mardi 27 novembre 2007

Un maté, ou l'Argentine dans une tasse

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En voyage, même quand on ne poursuit pas le but de faire un voyage gastronomique, et à moins de faire un séjour dans un tout-inclus, on découvre inévitablement quelques coutumes et produits locaux.
Si je bois avec plaisir l'Inca Kola, disponible en importation à Montréal, je n'ai toujours pas trouvé l'excellente bière péruvienne Cusquena. Parmi les autres boissons dégustées en Amérique du Sud, la feuille de coca est illégale ici, alors rien ne sert d'en chercher pour se faire un maté de coca.
Toutefois, on peut se procurrer de la Yerba Mate pour se faire une boisson typiquement Argentine; le Maté.
Le maté, en Argentine, c'est du sérieux. J'ai pu le constater tout au long de mon passage là-bas; tout le monde (ou presque) boit son maté, toute la journée, et ce n'est donc pas pour rien que le maté est la boisson nationale de l'Argentine (et de l'Uruguay, en passant).
Yerba Mate signifie littéralement «Tasse d'herbe» (origines mélangées de Quechua et d'Espagnol).
La chose est assez complexe à bien préparer si vous êtes un puriste, mais se résume à quelque chose d'assez simple en théorie: une poignée d'herbe d'Yerba mate et de l'eau chaude.
Ça vous rappelle le thé? Il y a une certaine parenté, effectivement, mais la boisson se prépare traditionnellement sans filtre et se boit à la paille! :-)
L'Yerba mate vient d'un arbuste originaire du Paraguay (ilex paraguariensis, si ce genre de charabia latin signifie quelque chose pour vous!) qui comporte 196 composés chimiques dont 144 sont communs à ce qu'on retrouve dans le thé vert. Cette similitude chimique explique les grands bienfaits du maté pour la santé, puisque la boisson contient beaucoup de vitamines, minéraux et anti-oxydants.
Bon, ce qui est intéressant avec le maté, ce n'est pas tant le produit, que le rituel et la manière de le déguster. Je mentionne que dépendant des sources, on dit que le maté contient de la caféine, théine ou matéine (même famille de xanthines) ce qui donne à la boisson un effet éveillant, mais sans la nervosité associée au café. Mes connaissances de la chimie s'arrêtant ici, je vais me concentrer sur la préparation et la dégustation, si vous permettez, d'autant plus que ce sont les deux aspects du maté les plus intéressants en ce qui me concerne.
Le maté a un goût très herbeux, terreux même, amer et un peu acide également. Plus amer que la bière ou le thé vert et plus acide que le café noir. La boisson, bien préparée, est assez concentrée et c'est donc un goût qui s'acquiert.
Et j'ai décidé de l'acquérir! :-) ... puisque j'ai ramené de l'Argentine, de la Yerba Mate ainsi que ce qu'il faut pour préparer la boisson de manière traditionnelle (photo: deux sachets d'Yerba mate, une gourde et une bombilla).
Remarquez, comme il s'agit essentiellement d'une infusion, on peut préparer un maté avec une cafétière-filtre ou encore une cafétière à piston. Il se vend même une version rôtie de l'herbe en sachet et le maté peut être préparé comme un banal thé en sachet.
Mais aucun de ces procédés de préparation ne vous fournira un maté aussi typique que la méthode traditionnelle, ni ne vous fournira la même expérience de dégustation.
En Argentine (et en Uruguay, au Paraguay et au sud-Brésil), où le maté est apprécié, voici comment on prépare et déguste son maté.
Le maté se prépare dans une gourde d'origine végétale. Vous remplissez une partie de cette gourde avec vos feuilles d'Yerba mate concassées, puis vous ajoutez de l'eau très chaude (mais pas bouillante). Attendez trois à quatre minutes, puis dégustez à l'aide d'une paille métalique munie d'un filtre (la bombilla). Quand le niveau de liquide diminue, ajoutez encore de l'eau très chaude, dégustez à nouveau, etc. etc. Si vous avez un bon mélange d'Yerba mate, vous pourrez infuser votre herbe de 6 à 10 fois avant d'en disposer et de recommencer avec de l'Yerba mate fraîche. Après chaque refil, vous remarquerez que l'amertume de la boisson diminue naturellement (contrairement à ce qui se produirait avec un café infusé à répétition où la sur-extraction du grain causerait de l'amertume).
Aussi, si vous imaginez le maté comme une sorte de thé, détrompez-vous. Alors que le thé est essentiellement un peu d'herbe dans l'eau, pour le maté, on parle de remplir la gourde du tiers aux deux tiers d'herbe avant d'ajouter l'eau. Le mélange est beaucoup plus dense et concentré, dans certains cas, quasi boueux.
Notez que si vous êtes un vrai puriste, vous allez d'abord mettre un peu d'eau fraîche, laissez l'herbe absorber l'eau, puis remplir la gourde avec de l'eau quasi-bouillante (on parle de 96 degrés C, idéalement).
Socialement, le maté se déguste à plusieurs. Le Cebador (préparateur) prépare d'abord une gourde fraîche, qu'il boit complètement, avant de la remplir d'eau à nouveau, et passe la gourde à l'invité suivant, qui boit à son tour, etc. Le cebador boit d'abord au lieu de servir ses invités avant lui. Culturellement, ça se rapproche de ce que certaines cultures avaient adoptées avec le vin dans certains pays, puisque se faisant, le cebador prouve que son maté est bon.
Plusieurs personnes boivent leur maté avec une saveur ou du sucre ajouté, pour adoucir l'amertume de la boisson. Certains mélanges d'Yerba mate sont déjà assaisonnées aux fruits, par exemple. Personnellement, c'est comme pour le café ou le thé, si j'aime le maté, je le bois nature. Si j'ai besoin de mettre trois tasses de sucre et de crème dedans, c'est qu'il n'est pas bon! Bref, ne comptez pas sur moi pour sucrer mon maté!
Les puristes vous diront même que si vous avez préparé un maté fruité ou sucré dans une gourde, celle-ci ne sera plus jamais bonne pour boire du maté nature. Étant donné l'origine végétale de la gourde en question, j'aurais tendance à leur donner raison, puisque malgré un lavage et rinçage après usage, l'intérieur de la gourde conserve des aromes de maté qui teintent de leur âge la dégustation suivante, tel un bon vieux fût de chêne pour faire vieillir le vin rouge.
Enfin, on pourrait croire que tout ce rituel de remplissage et refil et de paille de métal est peu pratique pour notre société nord-américaine pressée. En fait, j'étais de ceux qui croyait que le rituel n'était pas pratique même pour les argentins... avant de voir comment la culture du maté était partie intégrante du quotidien en Argentine.
À peu près chaque Argentin sur la rue, dans les bus, dans les gares et terminus, a sa gourde et sa bombilla et déguste son maté à longueur de journée. Et pour les nombreux refils? Un thermos d'eau chaude accompagne le personnage, et il remplit sa gourde à plusieurs reprises.
Manque d'eau chaude dans son thermos? Pour un demi-pesos (ou souvent gratuitement), il existe des machines distributrices dans les tiendas, épiceries, postes d'essence, restaurants, etc, où vous pouvez remplir votre thermos d'eau chaude!
Évidemment, nous sommes loin de ce genre de choses ici... Mais rien n'empêche de se préparer et déguster un bon maté à la maison, pour avoir un peu d'Argentine dans son salon, par un froid après-midi de fin de semaine, par exemple.
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jeudi 22 novembre 2007

Salmigondis et citations du jeudi

J'ai pris une décision difficile cette semaine, alors ça m'a forcé à faire un peu d'introspection (je vous passe les détails, l'introspection est rarement intéressante à lire, n'est-ce pas?). Pues... se définir et se redéfinir n'est jamais facile.
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Qu'est-ce qu'il y a sur votre cheminée? Voici ce qu'on trouve sur la mienne en ce moment:

Oh my heart don't stop
So judge me not
I think I think I think I think
I'm in love with two sisters

- Fiction Plane, Two Sisters


Une certitude: la dernière chose que je recherche est le confort de la stabilité et de la routine. Artistiquement, ça me tuerais d'obtenir un beau confort tout douillet, avec mes pantoufles et mes émission de télé favorites. Ces émissions, ces pantoufles et tout ce qui vient avec, a de la valeur que si je ne suis pas certain de pouvoir les avoir dans le futur, et sans savoir quand je les aurai la prochaine fois.
Je ne sais pas comment mon ami Joël Champetier fait pour être inspiré et écrire de si bons romans en ne rêvant que de rester chez lui et redoutant les voyages autant que je les désire!
La nouveauté me stimule, l'imprévu m'attire, l'inattendu et l'aventure m'inspirent. S'il est vrai que j'ai besoin d'écrire pour vivre, il est aussi vrai que j'ai besoin de vivre pour écrire.

Quizás
Nunca
Jamás
Te olvidaré
Sólo pienso en tí
No sé
Que hacer
Porqué
Nunca podré
Olvidarme de tí
- Gregory Charles, Sólo pienso en tí
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Est-ce que c'est l'automne qui fait ça? Le froid qui nous tombe dessus même si on n'en veut pas? La grisaille des matins sans soleil? Ou bien c'est seulement moi et mon fernweh?
Et vous, comment ça va chez vous?

mardi 20 novembre 2007

Pensées d'automne...

ou... Journal de retour, Jour 49...
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Difficile de renier que l'hiver s'en vient... quand on voit les premiers reliefs de la nuit blanchir les feuilles mortes qui bordent le passage qui relie ma rue au plus proche arrêt d'autobus...

Sur ce bus (la 191, pour les curieux), j'ai capté cette image la semaine dernière. La chose m'a fait sourire, puisque je prévoyais faire un tour au salon du livre de Montréal.

Si vous zoomez la photo, vous allez voir que la jeune fille lit Les Sept Jours du talion de mon ami Patrick Senécal...

Enfin, j'ai beau être revenu depuis 49 jours, je songe encore beaucoup à l'Amérique Latine, comme le prouvent quelques-unes des choses qui ornent mon bureau ou qui agrémentent quelques-unes de mes journées. Vous noterez que j'ai réussi à dénicher de l'Inca Kola à Montréal!

Hehehe... Comme le produit est distribué ici par Coca Cola, ça confirme ma petite théorie émise lors de mon dernier passage à Lima concernant la propriété d'Inca Kola.

Et la vie continue, et la neige tombe...

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dimanche 18 novembre 2007

Mme Jack, le Pérou et moi - ou les différences entre les voyageurs!

En lisant le blogue Culture des futurs, publié par Jean-Louis Trudel, je suis tombé sur l'histoire de Mme Jack. L'histoire de Mme Jack et son voyage en Europe a fait l'objet d'un article dans le Globe and Mail et s'il prouve une chose cet article, c'est qu'il y a voyageur et voyageur :-).
Avec tous les problèmes auxquelles la paaauuuvre Mme Jack a eu à faire face - comme le décallage horaire, les attentes dans les aéroports ou le fait de ne pouvoir écouter Oprah pendant un mois - , j'avoue que je ne sais pas si elle aurait survécu aux agitations socio-politiques dont j'ai été témoin lors de mon passage au Pérou.
Ce qui m'a rappelé que j'avais filmé quelques séquences lors du passage de mon premier blocus entre Arequipa et Cusco, et que faute d'une connexion adéquate, n'avait pas pu partager l'expérience avec vous à l'époque.
Voici donc la chose, mais gardez ça pour vous, n'allez pas montrer ça à Cheryl Jack, je ne voudrais pas traumatiser la pauvre madame... :-p


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Fiction Plane

Appelez ça une semaine thématique, tiens.
Fiction Plane, si vous avez lu les billets précédents, c'est le band qui a assuré la première partie du concert de The Police lundi dernier au Centre Bell. Incidemment, ils assurent la première partie de la tournée entière de The Police en Amérique du Nord, et, comme le groupe était en congé mardi soir, Fiction Plane a aussi offert son propre concert au Petit café Campus de Montréal.
Comme j'ai bien aimé leur performance lundi dernier, je me suis permis de jeter un oeil plus attentif à ce groupe britannique.
Fiction Plane est un band de rock-pop alternatif qui a débuté officiellement une carrière lors de la sortie d'une pièce intitulée Swings and Roundabouts en 2001. À cette époque, le groupe était en fait un duo basse-guitare en recherche d'un batteur permanent. Pour le démo, ils ont joué avec un batteur engagé pour l'occasion, Abe Laboriel jr (qui a travailllé avec Paul McCartney, entre autres). Pour la sortie de leur premier CD en 2002-2003 chez MCA, ils avaient trouvé leur batteur et était devenu officiellement un band à part entière: un trio.
Le chanteur et bassiste est Joe Sumner, le guitariste Seton Daunt et le batteur s'appelle Pete Wilhoit. Personnellement, c'est une formation qui me plait bien et qui force un groupe à se trouver un son bien à lui; pas possible, avec seulement trois musiciens, de noyer le poisson si le chanteur ou un des musiciens n'est pas à la hauteur, et un trio doit être plus inventif côté arrangement que des groupes plus nombreux.
Leur premier album s'intitule Everything will never be OK et avec des pièces comme la chanson-titre ou comme Hate, Sickness ou Everybody lies, le groupe allait s'attirer une réputation de band cynique, mélancolique et noir. Il faut dire que les deux membres fondateurs de Fiction Plane ont d'abord été des grands admirateurs de Nirvana et le leader et chanteur du groupe, Joe Sumner, a mentionné que c'était les chansons de Nirvana qui lui avaient donné le goût d'écrire de la musique.
Côté voix et son, il faut plutôt regarder du côté de U2 si on veut dénicher une similitude quelque part, plus que du côté Nirvana, bien que Fiction Plane soit loin d'être un groupe sans originalité. Je mentionne cette similitude de sonorité plus pour vous situer que pour reprocher au groupe de faire du déjà-vu. De toute manière avec les paroles de leurs chansons, Fiction Plane est loin de l'idéalisme de U2. Gardez également à l'esprit que mes observations se basent uniquement sur ce que j'ai entendu du groupe lundi dernier, il se peut que leur son studio soit bien différent, bien que les quelques échantillons disponibles en ligne semblent appuyer mes commentaires.
Le premier CD du groupe n'a pas obtenu un grand succèes public, malgré d'élogieuses critiques lors de sa sortie. Par la suite, Fiction Plane a sorti un mini-album de 4 pièces; Bitter forces and lame race horses en 2005. Plus récemment (2007), ils sortaient un nouveau CD, Left side of the brain et entamaient une tournée avec The Police.
Si Fiction Plane était un groupe marginal avant cette tournée, il y a fort à parier qu'ils gagneront en popularité avec des performances comme celle que j'ai pu voir au Centre Bell.
Évidemment, on pourrait croire que les fans de The Police ne sont pas nécessairement intéressés à découvrir de nouveaux groupes, ce qui est peut-être vrai pour une bonne partie d'entre eux, mais c'est sans compter un élément qui, à tout le moins, attirera leur attention, sinon leur intérêt pour Fiction Plane.
Car le leader, Joe Sumner, se trouve à être le fils aîné de Gordon Mathew Sumner, autrement connu sous le nom de Sting. Il faut avouer qu'une fois la chose connue, un air de famille semble apparent.
Et au fait, si jamais ce genre de choses vous amuse, Fiction Plane est un anagramme... pour Infant Police. Avouez que c'est cute.
Ceci dit, Fiction Plane n'a certainement pas joué les premières années de la carrièredu groupe sur cette vague, puisque dans la bio des membres du groupe figurant sur leur premier album, cette parenté n'était même pas mentionnée.
Ce fait maintenant largement connu fera certainement parler de Fiction Plane dans les médias, qui rafolent de ce genre de détails. Ce qui aura l'avantage de faire connaître le nom du groupe à divers lecteurs et les amateurs de bons groupes sauront alors découvrir Fiction Plane pour son mérite musical.

Lectures et écritures de salon

Cette semaine, c'est le salon du livre de Montréal.
Il y a une époque où il s'agissait d'un rendez-vous que je n'aurais manqué pour rien au monde.
Depuis quelques années, j'y passe de temps en temps, selon mes humeurs.
Cette année, j'y suis allé errer entre les kiosques, fouinant dans les nouveautés, feuilletant quelque livre ici et là, et observant les comportements de la foule de lecteurs présents.
Ma visite était un prétexte, en fait, pour aller serrer la main à quelques copains écrivains que je n'ai pas vu depuis plusieurs mois.
Quelques photos.
Il y avait foule samedi en après-midi à la Place Bonaventure.

Une partie de l'importante foule présente, près du kiosque de l'éditeur français Albin Michel en face de l'entrée.

Le français Bernard Pivot était l'une des célébrités du salon, avec un livre «Dictionnaire amoureux du vin».

Pour moi, une des vedettes présentes était Claude Bolduc, lauréat du Grand Prix de la Science-fiction et du fantastique en 2007, posant ici au kiosque des Éditions vents d'ouest avec son nouveau roman «Là-haut sur la colline».

Dans le kiosque des sympathiques (et populaires) Éditions Alire, la section essai dominée par la nouveauté: «Scènes de crimes», le nouveau livre de Norbert Spehner, qui est orné d'une superbe illustration de couverture (grand poster sur la photo)... En mortaise, j'isole ma présence au Salon cette année, hehehe, malgré que mon livre soit paru chez Alire il y a 10 ans cette année. Quel auteur peut se plaindre d'avoir un si bon éditeur?

Parmi les grandes vedettes attendues, il y avait le dyptique Higgins-Clark: Carol à gauche, sa mère Mary à droite. Une longue file d'attente s'étirait dans les escaliers devant le kiosque.

En séance de signature de son livre «Mets-le au 3», Louis-José Houde est probablement celui qui, pendant mon passage, avait la plus longue file de fans attendant patiemment de pouvoir échanger quelques mots avec l'humoriste.

Parmi les auteurs également rencontrés qui ne figurent pas sur ces photos, mentionons Joel Champetier, Natasha Beaulieu, Francine Pelletier, Esther Rochon, Yves Meynard et Jean-Louis Trudel. Pour des raisons de timing, j'ai raté la présence de Patrick Senécal, Élisabeth Vonarbutg et Bernard Werber.

Le salon se poursuit aujourd'hui (dimanche) et demain (lundi).

jeudi 15 novembre 2007

I'll be watching you, ou Une soirée en photos avec Andy Summers

En fin d'après-midi, parce que plusieurs des chansons du concert de lundi dernier m'habitent encore, je me suis rendu à la Galerie MX de Montréal pour visiter une exposition absolument fascinante. Comme j'ai beaucoup aimé l'exposition en question, je vous en fait part en photos...
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Située sur la rue Viger, entre la Place d'Armes et la Place Jean-Paul Riopelle, la Galerie MX propose donc ces jours-ci, une exposition photo, dont le thème central cadre parfaitement avec mes activités de la semaine.

L'exposition présentée s'intitule I'll be watching you: Inside The Police 1980-1983.

C'est une exposition de photos prises lors des tournées de The Police entre 1980 et 1983, le photographe n'étant nul autre que le guitariste du groupe, Andy Summers.
La galerie offre le tout gratuitement (contribution volontaire), et ouvre ses portes de 10h à 18h. L'exposition-photos de Andy Summers y est présentée jusqu'au 25 novembre prochain.

Sur place, en plus de pouvoir admirer des agrandissements des photos prises (et signées) par Summers, on peut aussi voir, consulter ou même acheter son livre I'll be watching you: Inside The Police 1980-1983 duquel les photos de l'exposition sont tirées.

L'ensemble de la présentation est aéré et offert dans un environnement meublé et dont les pièces sont vitrées. Le tout permet d'apprécier les photographies de diverses distances et divers angles, en plus d'offrir quelques jeux de réflexions qui répondent bien aux jeux que Summers fait avec sa caméra et les surfaces réfléchissantes. La relative tranquilité de l'endroit et la musique de Synchronicity complètent parfaitement les photos exposées.

Le photographe n'avait pas seulement l'oeil pour la composition et les éclairages; ses choix de sujet sont fascinants. Il ne se contente pas des typiques photos de coulisses; on voit les membres du groupe en voyages, on voit des fans, des lieux et des moments de vie privée. On a l'impression d'y avoir été, même en voyant ces photos avec 25 ans de recul.

Le temps était au gris aujourd'hui au centre-ville de Montréal, le ciel sombre et la pluie constante donnait un air de cliché noir et blanc à la ville, comme si la nature elle-même avait voulu me mettre dans l'ambiance. Après l'exposition, mes réflexions personnelles passaient des listes de pièces vues dans l'exposition en comparaison à celle du concert de lundi dernier aux passants abrités sous leur parapluie rue Viger.

En quittant la Galerie MX, je n'ai pu résister à prendre une photo improvisée de mon amie Suze, à l'abri à l'intérieur du Palais des congrès, juste en face. Et comme pour répondre à Andy, je me suis capté du même coup en réflexion, avec Sting en arrière-plan, de l'autre côté de la rue pour faire bonne mesure.
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Note de droits d'auteur: J'ai moi-même pris toutes les photos qui précèdent, lors de ma visite de l'exposition. Toutefois, elles captent toutes des portions de photos dont la paternité revient à Andy Summers. Deux d'entre elles comportent également des portions de photos d'Andy Summers incorporées par montage.
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Des centaines d'autres photos sont disponibles dans le livre de Summers - un objet fascinant - qui comprend également beaucoup de texte: Des notes de tournée prises par le guitariste de The Police. Le livre est une édition combinée anglais-français-allemand et propose également des planches-contacts. Il est publié par Taschen.

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mercredi 14 novembre 2007

Henry, The Police et l'Histoire


Comme je suis dans le mood, j'en profite pour dire un mot sur Henry.

Connaissez-vous Henry Padovani?
C'est le genre de gars qui est devenu une question à Quelques arpents de pièges, ou Who wants to be a millionnaire...
Car Henry a été un des trois membres fondateurs d'un des groupes les plus marquants de son époque: The Police.
Autrement dit, Henry Padovani est aux fans de The Police ce que Pete Best est aux fans des Beatles.

Une petite histoire.
En 1977, à Londres, ce français (né à Aix-en-Provence) décide de former un groupe avec Stewart Copeland, un groupe que Copeland appelle The Police. Après que Copeland ait déniché Sting lors d'une représentation de Last Exit (Jazz band), ils forment tous trois The Police, se produisant ici et là, et finissant par réussir à produire leur premier single: Fall out / Nothing Achieving.
Puis, le groupe fait la rencontre d'Andy Summers, musicien de 10 ans leur aîné et qui a beaucoup plus d'expérience. The Police devient un quatuor, mais avec beaucoup de tensions internes. Padovani et Copeland ont plus d'affinités punk-reggae alors que Sting et Summers viennent du jazz. Le quatuor ne fonctionne pas et Padovani se voit montrer la porte de sortie.
Le destin du trio formé de Copeland, Sting et Summers passe ensuite à l'histoire. Le nom d'Henry Padovani devient la réponse à une question quiz.

Henry et The Police
Mais Henry Padovani est beaucoup plus que ça.
Après avoir continué sa carrière dans le monde de la musique rock, il est devenu le président de IRS, l'étiquette de Miles Copeland et gérant de The Police. Ensemble, ils allaient aussi gérer la carrière de Zucchero et de I Muvrini. (Ce n'est pas une surprise de se souvenir que Sting a collaboré à quelques projets du chanteur et du groupe italiens).
En 2005, Henry sort son premier CD solo, À croire que c'était pour la vie, sur lequel on retrouve la pièce Welcome Home, pièce dont la basse est assurée par Sting et la batterie par Stewart Copeland, marquant la première véritable réunion du band original de The Police :-)

Une grande Histoire
En 2006, Henry y va de ses mémoires relatives à sa carrière musicale et ses débuts avec The Police, dans un livre intitulé Secret Police Man.
Pour les amateurs de ce genre de documents, c'est le point de vue sur l'histoire de The Police avec un grand H, par un de ses acteurs les moins connus.
Comme pour marquer la présence de Henry Padovani dans l'histoire de The Police, lors de son passage en France dans le cadre de leur tournée mondiale, le groupe réservait une surprises aux fans parisiens. En effet, les spectacles des 29 et 30 septembre derniers se concluaient sur Next to you, interprétée en quatuor avec Henry sur scène avec Sting, Stewart et Andy!
Pour les fans intéressés à en apprendre plus sur les origines de ce band, chacun des membres les plus connus du groupe y est allé de son effort personnel. J'avais déjà parlé de ma lecture de Broken Music, le livre biographique de Sting, paru en 2003.
Je mentionne également le film de Stewart Copeland, Everyone Stares: The Police inside out, ainsi que le livre d'Andy Summers, One train later.
Quand à Henry, on retrouve maintenant sa photo avec les trois autres membres du groupe, photo prise en Italie en 2007 et gracieuseté du site officiel de The Police.
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mardi 13 novembre 2007

Une soirée avec The Police

Un rêve annoncé
Ce lundi 12 novembre, tel que je l'avais annoncé ici il y a déjà quelques mois, je me trouvais au Centre Bell de Montréal, en compagnie de trois vieux amis; Sting, Stewart Copeland et Andy Summers, le trio formant le meilleur groupe des années 80: The Police.
The Police est certainement mon groupe fétiche, le band dont j'ai aimé l'ensemble de la carrière et qui a marqué mon adolescence, un groupe que je n'ai jamais arrêté d'écouter malgré les ans qui passent... et que je n'avais jamais eu l'occasion de voir en spectacle auparavant. J'ai suivi la carrière solo de chacun des trois membres du trio, j'ai même vu Sting en concert à quatre reprises (la dernière fois, c'était quand même il y a sept ans, lors de son passage au festival de jazz de Montréal en 2000).
Comme leur dernière tournée remonte à presque 25 ans, j'avais depuis longtemps abandonné l'idée de les revoir ensemble sur scène et j'ai déjà exprimé mon plaisir de les voir jouer ensemble lors de leur réunion et de l'annonce de la présente tournée il y a quelques mois, alors je ne me répèterai pas ici.
Remarquez, j'ai beau être un fan et rêver de voir The Police live depuis longtemps, je ne suis pas allé jusqu'à acheter mon billet pour les représentations de la fin juillet à Montréal, puisque je savais déjà, au moment de la mise en vente des billets, que je serais à l'extérieur du pays. Malgré toute mon admiration pour le groupe et les centaines d'heures de plaisir que leur musique m'a procuré et me procure encore, je n'ai pas changé mes plans de voyage. Je me disais que la vie me donnerait l'occasion de les voir si c'était en quelque sorte mon destin. Appelez ça la synchronicité, si vous voulez :-).
Et c'est exactement ce que la vie a fait quand ils ont décidé de passer me voir à Montréal quatre mois après leur passage ici en juillet.
Ainsi, vous comprendrez qu'en bon fan réalisant un vieux rêve, je n'étais certainement pas le critique le plus sévère au Centre Bell hier soir.
Par contre, il faut préciser que Sting nous a habitué à des concerts de qualité et à de la musique de qualité et que la réputation de The Police place tout de même la barre haute. Je n'étais pas plus prêt à leur pardonner n'importe quoi, quand même.
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Préparation, attente et première partie
En vue du concert de Montréal, j'ai évidemment décidé de me mettre dans l'ambiance, en me confectionnant une petite liste de leurs pièces les plus susceptibles d'être présentées en spectacle. Les choix ne manquent pas, leur discographie est encore impressionnante, et j'ai donc écouté ces chansons pendant quelques semaines, en intensifiant le rythme dans les derniers jours avant le concert.
J'avoue que cette écoute m'a permis à la fois de redécouvrir quelques pièces que je n'avais pas écouté depuis un temps (il faut aussi ajouter mon récent séjour à l'étranger pendant lequel je n'ai pas accès à ma musique) et de me refamiliariser avec les paroles de d'autres que j'avais à demi oublié. Il n'y a rien comme de connaître les paroles de toutes les chansons d'un spectacle pour l'apprécier davantage.
La première partie (non annoncée) a débuté à 19h30 précise. Le groupe, le trio Fictionplane, rappelait justement les débuts de The Police; trois gars, une guitare, une basse et une batterie, qui font du rock, et du bruit, mais avec une certaine originalité musicale et avec une interprétation intéressante et sympathique. Fictionplane a donc livré une première partie de qualité, fort honnête, qui a duré un peu moins d'une heure.
Après une pause d'une vingtaine de minutes pendant lesquelles les techniciens préparaient la scène et les derniers détails, Stewart Copeland est apparu aux percussions et après un coup d'envoi sur un gong gigantesque, Andy Summers est entré sur scène et a entamé les premières mesures de Message in a bottle. Sting s'est ensuite joint aux deux autres pour le début du concert.
J'avais déjà un très grand sourire aux lèvres.
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The Police - Live (vu pour la première fois de ma vie)!
Après le coup d'envoi réussi de Message in a bottle, j'étais bien fier de voir que mon band favori n'avait pas renié ses influences d'origines reggae-world beat, en entendant les versions très aériennes de Walking on the moon, Wrapped around your finger et Walking in your footsteps. Avec une batterie conventionnelle et un set de percussions plus élaboré au second étage de la scène, on sentait Copeland s'amuser comme un petit fou; après tout, c'est son band, il en est le fondateur, et il a rêvé de cette tournée probablement plus que moi, alors son plaisir était communicatif et était beau à voir (il portait un T-shirt à l'effigie de leur album Ghost in the machine).
Ces penchants plus reggae n'ont pas empêché le groupe de nous offrir des pièces plus mouvementées, et ce dès When the world is running down, you make the best of what still around, dans lequel Summers s'est payé un dynamique solo de guitare avec ses accords châtoyants qui sont tellement typiques de la sonorité The Police. Aussi, j'avais vu Sting interpréter une version gonflée de jazz dans un concert de sa période post-Bring on the Night, avec claviers endiablés, choristes et saxophone alto, alors de voir le band se réapproprier cette pièce à trois musiciens et de remplir l'espace et le Centre bell avec valait déjà une bonne partie du prix du billet.
Quelques pièces plus obscures ont peut-être étonné les amateurs qui ne connaissent que les plus grands succès du groupe, mais pour un fan comme moi, de voir The Police jouer Hole in my life et Truth hits everybody était un grand plaisir, puisque ces pièces demeurent importantes dans les débuts et l'évolution du groupe. De plus, Sting n'a jamais repris ces pièces dans les spectacles solos que j'ai vu, alors ça m'offait plus de nouveautés que les plus grands hits du groupe.
Évidemment, le succès d'un spectacle dépend aussi de la foule, a fortiori dans un amphithéâtre aussi vaste que le Centre Bell, qui est toute une salle a remplir avec seulement trois instruments. Et comme il n'y a rien comme une bonne pièce rock pour réchauffer la foule et la faire réagir plus fortement, c'est lors de l'interprétation de Every little thing she does is magic que le Centre Bell a commencé à vibrer plus énergiquement. So lonely, plus tard dans le spectacle, a eu le même effet.
Parlant de la foule, j'ai été étonné de voir autant de jeunes visages parmi les spectateurs. Même si Sting est une figure connue, son dernier CD était de la musique médiévale interprétée accompagnée d'un luth... et la dernière pièce originale de The Police remonte à 1983. Ma voisine immédiate était une jeune fille née l'année de la sortie de Every little thing she does is magic, et les trois filles assises à ma droite n'étaient fort probablement pas nées lors de la sortie de Every breath you take... Cette intemporalité des pièces du groupe et leur popularité qui couvre plusieurs décennies est digne des plus grands noms de la musique.
Pour ma part, c'est l'exceptionnelle interprétation pleine d'énergie de Can't stand losing you qui m'a totalement emporté. Au milieu de la pièce, le trio en a rajouté en entonant Reggatta de Blanc - une fort agréable surprise - emportant la foule avec eux avec ses Eeee-hoo entraînants; définitivement le point culminant du spectacle.
Je m'en voudrais de passer sous silence les classiques - de Don't stand so close to me à King of pain en passant par De do do do de da da da, une autre pièce que je n'avais jamais eu le plaisir d'entendre live par Sting en solo.
Ce que j'ai apprécié de l'ensemble du concert, a été la clarté du son, des accords, de la voix, des percussions, de la guitare châtoyante de Summers. C'était, musicalement, un plaisir pour les oreilles, un plaisir renouvelé chansons après chansons. De voir et entendre devant moi la musique si particulière de ce trio, à la fois pleine de silence et pourtant souvent complexe, est quelque chose que je n'oublierai jamais. J'ai aussi été conquis par la sobriété de la mise en scène - un trio de musicien sur une scène en forme de théâtre grec surplombé de trois écrans diffusant des gros plans avec ici et là une image ajoutée (Dinosaures pendant Walking in your footsteps et images de jeunes du monde pendant Invisible sun). Une simplicité de présentation qui mettait l'accent sur les musiciens et leur musique.
Parmi les choix de pièces qui ne s'imposaient peut-être pas parmi les spectateurs comme des incontournables, mentionnons aussi Driven to tears, pendant laquelle Sting s'est amusé à glisser quelques mesures de Hit the road Jack (de Ray Charles), et la très intense Invisible sun, qui rappelle que le groupe - comme Sting pendant sa carrière solo - a toujours été engagé. D'ailleurs, un pourcentage des recettes de cette tournée va à l'organisme Water Aid, comme nous le rappelaient les vidéos sur les écrans géants avant le spectacle, et Sting est aussi un contributeur et collaborateur aux collectes de fonds de la fondation David Suzuki.
Sting s'est adressé aux spectateurs en grande partie en français, ce qui n'a rien d'exceptionnel pour lui mais qui lui a gagné quelques appaudissements et réactions supplémentaires de la foule montréalaise.
S'il n'y a qu'un bémol à apporter au plaisir éprouvé par les milliers de spectateurs, c'est la rapide conclusion du spectacle. Après une très courte pause d'une minute ou deux, le groupe est revenu pour quelques pièces, terminant avec Every breath you take et quittant la scène... à l'exception d'Andy Summers, divertissant la foule qui en demandait plus. Sting et Stewart sont donc revenus sur scène pour une superbe interprétation de Next to you, une de leurs toutes premières chansons, en guise de rappel et finale... laissant le public sans Roxanne, la pièce culte de The Police.
Une bonne partie du public était sans voix, quelques fans étaient mêmes frustrés d'avoir été privés de leur pièce favorite. Dans les escaliers menant vers la sortie, une femme disait «nous sommes tous traumatisés», d'autres chantaient Roxanne dans les couloirs, et on entendait même la chanson culte jusque dans le métro!
Pour ma part, j'avoue que malgré un petit pincement, je pouvais très bien survivre sans Roxanne, puisque Sting me l'a fait dans 3 des quatre concerts que j'ai vu de lui en solo... Et puis j'avais lu sur le web que le groupe avait dû déplacer quelques concerts en octobre dernier lorsque Sting a souffert d'une infection à la gorge. En fait, hier soir, dans les premières pièces, on pouvait voir qu'il tentait d'éviter les aigus, même si ça voix était en assez bonne forme pour tenir des notes très longues. Et s'il y a une pièce de The Police qui demande des efforts particuliers dans les aigus pour fonctionner, c'est bien Roxanne!
J'ai appris depuis, que Sting avait aussi annulé plusieurs interview avec les médias dans la journée du concert pour ménager sa voix, qui, ma foi, est tout de même le quatrième instrument de musique de The Police.
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Un adieu?
Pour le moment, malgré bien des spéculations, impossible de connaître le futur de The Police. Les membres du groupe ont plusieurs fois mentionné que leur réunion était conclue pour la tournée, sans plus. Nous verrons donc si la vie mettra du nouveau matériel ou une dernière tournée sur mon chemin éventuellement. Car bien que Sting et Stewart soient encore relativement jeune, Summers, le doyen du trio, a déjà 64 ans, quand même. Je peux vous dire, par contre, après l'avoir vu jouer de la guitare hier au Centre Bell; il ne les fait absolument pas.
Entre temps, que dire de plus que Merci à Stewart, Andy et Sting; ce concert de The Police était un véritable cadeau pour moi et j'en ai apprécié chaque seconde.
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Au menu
Pour ceux qui aiment ce genre de détails, voici la liste des pièces interprétées par The Police au Centre Bell de Montréal, le lundi 12 novembre 2007.
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1. Message in a bottle
2. Walking on the moon
3. Voices inside my head / When the world is running down you make the best of what still around
4. Don't stand so close to me
5. Driven to tears
6. Truth hits everybody
7. Hole in my life
8. Every little thing she does is magic
9. Wrapped around your finger
10. De do do do de da da da
11. Invisible sun
12. Walking in your footsteps
13. Can't stand losing you / Reggatta de Blanc
(minute de pause)
14. King of pain
15. So lonely
16. Every breath you take
(minute de pause/rappel)
17. Next to you

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Notes:
Pour les critiques, le journaliste de La Presse a aimé mais avec des réserves, celui de The Gazette a adoré.
Une série de photos du spectacle est également disponible sur le site de The Gazette, une autre est accessible sur le site de La Presse.

dimanche 11 novembre 2007

Survivre au cinéma québécois... en anglais?

Jeudi soir dernier, je suis allé voir un film au cinéma. Un film québécois, que j'ai vu en version originale... anglaise. Ce film, c'est le nouveau film d'Émile Gaudreault, Surviving my mother. Ne vous étonnez pas si vous cliquez sur ce lien; le site officiel est en français, la bande-annonce qu'on y trouve l'est également (post-synchronisée).
Si vous me connaissez, vous savez probablement que pour moi, la langue d'un film importe peu, en autant que si je ne la comprends pas, il y ait des sous-titres dans une langue que je comprenne. Alors de prime abord, je n'ai rien contre le fait de tourner des films en anglais, même au Québec.
Pourtant, certains (comme dans cet article paru dans Le Soleil) semblent lancer la pierre au réalisateur Émile Gaudreault et son scénariste Steve Galluccio pour un tel choix. J'ai entendu les animatrices et invitées de La Fosse aux lionnes, à la télé, faire le même reproche au film.
Surviving my mother nous met en fait devant un étrange choix: celui de voir un film en version originale anglaise où le trois quart des comédiens, bien connus du public francophone, sont des québécois francophones eux-mêmes, ou bien voir le film en version doublée en français... dans lequel les comédiens se doublent eux-mêmes. La version française (Comment survivre à sa mère) offre donc de voir des comédiens connus qui parlent avec leur propre voix, mais en ayant un mouvement de lèvres qui ne correspond pas.
Ce qui n'aide pas le film non plus, c'est cette épouvantable bande-annonce que j'avais vu il y a quelques semaines à peine dans un cinéma, dans laquelle le doublage semblait être fait avec incompétence, rien de moins.
(J'ai appris depuis que le réalisateur a supervisé tout le doublage du film, qui semble adéquat, d'après ce qu'on en dit depuis sa sortie, mais qu'il n'était évidemment pas responsable de la bande-annonce - un autre cas de distributeur qui tire dans le pied de son film).
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Pour m'intéresser de près et de loin à ce genre de question sur le cinéma, mon premier réflexe, en écoutant les lionnes l'autre jour, a été de me demander: quelle était la structure de financement du film? Un rapide coup d'oeil au générique laisse voir quelques acteurs canadiens anglais dans des premiers rôles, ce qui laisse penser qu'une partie du financement prévoyait peut-être que le film serait tourner en anglais. Sachant que le financement de films au Québec et au Canada dépend presque toujours de la Sodec et de Téléfilm Canada, je me disais que le projet avait peut-être été soumis en anglais pour des raisons de financement, puisque les enveloppes fançaise et anglaise de Téléfilms sont séparées et indépendantes.
J'étais étonné de lire des reportages ou d'entendre des discussions sur le film de Gaudreault tourné en anglais alors que les intervenants ne semblaient pas réaliser qu'ici, les créateurs ont parfois le choix entre tourner en anglais ou ne pas tourner du tout (ou bien tourner en anglais cette année ou tourner en français éventuellement dans 5 ans). Les lionnes mentionnaient Denys Arcand, qui a tourné deux films en anglais (Love and human remains et Stardom) et que d'après elles, ce n'étaient justement pas ses meilleurs films. Elles oubliaient de mentionner qu'Arcand avait choisi cette avenue puisqu'il était alors incapable de financer ses films en français au Québec!
J'ai donc vu le film de Gaudreault comme il a été tourné, en anglais. Et si l'étrangeté de voir quelques comédiens québécois jouer en anglais est bien présente au début du film, le sentiment s'estompe rapidement devant la qualité du film lui-même; comme dans tout bon film, on oublie les acteurs et on ne voit plus que les personnages, peu importe dans quelle langue ils s'expriment.
Le pseudo débat sur la langue de Surviving my mother ne nuira pas, je l'espère, à l'exploitation du film en salles, car même si ce n'est pas le film du siècle, ça demeure un film intéressant, alternant habilement comédie et drame. Le scénario, qui donne parfois l'impression de s'éparpiller un brin avant de vous ramener vers sa trame principale, ne tombe jamais dans la facilité. Quelques éléments étranges étaient pourtant risqués (le prêtre, the yellow woman) mais la réalisation aide le tout avec quelques trouvailles habiles. Je pense à cette manière de rendre les dialogues-courriels, par exemple.
Bref, n'hésitez pas à voir le film, il est intéressant et plutôt original.
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Quand au débat sur la langue au cinéma québécois, jamais je ne reprocherai à un créateur de s'être tourné vers l'anglais pour tourner un film, même québécois, si c'était là la manière d'obtenir son financement. Ce n'est pas parce que le Québec manque de projets de films, ni de gens qui ont des idées originales (voir cette discussion sur le Forum du site officiel de Patrick Senécal, un ami et écrivain qui a plusieurs scénarios en projet et en attente de financement pour vous donner une idée).
On devrait plutôt se demander comment il se fait que nos créateurs ont tant de difficulté à obtenir leur financement (un problème qui ne date pas d'hier et dont on a parlé dans les médias l'an dernier), mais on ne saurait leur reprocher de se tourner vers d'autres options pour pratiquer leur art, puisque c'est parfois leur unique solution pour survivre... au cinéma québécois.

mercredi 7 novembre 2007

Souvenirs de Condors

Le français: à qui la faute??

J'ai déjà exprimé mon désarroi face à la manière dont on couvre parfois les nouvelles dans les médias traditionnels québécois. Enfermés qu'ils semblent dans leurs habitudes et dans leurs méthodes, les journalistes oublient leurs propres articles... ou semblent incapables de dénicher ceux de leurs collègues. M'enfin.
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Ce matin, dans La Presse, dans le cadre d'une série d'article sur le français à l'école, on pouvait lire: Hécatombe orthographique et Désastre à la polyvalente. La journaliste semble s'étonner, et à grands renforts de témoignages de spécialistes et universitaires sur la question, de la faible connaissance du français de base chez les élèves du primaire et secondaire.
Euh, elle était où cette journaliste pendant les 15 dernières années? Et pas besoin de reculer au primaire ou secondaire, il y a un bon nombre d'universitaires qui ne savent pas écrire, et un nombre effarant de collégiens. Il n'y a qu'à lire quelques travaux d'études collégiales ou universitaires pour s'en convaincre. Ou mieux encore, allez sur facebook, tiens, la mâchoire vous tombera sur la table si vous êtes aussi naïf que cette journaliste semble l'être.
J'ai plusieurs amis qui écrivent au son, carrément, j'en ai même qui étaient totalement illettrés en entrant au collège et qui ont dû travailler fort et prendre des cours supplémentaires pour parvenir à s'améliorer. Comment peut-on obtenir un DEC sans savoir écrire alors que même au CEGEP on perd des points pour l'orthographe dans les travaux? Deux réponses: les logiciels de traitement de texte et de correction; et les travaux d'équipe, pour lesquels un seul des membres a besoin de connaître son français pour que tout le monde obtienne une belle note.
La Presse cite la Ministre de l'éducation qui dit que si on change trop vite, tous les enfants vont couler et qu'on ne veut pas les faire couler... Changer vite? He! Ça fait au moins 15 ans qu'il y a du relâchement, et depuis quelques années, le phénomène est tout simplement sans aucun contrôle. (Mais d'un point de vue personnel, la Ministre a raison: si les enfants échouent, les parents blâmeront le système, donc la Ministre et son gouvernement, et ne voteront plus pour eux lors des prochaines élections!).
Étrangement, dans des articles précédents et dans d'autres médias, on pointe du doigt les professeurs qui font trop d'erreurs de français en classe et dans les notes et descriptions de travaux qu'ils transmettent à leurs élèves. Je remarque d'abord que les jeunes enseignants sont probablement les premiers à avoir réussi leurs études dans un système qui, déjà dans ma jeunesse, commençait à se laisser aller, il n'est donc pas si surprenant qu'ils aient des carences en français.
Alors à qui la faute, les profs qui ne font pas leur job? Avant de se prononcer sur la question, il faudrait peut-être savoir si les profs peuvent faire leur job, en fait.
Il y a plusieurs mois, j'ai eu le plaisir d'assister à un souper entre enseignants (j'y étais cuisinier invité, en fait, mais c'est une longue histoire) et certains commentaires entendus pendant ce souper aurait fait faire une syncope à notre journaliste d'aujourd'hui.
Pour vous mettre en contexte, il n'y a qu'à faire un lien avec un article paru dans Le Devoir (j'imagine que l'effort de recherche vers cet article d'un autre quotidien québécois était trop difficile pour notre sérieux dossier dans La Presse? Hum.) en février dernier, et qui traite des parents-rois dans notre système scolaire.
Pour ma part, avec les informations de cet article, les divers commentaires des internautes lecteurs du Devoir qu'il a engendré, et les discussions entendues lors du souper cité plus haut, une chose est claire: si les jeunes ne savent pas écrire aujourd'hui, eh bien c'est que la grande majorité des parents ne veulent pas qu'ils apprennent! Vous croyez que les parents ont raison dans leurs requêtes, lisez en quelques-unes ici.
Gee, dans mon temps (dit-il du haut de ses 40 ans et 19 mois, hehe), si je me plantais dans un examen réel avec une note réelle et tangible, je risquais de me faire passer un savon par mes parents qui voulaient que j'apprenne et que j'étudie plus pour ce faire (les pauvres, mais c'est une autre histoire).
Aujourd'hui, si un élève se plante, c'est le prof qui se fait passer un savon par les parents qui refusent de le voir échouer et font pression sans cesse sur les enseignants. J'ai connu des enseignants qui ont jeté l'éponge, en disant: eh bien, si la direction de l'école ne nous supporte pas et les parents nous insultent et font pression, on les fait passer, ils auront un problème plus tard, on n'y peut plus rien. J'en ai connu d'autres qui ont décidé de se battre et résister aux parents et même à la direction de leur école... et qui se sont fait dire de rentrer dans le rang ou qui ont vu leur contrat non renouvelé et ont perdu leur poste.
Ainsi, avant de lancer la pierre aux enseignants, il faudrait savoir combien de parents auraient eu le courage de résister à la place des enseignants au risque de perdre leur emploi, alors que ces parents ne sont même pas capables de confronter leurs propres enfants avec leurs difficultés scolaires en français?
Et pendant ce temps, l'article de La Presse cite le porte-parole de la Commission Scolaire de Montréal affirmant que l'enseignant a le pouvoir de décision!! C'est un imbécile ou le plus grand naïf du milieu de l'éducation??
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Et pourquoi diable les journalistes qui travaillent sur une série ou un dossier semblent-ils incapables d'en faire le tour de manière satisfaisante pour le lecteur-lambda? En lieu d'information, on nous placarde La Presse d'exemple (navrants) de dictées truffées de fautes. C'est le journalisme-réalité, j'imagine :-).
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lundi 5 novembre 2007

La dure vie du révolutionnaire

En attendant de faire mieux, et parce que je nage en plein paradoxe depuis mon retour, voici la photo la plus paradoxale de mon séjour en Amérique du Sud. Je l'avais alors intitulé «La dure vie du révolutionnaire».
Hugues

Lima - Pérou, 21 juin 2007.

dimanche 4 novembre 2007

Le meilleur band des années 2000?

L'autre jour - il y a plusieurs semaines, en fait, j'étais encore dans l'hémisphère sud de la planète - j'écoutais quelques chansons de Coldplay, et je me suis dit: Eh, c'est peut-être le meilleur Coldplay est-il le meilleur band des années 2000?
Oui, je sais, il est bien trop tôt pour savoir, et bien trop tôt pour pouvoir juger de la durabilité, de l'influence et même de la popularité des bands de la présente décennie. Mais si on veut répondre à mon intérrogation, on peut toujours essayer.
style="font-style: italic;">band
des années 2000...
Depuis, je me suis pris à penser à ça et me demander s'il existait un meilleur band ayant émergé (ou évolué) dans les années 2000...
Pour répondre à cette question tout à fait triviale, j'ai donc établi quelques critères et effectué un petit classement personnel des meilleurs bands de leur décennie respective.
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Bon, alors on parle de groupe, et pas de chanteurs solistes. Par meilleur, il faudrait savoir ce que j'entends. Disons que pour être classé parmi les meilleurs groupes, il faut à tout le moins avoir été remarquable dans divers domaines; originalité, popularité, durabilité et influence sur les pairs me semblent les éléments-clefs à considérer. L'homogénéité du band d'origine me semble aussi un critère à considérer, quoique mineur.
Originalité: Hum, ça va de soi que pour être considéré le meilleur, le groupe ne doit pas se contenter de refaire ce qui a été fait avant lui.
Popularité: Un minimum de popularité est nécessaire, même si ce critère n'est pas le plus important. En effet, la popularité d'un groupe qui fait de la musique originale prouve qu'il a accompli plus que les groupes originaux qui ne percent pas, et plus que les groupes populaires qui refont des recettes éprouvées. J'ajouterais que la popularité n'est pas un cercle fermé. La renommée et la connaissance des chansons d'un groupe à l'extérieur des frontières de son fan club, aussi grand soit-il, voire même à l'extérieur des frontières des amateurs de musique, est souhaitable si on veut vraiment passer à l'histoire comme les meilleurs. Enfin, la popularité doit aussi dépasser les frontières de la décennie de référence. Un groupe fort populaire pendant son temps mais qui tombe dans l'oubli deux ans plus tard ne peut pas vraiment se considérer comme le plus important de son temps à mon avis.
Durabilité: Quelques groupes de l'histoires de la musique ont été des feux de pailles. Populaires pendant un moment, ou ayant une popularité et une originalité d'un album ou l'espace de quelques pièces. Pour être les meilleurs, un band doit durer, prouver qu'il peut tenir les autres éléments sur une certaine période de temps. Comme je me penche sur la question par décennie, je fixe cette période, tout à fait arbitrairement, à 10 ans. La plupart des groupes originaux, populaires et durables ont fait de la musique pendant bien plus longtemps. Ce critère étant arbitraire, il est aussi dépendant de la productivité. Un band n'existant que pendant 5 ans mais offrant 100 chansons en 10 albums pendant ces 5 ans serait considéré incroyable, à comparer à un band oeuvrant 20 ans mais ne produisant que 3 albums.
Influence: Dans toute discipline artistique, on reconnait les maitres à l'influence qu'ils auront eu sur leur art. Il me semble logique d'appliquer ce critère à la musique rock.
Tiens, je n'ai pas défini ce que j'entends par rock. Disons l'ensemble des sous-genre qui constituent le rock & roll au sens large. Cette définition a l'avantage de ratisser large, mais en même temps, met dans le même panier des bands de heavy metal, pop, punk et alternatif, entres autres. Remarquez, un groupe qui a l'ambition de se classer parmi les meilleurs n'a certainement pas peur des frontières entre les genres de rock.
Notez aussi que par homogénéité, j'entend que le groupe a été principalement constitué des mêmes musiciens et chanteurs pendant sa carrière ou l'époque qui nous occupera. En effet, si un quatuor change de chanteur, guitariste et claviériste en deux décennies, on ne peut pas vraiment considérer qu'il s'agit du même band au final quand il ne reste plus qu'un membre original, non?
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Ces critères étant établis, allons-y avec mon petit classement historique.
Bon, on ne sera pas surpris que je classe d'abord The Beatles come le plus grand band rock de l'histoire de la musique. On ne peut même pas commencer à imaginer un groupe qui a eu plus de popularité, d'originalité, d'influence et de durabilité. Oui, le band s'est séparé relativement tôt, mais il demeure encore aujourd'hui, un des groupes les plus populaires et influents malgré cela. Il est loin d'être tombé dans l'oubli après la dissolution du groupe. Et l'ampleur de l'oeuvre pré-séparation est imposante et se compare avantageusement à l'oeuvre de groupes qui ont oeuvrés pendant des décennies. Tout le monde connait les chansons des Beatles, de toute génération depuis les années 60 jusqu,à aujourd'hui, et même les gens qui n'aiment pas ou n'écoutent pas de musique les connaissent.
Comme l'ensemble (ou presque) de l'oeuvre des Beatles a été créée dans les années 60, il est donc facile de faire de The Beatles le meilleur band des années 60.
C'était la partie facile.
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Le découpage par décennie a quelque chose d'artificiel, puisque souvent, la vie d'un groupe s'étend sur plusieurs décennies, ou bien ne faitque chevaucher deux décennies.
Ainsi, quand vient le temps d'élire le meilleur band des années 70, c'est déjà plus compliqué.
Certains penseront à Led Zeppelin, Pink Floyd, Queen ou même Genesis.
Si Led Zeppelin a presque créé le heavy metal et a certainement été un des bands les plus influents de son temps, il n'en demeure pas moins restreint à un cercle de fans, larges certes, mais sans durabilité et cette popularité qui dépasse les frontières. Je penche pour autre chose.
Pink Floyd a été productif, et un peu plus durable, mais malgré l'influence certaine des albums de Dark Side of the moon à The wall, la popularité du groupe n'atteint pas, historiquement, celle d'autres groupes.
Queen est plus devenu un groupe culte qu'il n'a été un groupe populaire de son temps. Un mélange de plusieurs éléments en font un joueur important dans cette catégorie, mais le meilleur band des années 70, je ne pense pas.
Quand à Genesis, si l'originalité des productions des années 70, la durabilité indéniable du groupe et sa grande popularité sont incontestables, on ne peut pas en dire autant de son influence. Aussi, la popularité de Genesis a atteint ses sommets dans les années 80, au moment où le groupe délaissait justement un peu de son originalité. Enfin, les départs, remplacements et retours font de ce groupe quelque chose qui n'est pas aussi homogène que ceux que je me plait à considérer parmi les meilleurs.
J'entends quelqu'un me crier que j'ai oublié The Doors. Non, je n'ai pas oublié, mais le groupe relativement éphémère, relativement peu productif/populaire de son temps et devenu culte depuis, est justement plus un groupe culte qu'un des meilleurs groupes de son époque. Cet effet culte affecte aussi Queen, en fait, ainsi que Pink Floyd, mais dans des moindres mesures et a tendance à se faire plus fort avec le temps qui passe.
Qui alors? Hum, bien que je ne sois pas personnellement un fan, force m'est d'admettre que je ne vois que The Rolling Stones pour remplir le rôle. On pourra argumenter que le groupe est né dans les années 60 et que certaines de ses compositions-phares ont été popularisées dans la décennie que j'ai accordée aux Beatles, mais The Rolling Stones s'est afirmé comme un band de rock important, durable, original et populaire, sans parler de son influence sur la musique rock, depuis le début de sa carrière.
En leur refusant le titre pour la décennie 60, il n'était qu'une question de temps pour que je leur donne aux Rolling Stones la place de meilleur band des années 70.
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Pour les années 80, je sens que ça va être encore plus controversé.
Si quelques groupes des années 70 demeureront sur la scène pour les 80, cette décennie dominée par le pop et les artistes solos a tout de même vu son lot de groupes. Genesis post-Gabriel fait partie de ces groupes très populaires de la décennie. Je ne les place pas au sommet en partie par cette redéfinition pop qui abandonnait l'originalité intense du groupe dans la décennie précédente. Bon Jovi? Populaire et durable, certes, mais qui n'a jamais pu dépasser la frontière de ses propres fans ou d'affirmer par une grande originalité.
J'entends quelques fans murmurer dans le coin: Guns n' Roses. Laissez-moi rire un brin avant de mentionner que le groupe, plus populaire pour les frasques de ses membres que pour sa musique, a rapidement abandonné originalité pour grandiloquence et ce fait est devenu fort apparent lorsqu'un groupe original appelé Nirvana est apparu sur la carte au début des années 90, reléguant Guns n' Roses aux oubliettes même parmi ses fans.
En fait, si on voulait chercher dans les bands plus rock de cette époque pop, faudrait alors considérer sérieusement Metallica. En fait, soyons honnête, Metallica a été le band de heavy metal le plus important des années 80, celui ayant eu le plus d'influence sur son art, sans aucun doute. Le groupe a aussi été durable, productif, et populaire. Sauf que cette popularité et cette influence ne s'est pas fait beaucoup sentir hors des frontières du heavy metal. Comme d'autres groupes plus éphémères ou plus spécialisés, Metallica n'aura touché un plus large public qu'à de rares occasions - en faisant quelque chose de plus pop; tous les groupes de heavy metal finissent par faire une ballade qui les rend plus connus, mais rares sont ceux qui réussisent à faire de leur musique un incontournable hors-fandom. Le tournant pris par le groupe vers quelque chose de plus alternatif au début des années 90 est un couteau à double tranchant puisqu'ils sont devenus plus largement populaire, mais en perdant un noyau de fans de la première époque. Cette nouvelle popularité étant apparue dans les années 90 joue aussi en défaveur du groupe comme le meilleur des années 80. Mais c'est une proche seconde position qui fait également de Metallica un aspirant sérieux au titres dans les années 90.
Je vais en surprendre plusieurs (et en décourager d'autres, je le sens), mais le meilleur band de rock & roll des années 80 est The Police.
Oui, je sais, The Police est né vers la fin des années 70. Et en terme de durabilité, le groupe - jamais officiellement séparé - n'a rien produit d'inédit depuis 1986 (1983 si on veut être puriste). Ce qui en fait un groupe relativement éphémère en terme de temps, et qui n'aura été actif que la moitié de la décenie 80 en plus.
Pourtant, The Police, avec 5 albums studios, des dizaines de hits, une originalité venant du mélange de rock, reggae, punk et jazz (ils ont pratiquement fait du world-beat avant que le world-beat n'existe), une influence indéniable sur la musique de leur époque et celle qui allait suivre, est définitivement un des bands les plus importants de l'histoire de la musique. Assez pour être le plus important des années 80? Côté popularité, lors de leur dernière production originale, en 1983, The Police était le band le plus populaire au monde. Et comme pour The Beatles et The Rolling Stones, les chansons de The Police dépassent complètement les frontière de leurs fandom, du rock ou de la musique: tout le monde connaît plusieurs de leurs oeuvres et les radios continuent quotidiennent de diffuser leur musique, signe indéniable de popularité et de durabilité.

De plus, leur productivité vient contrebalancer leur courte carrière. En ce sens, c'est le même effet que pour les Beatles, qui eux aussi, n'ont pas oeuvré pendant 10 ans. Les deux groupes ont réussi à produire une grande quantité d'oeuvres exceptionnelles en peu de temps, ce qui est très rare.
Ainsi, pour toutes ces considérations, je ne vois pas d'autres groupes mieux placés pour obtenir le titre de meilleur band des années 80.
(J'ajouterais à ma défense, puisqu'on pourrait croire que je fais du favoritisme, que j'ai donné le titre aux Stones même si je ne suis définitivement pas un fan).
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Les années 90 me semblent à la fois plus simples et plus compliquées.
Plus de groupes originaux, plus de groupes populaires, éclatement des genres musicaux, montéee de certains groupes nés dans les décennies précédentes et quelques groupes éphémères mais populaires, le tout formant un mélange complexe.
Le fait est que plus l'époque de référence est proche de la nôtre, plus il est difficile d'apprécier les critères d'influence, de popularité et de durabilité.
Plusieurs concurrents intéressants sont sur la ligne de départ. Bon, on aura oublié Genesis et quelques groupes survivants des décenies précédentes, et on se tourne donc vers les nouveaux. Oasis est peut-être le groupe qui a eu le départ le plus fulgurant. Comme The Police avant eux, ils ont su s'imposer rapidement, mais malgré quelques efforts louables, n'ont jamais atteint les sommets en terme d'originalité et surtout d'influence, avec une carrière à la fois trop courte et pas assez imposante qui s'est pratiquement éteinte d'elle-même en 1999.
Il est impossible d'imaginer les années 90 sans Nirvana. Mais une fois encore, malgré l'originalité et l'influence du groupe de 88 à 94, la production et la durabilité font défaut ici, de même que la popularité, qui aurait pu faire éclater les frontières du genre (ils ont tout de même amené le rock alternatif dans la musique populaire). Ils sont tombés dans la catégorie des groupes cultes plutôt que les meilleurs de l'histoire.
Si Metallica aurait pu prétendre au titre pour les années 90, leur influence et leur originalité me semble bien moindre que lors de la décennie précédente. Leur redéfinition et adaptation est par contre tou à leur honneur. Le groupe, bien qu'important, tombe donc entre deux décennie, victime de mon découpage arbitraire par période de dix ans de calendrier.
Attendez un peu, j'ai peut-être éliminé les groupes survivants des autres décennies un peu trop vite... J'allais oublier un groupe né en 1978, alors vous voyez comment ce découpage bien arbitraire n'est pas si important que ça quand on parle des meilleurs - et j'ai nommé U2.
Malgré un départ lent, donc, U2 est surtout devenu un groupe majeur avec la sortie de Joshua Tree à la fin des années 80. C'est principalement dans les années 90 que la popularité du groupe explosera et que son influence commencera à se faire plus sentir. C'est surtout par son étonnante capacité à se réinventer et à devenir plus original avec cette transformation que U2 devient un band parmi les plus importants de la musique rock.
Contrairement à plusieurs groupes (j'en ai évoqué quelques-uns ici), U2 a innové au lieu de niveller par le bas et est devenu plus populaire en s'adaptant aux époques que le groupe a traversé, a atteint une maturité que peu de bands ont atteints et l'ensemble de ces éléments font de U2 le meilleur band de rock des années 90.
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Pour le moment, l'originalité et la popularité (grandissante, nous ne sommes qu'en 2007 et le groupe existe à peine depuis 1999) sont déjà sur la bonne voie. Le dernier effort studio du groupe (X&Y) démontre une belle maturité, une popularité incontestable qui ne compromet pas l'originalité de leurs oeuvres. C'est peut-être le fait que déjà, beaucoup de gens qui n'écoutent pas leurs albums, n'écoutent que peu de musique rock ou de musique tout court, connaissent autant de leurs pièces qui m'a fait penser à Coldplay comme des successeurs éventuels aux Beatles, Rolling Stones, The Police et U2?
Pourtant, un bémol important demeure: Pour le moment, on ne voit définitivement pas Coldplay dans la même ligue que ces quatre groupes historiques. Bien sur, il est tôt, et ainsi, on ne sait toujours pas ce que le reste de la décenie nous réserve et réserve à Coldplay.
Ce qui joue en faveur de Coldplay, toutefois, c'est que j'ai beau chercher, je ne vois aucun groupe actuel qui ne vienne à la cheville de Coldplay en ce qui concerne mon ensemble de critères: originalité, popularité, durabilité, influence... pour la présente décennie.
C'est pourquoi Coldplay détient temporairement le titre de meilleur band des années 2000 dans mon palmarès personnel, mais aussi pourquoi ce billet demeure sans conclusion définitive et ouvert à vos commentaires et suggestions.
Car pour vous, quel est le meilleur band rock des années 2000?
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