mardi 21 août 2007

Entre les araucarias, les jolies argentines et les jésuites

On the road to San Ignacio
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Le terrain est incroyablement plat. Après les mois passés dans les Andes à valser entre 1500 et 5000 mètres d'altitude, la vue des champs a perte de vue semble surréaliste. La route est pavée et droite, mais bordée de terre battue d'une couleur orangée. Puis les champs, parsemés de grands arbres, ici et la. Plus loin, sur ma gauche, je vois le Rio Parana et son autre rive, au Paraguay.
Je viens de quitter Posadas, dans la province argentine de Misiones. Le temps est gris, humide et froid. Depuis mon départ de Tucuman, hier, la végétation a bien changée. L'aridité des Andes est bien loin derriere et les verts de l'Argentine ont quelque chose de rassurant et chaleureux. En ce moment, la route est bordée de pins et de feuillus divers.
L'écran de télé du bus, qui diffuse le film "Anaconda 2" en version doublée en espagnol est la pour me rappeler que je suis toujours en Amérique latine... Les quatre jeunes argentines assises a mes cotés et qui discuttent dans un castillan fortement teinté d'accents européens sont la pour me rappeler que je suis maintenant dans ce que j'ai pris l'habitude d'appeler "l'autre" Amérique latine, celle-la, inconnue de moi jusqu'a très récemment.
Dans 45 minutes, je serai a San Ignacio, une ancienne mission Jésuite établie à la fin des années 1600 et habité pendant près de 75 ans. Le site, tombé dans l'oubli, a été "redécouvert" au début du 20e siècle.
Les jésuites avaient installés une trentaine de ces missions, regroupant en hameaux près d'une centaine de milliers de guaranis (nomades jusqu'alors) dans les environsx du Rio Parana (aujourd'hui part du Brésil, de l'Argentine et du Paraguay).
Les espagnols ne voyaient pas d'un très bon oeil ces missions politiquement et économiquement indépendantes de la couronne sur le territoire espagnol et ont donc expulsé les jésuites purement et simplement en 1767. Les missions, lentement abandonnées par les indigènes, sont tombées en ruine.
Une de mes 4 voisines recoit un appel sur son cellulaire et sa conversation à voix haute dans le bus semble un trait de caractère commun à tous les argentins croisés dans les bus jusqu'à maintenant. Sa voisine de siège - celle assise à coté de moi - a une longue chevelure noire qui contraste avec son teint, pale pour une latino. Leurs deux amies, assises devant elles, ont le teint pale, les yeux verts et les cheveux chatains, traits qui les auraient identifiés comme "gringas" en Bolivie ou au Pérou...
La route traverse quelques plantations alors que le ciel s'éclairci temporairement. La couche de gris laisse entrevoir le cercle jaune parfait du soleil sans que nous ne soyons aveuglé, un phénomène que je n'ai pas vu très souvent. Les plantations se succèdent... Bambou, yerba maté, papayes... et la route s'éloigne du Rio Parana. Je consulte l'unique carte de la petite ville de San Ignacio dont je dispose. Le bus est censé nous laisser sur la route principale, à l'entrée de la ville, mais cet arret se trouve à quelques centaines de mètres de l'entrée des ruines de l'ancienne mission.
Ce que j'avais pris pour des pins me parait différent... trop en hauteur et avec des branches trop écartées les unes des autres... Mais les memes épines longues et groupées. Deux minutes de recherche me permettent d'identifier les arbres comme étant des Araucarias. De temps à autres, on voit un cactus géant, qui a poussé sur un vieux tronc d'arbre...
Aux abords de San Ignacio, j'apercois aussi quelques eucalyptus et palmiers au bord de la route.
Comme si elle savait que j'allais écrire sur elle dans mon journal de voyage, ma voisine brosse sa longue chevelure noire; l'effet est réussi :-)...
Les bottes et les jeans de qualité des quatre jeunes femmes, de meme que leurs sacs à main, trahissent une aisance (relative) totalement absente des trois autres pays visités auparavant dans ce voyage. Et malgré la crise économique des dernières années, on devine à leur regard franc et direct que les argentins n'ont rien perdu de leur fierté - et meme de leur arrogance.

Nous arrivons enfin à San Ignacio, où mes quatre voisines débarquent également. Je leur lance un dernier regard avant de plonger dans le temps et l'univers créé par les jésuites il y a plus de 300 ans.
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Posadas-San Ignacio
Misiones, Argentine.
17 aout 2007.







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