vendredi 31 octobre 2008

Indochine: Pourquoi ne pas aller au Myanmar?

Voici le premier d'une série de petits billets pré-départ pour mon voyage dans le sud-est asiatique.
J'ai mentionné, dans le billet d'information sur mon projet, que je ne prévoyais pas visiter le Myanmar.
Pourtant, l'ancienne Birmanie n'est pas sans sites d'intérêts. Les noms de Mandalay et de Yangon viennent à l'esprit, mais on trouve aussi au Myanmar le site de Pagan, un des plus importants sites archéologiques de l'Asie.
Mais.
Mais le Myanmar est actuellement dirigé par une junte militaire qui a supprimé la quasi-totalité de la dissidence et exerce un pouvoir absolu, au vu et au su de la communauté internationale et malgré des condamnations et des sanctions internationales.
Les dirigeants / généraux de l'armée y sont accusés de violations flagrantes des droits humains, y compris le déplacement forcé de civils et le recours généralisé au travail forcé, incluant celui des enfants.
Bref, on peut difficilement imaginer un système plus horrible à encourager en y allant dépenser des devises par une activité touristique.
D'un autre côté, on pourrait imaginer que l'argent dépensé auprès des intervenants du milieu touristique est une importante source de revenu non reliée au travaux forcés pour ces intervenants. Et on lit effectivement que plusieurs Birmans espèrent une plus grande ouverture au tourisme; la possibilité d'un afflux touristique fait surtout espérer que la situation actuelle sera mieux connue et dénoncée internationalement, en fait, ce qui nous ramène à nos premières considérations.
Dans certains guides touristiques, on mentionne qu'un tourisme averti vaut mieux que l'isolation d'un gouvernement militaire. Toutefois, pour être un touriste averti, il faut pouvoir parler avec les gens de l'endroit. Or, outre le problème évident de la langue - je ne parle pas le birman - on rapporte plusieurs cas de Birmans torturés, ou qui ont simplement disparus, pour avoir trop parlé avec les touristes.
Le «Conseil d'État pour la restauration de la Loi et de l'Ordre», le nom officiel du régime en place, possède la plupart des agences touristiques au pays, la compagnie de chemin de fer, les compagnies de tours de bateau et de traversiers, une banque d'échange de devises étrangères, la compagnie de téléphone et Myanmar Airways. De plus, le CELO détient aussi une société qui offre les services d'hôtel et tourisme nationaux, et même les pensions privées doivent verser une partie de leurs revenus au gouvernement. Enfin, les entrées sur les sites touristiques sont réputés élevés pour la région et la propriété de ces sites n'est pas clairement identifiée - probablement pour éviter que les touristes ne les boudent pour ne pas enrichir le régime.
Et on pourrait ajouter une liste de sites opérés par le gouvernement; par exemple, deux des trois musées majeurs de Yangon appartiennent au régime. Aussi, même si vous pensez acheter local dans un marché public, vous ne savez peut-être pas que le commerçant doit obtenir un certificat du gouvernement pour chaque vente, à un tarif important, que votre achat couvre en grande partie. Si ces revenus étaient une manière de redistribuer la richesse parmi la population, je serais le premier à y voir de bons aspects. Mais ce n'est pas le cas, au contraire, c'est l'un des régimes les plus corrompus de la planète.
Le Myanmar actuel est aussi l'un des pays les plus pauvres d'Asie. Si le régime survit, c'est en grande partie grâce à un de ses rares alliés; la Chine. Ce pays n'est pas un modèle de respect des droits humains et n'en est pas à une contradiction près non plus.
Une simple visite sur la page principale du Myanmar sur le site de l'ONU est révélatrice. La dernière visite d'un envoyé de l'ONU au Myanmar a d'ailleurs été fort controversée.
Le nom même du pays est un signe de controverse. Si je vous disais que simplement en parlant du Myanmar plutôt que de la Birmanie, pour certains, je lance une opinion politique en faveur du régime, ça vous semblerait exagéré? Pourtant c'est vrai; les médias des États-Unis ou du Royaume-Uni (même la BBC) n'utilisent jamais Myanmar, puisque ces pays n'ont pas reconnu le régime actuel et que c'est ce régime qui a instauré le changement de nom.
Ce qui est amusant, c'est que les deux noms veulent dire la même chose; le terme anglais Burma découlant de Burmah, est une mauvaise épellation (en lettre latine) de Myanma.
Bref, vous aurez compris que je ne suis pas intéressé à faire entrer un dollar dans ce pays pour le moment. Ainsi, pour ma part, Birmanie ou Myanmar, le libellé m'importe peu, je n'y injecterai pas des fonds avec le régime politique actuellement au pouvoir, donc n'y mettrai pas les pieds lors de mon voyage.
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