux qui vous disent qu'ils comprennent, être différent, c'est se condamner à la solitude.
Peut-être que non, peut-être que c'est juste la journée, avant le bout du monde, avant, la solitude ne me dérangeais pas tant que ça, mais j'ai connu des gens en voyageant, j'ai des amis qui me sont chers, et ils me manquent cruellement parfois. Comme ces filles à qui j'ai dis au-revoir sans savoir qu'il s'agissait d'un adieu, comme une ville qu'on aurait dû visiter depuis longtemps, comme un endroit où l'on se promet d'aller sans jamais en trouver l'occasion, comme les histoires ue l'on veut raconter, comme pour tenter d'expliquer cete différence d'une manière ou d'une autre. Mais je pense que cette idée de vouloir expliquer, ou être mieux compris, c'est juste un artifice, pour ne pas avoir l'impression que cette différence, c'est juste de la folie.
Parce que vivre différemment, c'est accepter d'être fou, ou vu comme tel. C'est accepter que mettre un sourire sur une tasse de café pour une inconnue est plus important que de remplir des paperasses dont tout le monde se fout, malgré ce que ça rapport, malgré la position sociale, c'est accepter que de faire de la magie, faire rire et sourire, c'est encore plus importantque tout l'argent du monde.
Et la seule chose qui me retient d'aller pendre ce lunch au bout du monde aujourd'hui, c'est que je suis payé pour ne pas le faire, et que cet argent me servira à me payer cinq jours de lunch au bout du monde la semaine prochaine.

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