dimanche 17 juin 2007

Tumbes - ou suite des (més)aventures de l'Esprit Vagabond

Les frontières se suivent et ne se ressemblent pas... Les claviers de cafés internet itou. Comme tous les claviers rencontrés jusqu'à maintenant au Pérou sont totalement crappy, du genre qu'il faut un marteau pour enfoncer les touches, je vais, pour aujourd'hui du moins, peut-etre y aller d'entrée en mode plus télégraphique. J'ai toutefois une connexion assez rapide pour présenter des photos avec mon billet, alors je ne me plaindrai pas, quand meme... (les photos sont à la fin de ma narration).
Pris un bus de nuit de Quito à Huaquillas, ville frontalière Ecuador-Péru. Trajet de 12h qui en a pris 14 en réalité, rien de surprenant, TISA (This Is South America, qui peut me dire de quoi je m'inspire ici en passant?).
Huaquillas est une frontière... intense, disons. Extremement chaotique, si on la compare à la dernière frontière que j'ai traversée pour entrer en pays inconnu.
J'ai réussi à ignorer toutes les offres intéressées d'aide (inutile) puisque la frontera se traverse à pied, tout simplement.
Rendu à Aguas Verde, j'ai changé des $$ US pour des Soles, monnaie locale au Pérou. Un procédé effectué un peu partout en amérique centrale en 2005 sans problèmes, il y a toujours un paquet de changeurs d'argent aux frontières.
Un mototaxi m'a transporté à la oficina de migracion del Péru, pour une somme de 3 soles (environ 1$) en tentant tout de meme de me dire que c'était 30 soles, qui valaient 1$, un gars s'essaye...
Après les formalités d'usage, j'ai attrapé un combis sur la route menant à Tumbes, la ville principale aux alentours (personne ne reste à Aguas verde, qui n'existe que parce qu'un jour, on a tracé la frontière là).
En voulant payer pour ma chambre, une fois à Tumbes, on me dit que certains de mes billets de Soles sont faux. Shit. Ces choses là peuvent arriver, surtout quand on ne connait pas la monnaie locale - et le gars de l'hotel (info confirmée par la banque) m'a dit que c'était un très beau faux. Bon, appauvri de deux jours de budget de voyage - que je regagnerai en économisant un peu, j'avais aussi un petit surplus budgétaire accumulé depuis Quito - je paye tout de meme ma chambre, puis jette un coup d'oeil à Tumbes, d'où je prévois partir le lendemain anyway. Il n'y a pratiquement rien à faire ni à visiter à Tumbes. Les voyageurs y passent quelques jours pour les plages du Pacifique, environnantes, mais faire de la beach tout seul me semble un peu pathétique. Remarquez, c'est pas l'envie de plonger dans la mer qui manque avec cette fuc%$& chaleur d'au moins 18 degrés de plus qu'à Quito, sinon 20! Mais les plages sont situées à l'extérieur de la ville, et comme j'ai dormi dans le bus, je me sens un peu innerte.
Je vais donc à la compagnie de bus vers le sud, pour voir les horaires du lendemain. Il n'y a qu'un bus par jour vers le sud, et c'est aussi un bus de nuit, qui part à 20h. J'imagine déjà avoir à passer deux jours à Tumbes avant de partir, et rien d'autre à faire que la beach... well, c'est pas comme si j'étais pressé... Je demande donc un billet pour 20h le lendemain... et on me répond que pour samedi, c'est déjà complet. Aye, je vais tout de meme pas rester 3 jours dans ce tr.. :) Y'a toujours ben des limites à pas etre pressé! Surtout qu'autour de ma prochaine destination, il est supposé y avoir des sites intéressants à visiter... Je m'informe donc pour la journée meme, et effectivement, il reste 2 sièges sur le bus de 20h. J'achète et reviens à mon auberge pour voir s'il n'y a pas moyen d'avoir un escompte ou quelque chose. Le gars - plutot gentil - me dit qu'il me rembourserait bien totalement, mais que son dépot est fait, et qu'il ne peut rien faire, sinon, il passera pour un gars qui a pigé dans la caisse... Mettons qu'à 14h, son dépot me semble un peu louche, mais ne soyons pas trop parano et donnons lui le bénéfice du doute quand meme... Je perd donc 19 soles pour la chambre... mais en fait, j'en profite pour me reposer un brin, prendre une douche (glaciale, mais parfaite vue la température), et me raser - une première cette année en amérique du sud, hehehe.
Je me défoule un brin en expédiant un e-mail à mon amie Suzie et tentant de bloguer mes mésaventures, mais le clavier de m%&$... associé à une connexion ultra-lente et un café internet super-bruyant achève le peu d'humeur que j'ai réussi à conserver jusque-là.
Je travaille sur moi-meme, pour éviter de juger une ville, ou un pays, sur cette première journée au Pérou; après tout, il est naturel que j'aie besoin d'un brin d'adaptation, le Pérou n'est définitivement pas l'Équateur.
Je parcours les deux rues piétonnières de Tumbes, charmantes, il faut l'avouer, et me dirige vers le Malecon, la promenade qui longe la rivière. En passant dans une rue relativement achalandée, je remarque un jeune qui reluque ma caméra et qui fait un signe de tete à un copain de l'autre coté de la rue. Il emboite le pas derrière moi, à environ 10 mètres. Je fais celui qui n'a rien remarqué, prend une transversale en accélérant le pas tandis qu'ils ne me voient pas, ralenti un peu, puis file sur le Malecon et me plante entre deux colonnes d'où ils ne pourront pas me voir mais d'où je les verrai arriver s'ils me suivent réellement. Effectivement, ils arrivent, tournent le coin, s'arretent, regardent aux alentours et attendent. Je traverse nonchalemment la rue en me dirigeant vers la Plaza Centrale, pleine de monde et bordée par l'edificio municipale de la policia et celui de la milicia. Ils m'emboitent le pas une fois de plus. Une fois à l'abri de leur regard après un coin, j'accélère et atteint la Plaza. Ils arrivent trente secondes plus tard, et voient que je suis confortablement assis en face de trois officiers de la police municipale. Du coin de l'oeil, je les vois rebrousser chemin.
Bienvenido al Péru est la phrase qui me passe par la tete. Aux policiers devant moi, je dis simplement: ¡Qué pais!
On entame une conversation, je leur raconte finalement que pour ma première journée au pays, j'ai eu droit à de la fausse monnaie, une tentative d'extorsion, une chambre payée pour ne pas y dormir et deux voleurs à deux coins de rues de la Plaza en plein jour! Ils m'expliquent que le Malecon est dangereux, toujours plein de voleurs. Shit, c'est à deux coins de rue de la police et de l'armée!!! Ils me disent qu'en général, Tumbes est une ville pas très sécuritaire, à part les deux rues piétonnières et la Plaza. Eh ben, c'est joyeux ca, pour quelqu'un qui aime visiter!
Je consulte ma montre, il me reste environ 6h à tuer et je peux rester en sécurité dans un rayon d'environ 500 m autour de ma position! Anyway, d'après mon guide touristique, y'a rien à visiter dans Tumbes meme. Je vais donc chercher mes bagages, les place à la consigne (haha) du terminus de bus, et flane sur les rues piétonnières de Tumbes pendant quelques heures. Je pourrais pratiquement vous dessiner l'endroit tellement j'ai fait l'aller-retour! Anyway, j'ai aussi pris le temps de changer mon mood en écrivant deux jolies chansons pleines de bon sentiment - je les placerai éventuellement sur ce blog d'ici quelques jours - et j'ai acheté La republica (quotidien péruvien) et bu deux Inca Kola, la boisson gazeuse numéro un au Pérou - un des rares pays du monde où ce n'est pas Coca Cola qui occupe cette position d'après ce que j'ai lu. L'Inca Kola est très bon, au fait, pas trop sucré malgré tout, avec un petit gout citronné...
(aye, j'ai réussi à pas mal tout raconter malgré ce clavier, on s'habitue meme si je commence à sentir la fatigue dans mes jointures! :)
Ainsi, à 20h, j'ai pris un bus de nuit pour Trujillo, à 9h au sud...
En lisant La Republica, j'apprends que le Pérou est un pays plein de voleurs; le chef de police de Piura, une ville voisine, alors qu'il était en civil, s'est fait voler son porte-feuille en pleine rue en plein après-midi, et malgré son expérience et une réaction rapide de ses collègues, ils n'ont pas retrouvé les deux voleurs!!
Je lis aussi que les relations avec le Chili sont tendues - à peu près tous les pays d'Amérique du Sud ont des relations tendues avec le Chili - en partie à cause de la longue procédure d'extradition de Fujimori, l'ex-président péruvien en exil au Chili et accusé ici de corruption, entre autres choses. Je lis enfin que l'actuel président Alan Garcia, lui-meme un ex-président et militaire, semble diriger des politiques économiquement efficaces malgré un comportement contesté; il aime les femmes et le bon whisky. Je me demande s'il serait plus contesté s'il préférait l'eau et était gay? Hehehe...
En terminant, je peux aussi mentionner qu'après 24h au Pérou, je n'ai vu aucun - aucun - gringo. Je semble le seul blanc au nord de Lima :).
Trujillo, atteint après 24h de bus dans les dernières 36h, sera le sujet de mon prochain billet, alors je m'arrete ici pour le moment... et je vous laisse sur ces photos commentées.

Huaquillas, toujours en Équateur, avec ces mototaxis qui vous offrent de vous faire passer la frontière pour 10$, alors qu'elle est à deux minutes à pied, littéralement! Les habituels marchands du temple envahissent les rues étroites de cette ville frontalière quelconque.


Dernier moment en Équateur, avec la banderole d'adios et celle, plus loin en rouge et bleu, de bienvenidos en Péru... Le Puente Internacional annoncé en grandes pompes par le panneau vert est, en réalité, une passerelle au-dessus d'un tout petit ruisseau bien pollué et boueux, qui est sensé etre la rivière qui sépare les deux pays depuis 1941 après la guerre frontalière qui a vu le Pérou reprendre Tumbes et le secteur jusqu'à la "rivière" Zarumilla.


Une des très jolies et nombreuses mosaiques de céramique des pasaje petonéal de Tumbes, avec l'embleme de la ville; un aigle surplombant un lama.


La Iglesia de Tumbes, dans laquelle je me suis carrément réfugié pendant près d'une heure pour me reposer avant de reprendre le bus le soir venu.



Le reste de Tumbes est à l'avenant, bardé de maisons de bétons non terminées, de rues trop larges envahies par les mototaxis bruyants, klaxonnants et polluants, et des habituels vendeurs de cochonneries que l'on retrouve dans toute ville latino qui se respecte :)


La pièce de résistance de Tumbes est cette immense murale située au fond de la Plaza centrale, une mosaique en relief absolument splendide, représentant l'Inca et sa civilisation et la nature péruvienne au moment de l'arrivé des espagnols. La muraille, de quinze pieds de haut, s'intitule justement El encuentro de dos mundos. Ce n'est pas du Gaudi, on s'entend, mais c'est une superbe pièce.

(Note technique: comme l'écran d'ordi sur lequel je travaille est tout rosé et pourpre, je n'ai aucun moyen de vérifier que ces photos sortent correctement ou d'en corriger les couleurs si mon appareil a capté quelque chose avec un mauvais éclairage, désolé).

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