jeudi 12 juillet 2007

Le Salar de Uyuni - jour 1

Le Salar de Uyuni est le plus grand désert de sel au monde.
(je vous avait dit que tout était une question d'hyperbole, ou de superlatif, en voyage).

Le Salar fait 10 000 km2 de superficie. Bref, ca ne se visite pas à pied.
L'organisation des tours dans le salar de Uyuni est un véritable cauchemar et personne ne s'y retrouve totalement. A la base, il s'agit de groupes de 6 personnes, accompagnés d'un guide-chauffeur et d'un(e) aide-cuisinière, ces huit personnes faisant le trek pendant 3 ou 4 jours dans une jeep. Personne ne semble pouvoir réellement réserver une jeep en particulier, ou un guide en particulier, les agences font ca pour vous. Évidemment, il y a une panoplie d'agences diverses à Uyuni et ailleurs en Bolivie. Les choses se compliquent quand une agence organise le tour pour 3 personnes, et ramasse donc (ou refile) les 3 autres à une autre agence. Avec ce mode de fonctionnement, plus moyen de savoir qui sera votre guide, ou quelle sera votre jeep, au moment de signer pour la trek. Pire encore, vous avez les courtiers, qui sont en fait des agences qui n'organisent pas elles-memes les tours mais vendent des tours organisés par d'autres agences...
Exemple concret; vous etes à La Paz, et comme le temps est compté et que vous ne voulez pas que vos compagnons de voyage perdent deux jours à organiser une trek de 3 jours, vous organisez le tout directement de La Paz. Facile, les agences annoncant les treks dans le Salar sont légion à La Paz. Après avoir magasiné un brin, pour voir ce qu'offrent les agences, vous vous rendez vite compte que chacune offre exactement la meme chose, on vous montre une photo de la jeep sur demande, etc. Disons, pour le cas de notre exemple, que vous allez chez Tayka Tour et achetez un forfait 3 jours deux nuits dans le Salar avec Esmeralda Tours, une agence de Uyuni.
Une fois rendu à Uyuni (et voyez le billet précédent pour la joie d'arriver 10 minutes en retard), vous vous rendez aux bureaux de Esmeralda Tours, qui valide le tout et vous indique la jeep, où le guide se présente. Cette jeep, elle est aux couleurs de Sol de Mañana Tours, puisque nous n'étions que 3 et que Sol avait 3 personnes aussi, les agences s'arrangent entre elles pour les transferts et voilà; nous voici donc dans un tour pour lequel nous n'avons pas signé! Pas bien grave, dirons nous, puisque les agences offrent grosso-modo le meme genre de trek - et vont exactement aux memes endroits intéressants du Salar. Évidemment, les hébergements et lieux d'hébergements varient d'une agence et d'un tour à l'autre... et les histoires de voyageurs étant tombés sur des guides-chauffeurs incompétents, saouls - ou les deux - et les crevaisons et jeep en mauvais état sont aussi nombreuses que les agences d'Uyuni. On tente donc d'etre prudent et de s'informer, mais on n'a bien peu de pouvoir sur la trek elle-meme.

Notre guide, Saul, s'est avéré sympathique bien que timide et tranquille, et la cuisinière, dont j'ai déjà oublié le nom, était encore plus timide et tranquille, bien que jeune et jolie :-). La trek n'a donc pas viré au party, mais en meme temps, ca a été reposant et rassurant d'avoir quelqu'un de compétent et prudent dans un environnement aussi austère... hostile, meme.

Nous avons commencé notre visite par un cimetière... (notons tout de suite que lors de l'achat à La Paz, selon le trajet montré, nous devions terminer notre trek par cette visite...)
Le cimetière de train à vapeur de Uyuni. Pour sortir le sel de la région, avant le rail moderne, il y avait les trains à vapeur. Une fois laissés de cotés pour de meilleurs trains, les anciens trains à vapeur ont simplement été "remisés" dans le désert à coté de la ville de Uyuni, un réflexe bien latino, on en conviendra. Ils sont là depuis des décennies.

Puis, notre jeep nous a amené dans un petit pueblo, Colchani, où une gentille dame m'a expliqué le processus de séchage (chauffage) du sel du salar (qui contient de l'eau, donc on sèche par évaporation), puis de l'ensachage; elle a meme ensaché pour moi un peu de sel moulu et iodé... sur lequel j'avais marché avec mes bottes de randonnée entre le séchage et l'ensachage!
Le pueblo offre aussi quelques boutiques d'artisanat de produits du sel (verres, dés, etc). Je n'ai rien acheté, mon amie Suzie m'avait acheté 6 dés en 2004 et à son retour à Montréal, il n'y en avait plus que 3 avec un peu de sel au fond du sac !
Je me rends compte que faire une description détaillée de ce trek, en alignant les sites visités serait un peu lourd et probablement ennuyant...
Le salar est une question d'ambiance, plus que de visites. Nous roulons - parfois pendant 25-30 minutes, parfois pendant plus de 2-3h avant de s'arreter - et nous faisons une pause - de 10 minutes à plusieurs heures - selon l'intéret de ce que l'on veut nous montrer ou le temps de la journée. Entre les deux points d'arret, le paysage et la faune et flore locale nous émerveillent parfois, nous semblent monotone à d'autres moments et nous surprennent de temps à autres.

Lorsque nous nous arretons pour la seconde fois, c'est là où le sel est récolté, en effectuant des petites pyramides, et j'ai évidemment pris une photo très classique - tous les touristes prennent cette photo, j'imagine. N'empeche, pour ce touriste-ci, il y avait quelque chose de magique à prendre cette photo, après avoir admiré les photos de Suze, Max et la gang de Phem en 2004...

Comme le Salar, c'est très grand, il y a meme une ile au milieu! La isla de los pescados (meme si on n'y trouve aucun poisson, mais beaucoup de cactus), qui s'appelle aussi Inkawasi. On s'arrete pour un diner délicieux (du steak de lama et des légumes), et pendant que nos cuisiniers s'affairent avec le réchaud au propane, nous avons le loisir d'explorer cette ile de cactus et meme de conquérir son sommet :-) La vue partout aux alentours est étonnante. une mer de sel à perte de vue dans toutes les directions. Ici et là, à l'horizon, les fantomes de quelque montagne... J'immortalise mon passage de quelques photos, tentant de capter la taille de plusieurs cactus.

Un peu après diner, alors que nos amis ramassent les bagages, j'en profite pour aller marcher sur la mer de sel, m'éloigner des 25 jeeps présentes (et donc des quelques 150 touristes qui ont envahis l'ile en meme temps que nous) pour prendre quelques photos de ce paysage aussi magnifique que déroutant. Si on regarde rapidement, on se croirait sur le Lac St-Jean, en hiver!!! Mais ce n'est pas de la neige, c'est bien du sel, j'ay ai gouté, juste là, tout près de l'appareil photo sur cette image, et c'est bien du sel.

Le sel en question - qui fait jusqu'à 4 mètres de profondeur - a été laissé là par l'évaporation d'une mer intérieur il y a quelques 25 000 ans. Nous sommes à 3760 m d'altitude, précisément, au moment où nous explorons cette étendue blanche dont le tapis salin adopte la forme de cristaux, naturellement:

Selon le trajet acheté de La Paz, nous devions coucher à San Juan, un pueblo de 400 ames. Notre tour avec Sol de Mañana, lui, avait prévu un stop un peu avant San Juan, dans un endroit aussi minuscule qu'éloigné de toute autre forme de civilisation... et cet endroit, je n'ai ni noté ni compris son nom, je peux juste vous dire que c'était petit, petit, petit. Quelques ... maisons (?) en pierres ou en sel (oui, oui), un terrain de foot dominé par un vent à vous arracher la tete, un petit terrain de basket dans ce qui ressemble à une cour d'école... 5 ou 6 habitants rencontrés dans les rues sablonneuses et poussiéreuses lors de nos vagabondages aux alentours entre notre arrivée et l'heure du souper... une église microscopique (je suis monté dans le clocher en moins de 8 pas!)... beaucoup de déchets et d'objets étranges - nous avons fait un concours de l'objet le plus hétéroclite avec Sophie et Martin... une vieille bassine percée et rouillée, une colonne vertébrale, deux sandales identiques, une patte de lama... et pour ma part, un vieux pare-choc avec une jolie théière:
... et enfin, ce pueblo est situé à coté d'une petite crete rocheuse aux abords du Salar... crete où nous avons fait un peu d'exploration en plus d'y laisser un souvenir bien canadien: un Inukshuk! Sur la photo suivante, notez la couleur jaune-brunatre du Salar: aux abords, le vent pousse la poussière et le sable du désert où vivent les gens qui s'y sont installés, mélangeant sel et sable sur plusieurs dizaines de mètres à l'intérieur du salar... difficile alors de dire où le salar commence et où le désert de sable se termine...


Après une bière (achetée localement, j'en reviens toujours pas!!!) et un souper - cuisses de poulet et frites - nous avons pris nos quartiers... Nous étions trois par chambre, donc avec Sophie et Martin, nous avons partagé une chambre microscopique où tenaient à peine les 3 lits - et pas des grands lits à part ca! Ah, j'oubliais de vous dire, la maison où nous couchions étaient entièrement faite de sel... Des gros blocs de sel utilisés comme des briques, avec un mortier fait de sel et d'eau... La chose est amusante, humide, froide (c'est l'hiver ici, je le rappelle, et il a fait moins deux (oui, -2, sans chauffage) cette nuit là), et offre une petite odeur saline... Voici une photo de mon lit avec mes bagages et des deux murs du coin où est situé ce lit.
On ne voit pas le plafond sur cette photo, il est bas (meme moi qui ne suit pas grand arrivait à peine à circuler sans me cogner la tete au plafond), et fait d'un mélange de paille, de boue et de sel. Comme on voyait un peu le ciel au travers du plafond, j'étais bien content de ne pas etre en visite à la saison des pluies !
Que dire de plus sur notre "auberge", sinon qu'elle possédait l'électricité entre 19h et 22h, comme tout le pueblo, qui s'alimente sur une génératrice commune qui est démarré avec fracas après le coucher du soleil...

Nous avons visité quelques autres attraits en cette première journée, dont un hotel de sel fermé par décret gouvernemental en 2001 parce qu'il polluait le salar en rejetant tous ses déchets dans le désert de sel... Aujourd'hui, la chose se visite, à condition d'y acheter quelque chose, et comem il y a une sorte de petit marché-dépanneur... j'y ai acheté... vous ne devinerez jamais: un Red Bull!!! Véridique. Il n'y a rien dans cet endroit du monde, et paf, on peut soudainement acheter un Red Bull... Un Coke, je dis pas, mais un Red Bull, ca surprend un peu quand meme...
Une fois encore, il serait fastidieux de faire une liste exhaustive de notre journée.
Vous devez simplement savoir que le lendemain matin, à 6h, nous nous levions un peu avant Inti pour prendre un déjeuner frugal (pain sec et froid avec un peu de margarine et marmelade, café instantané ou thé, meme pas de maté de coca!)... et que nous partions pour 10 h de jeep et d'exploration du désert du sud bolivien.
À suivre.

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