mercredi 30 janvier 2008

Expériences et conversations de "tout inclus".

Comme vous le savez, j'ai passé une huitaine à Cuba récemment, dans la province de Santiago, plus précisément.
Habituellement, j'achète un billet d'avion et me débrouille rendu sur place. Cette fois-ci, j'ai opté pour une alternative qui - étrangement - était moins chère que le seul billet d'avion en indépendant: le tout inclus.
C'était ma première fois en tout inclus, alors cet aspect de mon séjour là-bas était aussi une attraction en soi :-).
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Avis important: Avant de poursuivre votre lecture, un avertissement: Comme voyageur, j'ai l'habitude de me débrouiller seul, d'utiliser au maximum les ressources locales (bus, hébergement, resto, etc) et tendance à favoriser les dépenses dont l'argent va aux gens de l'endroit. Appelez ça un principe personnel. Aussi, comme je ne suis pas du genre "voyage organisé", j'évite généralement les foules et groupes de touristes. J'irais même plus loin; à part quelques exceptions, j'évite même les visites guidées: je suis peut-être prétentieux, mais généralement, je suis mon meilleur guide. Évidemment, je ne pars pas sans documentation, sans avoir lu sur le pays, la région, la ville ou l'attrait visité, donc, en général, je sais ce que je vais visiter, alors j'ai rarement besoin qu'un guide me l'explique. Parfois, un guide est utile - parfois même essentiel - mais c'est rare, d'après mon expérience personelle. Aussi, les tours guidés ont deux défauts: Le premier est que chacun va au même rythme et concentre sa visite sur ce que le guide a prévu de couvrir, la seconde, c'est que vous êtes coïncé dans un groupe, ce qui vous empêche parfois de passer du temps là où ça vous semble le plus intéressant. Certains lecteurs se souviendront peut-être d'un week-end à New York, où j'ai profité du transport et de l'hébergement inclus, mais que j'ai abandonné le groupe en arrivant le vendredi et je les ai rattrapés juste avant le retour le dimanche; c'est vous dire comment j'aime voyager en groupe/guide.
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Ceci étant précisé, voici les avantages et les désavantages du tout inclus de mon point de vue de vagabond novice en la matière.
Le premier avantage dans ce cas précis était le coût. Comme les grossistes achètent en gros et nolisent des places d'avion, le séjour de 8 jours me revenait moins cher que si j'avais payé mon billet d'avion seul. Corrolaire; les nuits passées à l'hôtel et les repas pris au resto de l'hôtel ne me coûtaient rien.
On pourrait argumenter sur l'avantage de ne pas avoir à chercher d'hébergement ou de resto ou de transport pour s'y rendre, puisque tout est inclus, mais comme voyageur indépendant, je n'ai jamais eu de problème avec ces éléments qui pour moi, font partie du voyage et de l'aventure.
C'est donc un point neutre en ce qui me concerne.
Du côté des désavantages, pour celui qui voyage comme moi et qui n'a pas pour but de se reposer sur la plage ou au bar de la piscine du resort, il y en a quelques-uns, et ils peuvent être majeurs dans certains cas.
Le plus grand désavantage est la localisation des resorts.
À Santiago (mais c'est vrai de la plupart des resort dans les pays autour des Caraïbes et du Golfe du Mexique), l'hôtel était situé à une heure de bus de l'aéroport et de la ville de Santiago. Bref, nowhere, en campagne. Autrement dit, quand on est isolé, on a peu de recours pour se procurrer du transport autrement qu'en taxi privé (plus cher, plus compliqué) ou avec le représentant et les tours organisés (beaucoup plus cher, aucune liberté, et l'argent ne va pas à un habitant local, mais à la compagnie qui organise votre séjour). On est donc un peu coïncé sur place parfois. L'exemple le plus patent est le soir de l'arrivée, ou le matin du jour du départ, puisqu'il n'y a rien à visiter proche du resort, impossible de déambuler simplement dans la ville en visitant certains quartiers tard le soir ou tôt le matin.
Second désavantage de taille; la perte de temps dû au fait que nous sommes un groupe. Par exemple, l'avion se pose le mercredi à 17h40 mais avec le taponnage et quelques touristes qui n'arrivent pas à trouver le bus ou le représentant, on ne part de là qu'une heure plus tard... en étant à une heure de l'hôtel, tout ceci nous fait perdre quelques heures déjà.
En indépendant, même en taxi de l'aéroport au centre-ville de Santiago, j'aurais été prêt à visiter des choses à 18h15, 18h30... alors que là, je me retrouvais à la campagne, "libre" vers 19h30...
La perte de temps s'est fait ressentir un peu plus le lendemain, car le meeting du représentant (c'est là où on vous explique le fonctionnement, l'hôtel, ce qui est compris, comment obtenir ceci ou cela, et que l'on peut réserver des excursions de groupes) avait lieu à 9h (anglais) et 9h30 (français). Mélangé au troisième désavantage majeur (voir plus loin), j'ai pu réserver une excursion pour le mardi suivant et "sortir" du meeting et du groupe vers 10h45.
Comme nous ne pouvions partir qu'en taxi vers la ville (à une heure de route) et qu'un taxi, une fois appelé, mettait environ 45 min à 1h pour venir nous prendre, ce second jour pouvait donc débuter avec des visites de la ville vers 13h... J'ai donc exploré les environs de l'hôtel, fait de la plongée, et remis mes explorations urbaines et extérieures au lendemain.
Le troisième désavantage important... c'est la présence d'une foule d'autres touristes... qui eux, préfèrent le tout inclus, être pris en main et les excursions de groupe. Le problème n'est pas tant leur présence (plusieurs sont bien sympathiques d'ailleurs), mais le fait qu'un nombre important n'écoute pas le représentant, se plaignent de tout et rien, pose cent fois la même question, bref, certains nous font perdre un temps fou!
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Côté pratico-pratique, je me suis donc rendu à Santiago le surlendemain de mon arrivée, avec l'intention d'y passer quelques jours et d'éventuellement, aller visiter la ville de Baracoa dans la province voisine de Guantamano. Je n'ai pas eu de difficulté à me trouver une chambre dans une casa particular, mais quand vint le temps de m'informer pour les billets de bus pour le lendemain vers Baracoa, j'ai eu la mauvaise surprise d'apprendre que le bus était complet, et qu'en fait, il me faudrait attendre deux jours pour en prendre un. Soit, mais je ne pouvait pas acheter de billet de retour, puisqu'à Cuba, il faut être dans la ville du départ pour acheter. J'aurais donc dû me rendre à Baracoa et acheter le retour sur place. Le problème, c'est que si le bus du lendemain de mon arrivée est complet, je devrai attendre... au risque de rater l'avion qui m'attend pour le retour après ma semaine (dont la seconde journée a été en partie perdue grâce aux procédures du tout inclus)... Vous voyez où cet aspect du voyage est énervant pour un voyageur comme moi?
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En fait, une partie de ces inconvénients peuvent être évités si on peut choisir un hotel qui est localisé très près d'une ville, ville qui possède un terminal de bus la reliant à d'autres villes. (Sinon, si vous voulez opter pour le tout inclus afin d'économiser sur l'avion, alors en débarquant de l'avion, filez en ville en indépendant, vous viendrez de gagner pratiquement une journée et demie!)
Le problème, évidemment, c'est de localiser l'endroit avec précisoin, car les sites de grossistes et d'agents vous vendent le tout inclus, sans préciser l'adresse exacte, mais en se contentant de mentions comme "à x km de l'aéroport", "à x minutes de la ville", ou "directement sur la plage"...
Or, "à x minutes de la ville", quand vous n'êtes pas dans la ville, ça peut vouloir dire qu'il passe un taxi/bus deux fois par semaine à cet endroit et qu'il met x minutes pour vous emmener en ville... Bonne chance!
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Bon, me connaissant, vous avez pu voir que j'ai exploré Santiago plus à fond, et effectué quelques excursions de mon cru dans la Sierra Maestra en me dénichant un vélo et un cheval, entre autres...
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Que dire d'autres, sinon que donner quelques exemples de conversations et autres attraits que j'ai capté pendant ce séjour en tout inclus?
Gardez à l'esprit que je n'ai eu aucun contact avec une bonne partie des autres touristes et que ceux que j'ai côtoyé étaient pour la plupart fort sympathiques.
Mais évidemment, ceux qui marquent l'imagination et les souvenirs, ce sont souvent les pires. Et j'imagine que mon séjour est probablement représentatif de tous les séjours du genre (cette estimation étant effectué après discussion avec mon représentant sur place - qui possède son lot d'anecdotes savoureuses - et avoir été témoin de la formation de quelques étudiants en tourisme à Cancun l'an dernier à pareille date)...
Allons-y donc pour quelques perles de tout inclus.
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Sans vouloir me répéter, je mentionnerai que le couple qui se plaignait des moustiques dans leur chambre - alors qu'ils dormait fenêtre et porte ouverte - relançait encore le représentant après une demi-heure en lui demandant ce qu'il allait faire à ce propos. (Hum, excusez-moi, il y a des moustiques dans votre jungle, qu'allez-vous faire? Hehehe).
Il y a ceux qui n'écoutent pas le représentant qui leur explique que les serviettes de plage et piscine doivent être contrôlées et rapportées, sinon, c'est 25 pesos. Évidemment, ce sont eux qui "égarent" leur serviette et qui hurlent qu'ils ne veulent pas payer ce prix là. "Je l'ai pas volé, sti, je l'ai pardu! Je paye pas 25 piasss pour une câlisse de serviette!"
Réponse du représentant: "Bof, si vous ne voulez pas sortir de Cuba, madame..." :-)
On se plaint de la lenteur du service au resto (c'est un buffet, hum hum), en disant: "Je sais que c'est pas un cinq étoiles, mais..." (sous entendu: mais je voudrais le personnel nombreux et rapide comme dans un 5 étoiles).
Une dame trouvait "ordinaire" que l'hotel ne place pas des chaises de plage sur la portion de plage publique, dans une baie située à l'est de notre section (et à dix minutes à pied de l'hôtel)...
Un couple s'est plaint pendant une heure pour avoir une chambre à l'étage plutôt qu'au rez-de-chaussée, avec un balcon qui a vue sur la piscine... Évidemment (comme ils étaient logés entre ma section et la réception/resto), j'ai pu constater qu'ils n'étaient jamais sur le balcon!
Ma préférée demeure ces nombreux touristes qui se plaignaient de l'absence de toaster pour leur pain le matin. Hahaha!!! Le buffet offrait des oeux brouillés, des omelettes, trois sortes de pain, dont un grillé, diverses céréales, des fruits, des viandes et des fromages, avec jus, café... mais pas de toaster, un scandale!! :-))
Le moins que je puisse dire, c'est que ces gens ne survivraient pas cinq minutes en indépendant!
Ce qui m'amène aux commentaires sur la langue: j'ai déjà mentionné que plusieurs cubains de la province de Santiago parlent un bon français... et souvent un bon anglais aussi... eh bien j'ai pourtant entendu à plusieurs reprises des gens se plaindre que les gens de l'hôtel ne comprenaient pas toujours bien quand on leur parlait (en français)!!!
("Pis y comprennent jamais rien icitte en plus!", ai-je entendu un homme ajouter en conclusion de son argument avec le représentant... Très édifiant, je vous jure, et dans un joual à faire pâlir les personnages des Chroniques du plateau Mont-Royal de Tremblay).
Un seul conseil à ces touristes-là: n'allez pas en Allemagne, en République Tchèque ou en Bolivie, pour ne nommer que trois pays où j'ai dû me débrouiller dans une langue autre que le français!
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Et c'est là que j'ai compris quelque chose: La très grande majorité des touristes présents dans le tout inclus sont peut-être dans un autre pays, mais ce ne sont pas des voyageurs. Ce ne sont même pas des gens qui veulent voyager.
En fait, ils sont là pour tenter de passer une semaine chez eux, mais au soleil à la place de l'hiver. Mais la dernière chose qu'ils désirent, c'est quelque chose de différents de chez eux. Il ne faut donc pas s'étonner de les voir se plaindre pour tout ce qui est différent, et comprendre que leur but est l'exact opposé du mien, moi qui recherche constamment l'inconnu, la nouveauté, le dépaysement et l'aventure!
Appelez ça une révélation. Un couple me racontait qu'ils voyageaient beaucoup eux aussi; Cancun, Acapulco, Varadero, Punta Cana, Orlando... j'ai compris qu'ils ne voyagent pas, mais passent du temps d'hiver au chaud, dans des enclaves conçues pour ressembler à l'Amérique du Nord au soleil pour ne pas dépayser le touristes de tout inclus.
J'avoue que pour ma part, c'est un concept très étrange que celui de voyager sans vouloir découvrir, mais il faut de tout pour faire un monde, alors je me dis que si ça les rend heureux de le faire, alors tant mieux pour eux...
(Évidemment, on se demande si ça les rends vraiment heureux, quand on voit l'intensité de leurs plaintes et lamentations une fois sur place, mais coup donc, c'est leur problème, pas le mien).
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J'ai gardé le mot de la fin pour un homme au début de la soixantaine (je serai gentil et tairai son prénom) qui m'a beaucoup diverti par ses propos.
La première fois que je l'ai vu, il conversait depuis cinq bonnes minutes avec une fontaine sans eua de la cour intérieur du Carisol, à quelques mètres du bar. Bar qu'il a atteint malgré un tanguage dans sa démarche. Il m'a alors confié (c'était ma première soirée sur place): "Esti que c'est plate icitte! [...] Chu là depuis une semaine, y m'en reste encore une autre... Criss que cé long".
(Il a ensuite commandé quelque chose à Alberto, le barman, et ce dernier n'a rien compris. "Criss qui comprenennt rien icitte!" s'est-il exclamé. Interrogé du regard, j'ai dû avouer à Alberto que moi non plus je n'avais rien saisi du joual saoul de mon nouvel ami).
J'allais le revoir (toujours seul) à quelques reprises, toujours saoul, même à 10h le matin (hum, vive les tout inclus, le bar est ouvert, imaginez...).
Puis, il allait prendre place dans le même bus que moi en direction de l'aéroport et en voyant les constructions sur la route, en campagne, les arrêts de bus, les voitures et maisons, il commentait: "Criss que cé pauvre icitte... cé ça le comuniste!" [Je peux vous assurer qu'il n'a jamais vu la pauvreté que j'ai vue en Équateur, au Nicaragua, au Guatemala ou en Bolivie, qui n'a rien de comparable à celle, relative, de Cuba].
Enfin, devant tant de dépaysement qui passait le long de la route devant ses yeux, il a fini par dire: "Cé ça qu'y auraient dû venir nous montrer, sti!"...
Le Ils visait j'imagine, le représentant, qui n'avait pas encore assez prit notre touriste en main à son goût, malgré les excursions proposées, malgré le tout inclus... Misère...
Au moins, il m'aura fait rire et fourni une anecdote amusante pour ce blog...
(Est-ce utile de préciser que pour ma part, c'était la sixième fois que je voyais le paysage le long de cette route, suite à mes quelques déplacements en indépendant?).
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