vendredi 6 mars 2009

KOMTAR ou la maison qui rend fou des 12 travaux d'Astérix en Malaysie

Voici le parfait exemple d'anecdote que j'aurais aimé avoir le temps de vous raconter pendant que j'étais en voyage et que je n'ai pas eu l'occasion, faute de temps et de choses plus visuellement intéressante à partager.
La scène se passe à Georgetown, en Malaysie.
Nous sommes à Georgetown depuis deux jours et nous voulons nous informer sur deux sujets; le premier est relatif aux nombreuses compagnies de transport qui font la liaison entre Penang et Kuala Lumpur, notre prochaine étape. Le second sujet est plus directement relié à Georgetown et Penang: nous voulons nous rendre au pied de la montagne (Penang Hill) pour monter au sommet de cette plus haute montagne de l'île et y visiter la réserve faunique et y faire de la randonnée dans les sentiers.
Nous avons lu dans le Rough Guides to Malaysia que le kiosque d'information touristique principal de la province est situé "on the third floor of the KOMTAR building". [Au troisième plancher de l'édifice KOMTAR].
Nous disposons d'une carte du centre-ville où l'emplacement du KOMTAR est clairement identifié et l'édifice semble occuper tout un quartier.
La veille, alors que nous cherchions le cinéma Cathay, nous nous sommes fait dire que le cinéma avait déménagé au KOMTAR building. Plus tôt, le premier soir, alors que nous avions envie d'une pizza, on nous avait indiqué qu'il y en avait au KOMTAR.
[Nous avions plutôt trouvé, trois portes à côté, un merveilleux petit resto italien qui nous a préparé une merveilleuse pizza à croute mince mais c'est une autre histoire].
Bref, le KOMTAR, c'est quelque chose.
Il faut dire qu'il faudrait être aveugle pour ne pas savoir où se trouve le KOMTAR; l'édifice comporte 65 étages et est le seul gratte-ciel du centre-ville de Georgetown (on soupçonne une règlementation municipale qui doit permettre les hauts édifices seulement en périphérie). Il s'agit d'une tour formée d'un cylindre équilatéral à douze côtés.
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Nous nous rendons donc dans le quartier du KOMTAR, et y accédons via un escalier mobile, situé près d'une passerelle adjascente au terminus de bus local de la ville, qui lui, est situé "sous" le KOMTAR.
KOMTAR est une abréviation de KOMpleks Tun Abdul Razak, en malais. Le projet est érigé en l'honneur d'un ex-premier ministre de la Malaysie.
Lorsque vous arrivez dans un complexe de ce genre par "en-dessous", il est difficile de déterminer ce que doit être le 3e plancher. Règle générale, on imagine qu'il y a des numéros d'étages, comme dans certains édifices à bureaux ou centre commerciaux, mais pas au KOMTAR, pas pour les niveaux qui constituent la base de la tour (3-6 niveaux, selon où on se trouve). Ce qui complique les chose, c'est que le kompleks en question comporte plusieurs phases, dont un centre commercial adjascent et il n'est pas clair, une fois sur place, si on est au KOMTAR ou si on se trouve dans un autre édifice, puisque l'ensemble est vaguement relié - passerelles, trottoirs... Pour faire une comparaison avec le Montréal souterrain, pour un visiteur, il peut être confus de connaître les limites entre le Center Eaton, Place Montréal Trust et le Carrefour Industrielle Alliance, par exemple, si ce visiteur se balade dans les couloirs de ces trois centres commerciaux reliés par des passerelles souterraines avec boutiques.
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Avec ce que nous avions lu sur la présence de l'édifice (que c'était le seul édifice moderne du centre-ville de Georgetown) et le fait que tout le monde en ville nous pointait vers le KOMTAR dès que nous cherchions quelque chose de contemporain comme une pizza ou un cinéma, nous avions naïvement imaginé que ce KOMTAR était un édifice à la fine pointe de la modernité urbaine.
Hum.
La tour du KOMTAR et le petit centre commercial de 3 étages qui se trouve dans son espèce de podium glorifié, a été érigé en 1986. L'ensemble a donc déjà plus de 20 ans... et les fait.
Escaliers fatigués, peinture beige écalée, enseignes lumineuses ternes, boutiques de rabais dans les couloirs, plafonds bas, architecture quelconque, les descriptions péjoratives ne manquent pas quand on se trouve dans les étages du podium.
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Toujours est-il que nous cherchons le troisième niveau, sans savoir exactement comment le trouver! Il faut dire que chaque escalier mobile donne accès à un niveau constitué de deux planchers - ou un plancher et une mezzannine accessible par un escalier fixe traditionnel. Alors comment compte-t-on les étages? Après une bonne quinzaine de minutes à parcourrir les couloirs et tenter d'interpréter les plans - qui ne sont pas des cartes habituelles des centre commerciaux mais plutôt les plans d'urgence en cas d'incendie - nous n'arrivons tout simplement pas à savoir où nous sommes dans l'édifice!!
À la mezzanine de ce que je crois être le troisième étage (donc ce que je vois se trouve au sixième plancher depuis le sol), je vois un petit poste de police. J'y monte et m'informe de la présence d'un kiosque d'information touristique. La policière de service m'informe que je dois d'abord redescendre au troisième plancher (en bas de la mezzanine) et entrer dans les bureaux gouvernementaux qu'elle me pointe. Ces bureaux, situés directement sous la tour elle-même, me donneront accès aux ascenseurs et le kiosque touristique est situé au 56e étage de l'édifice.
J'en conclus qu'ils ont déménagé le kiosque depuis la publication du Rough Guide, ce genre de choses se produit tout le temps.
Nous entrons donc dans le bureau gouvernemental et nous dirigeons vers les ascenseur, qui occupent tout le centre. Un gardien nous arrête et nous demande notre laisser-passer. Suite à nos questions, il nous indique un comptoir numéroté et codé de couleur - bleu dans notre cas, où obtenir le laisser-passer.
Nous faisons la file et parlons à une préposée, qui nous remet chacun un étiquette collant qui mentionne "PELAWAT - Kompleks Pentadbiran Kerajan Negeri" et nous dit d'emprunter l'ascenseur jaune. Nous revenons vers le gardien et il nous laisse passer en nous indiquant de prendre l'ascenseur jaune.
Dans la tour, il y a plusieurs ascenseurs et ils sont regroupés par trois ou quatre et par codes de couleurs; bleus, jaunes... Nous nous plantons devant les jaunes et appuyons sur le bouton d'appel. Après un bon moment d'attente, nous réalisons que les quatres ascenseurs jaunes ne sont pas reliés au même systême et appuyons sur les autres boutons aussi.
L'ascenseur qui se pointe a plus l'allure d'un monte-charge de chantier que d'un ascenseur moderne. Nous le prenons anyway et appuyons sur le bouton marqué 56.
Ding.
56 étages plus haut, nous sortons de la cabine pour nous retrouver devant un panneau indiquant que le Tourism Penang Office se trouve sur notre droite (rappel: la tour est un cylindre assez typique, donc le couloir est circulaire, avec des bureaux vers l'extérieur de ce cercle, donnant sur les fenêtres extérieures). Nous prenons donc à droite, et après 30 secondes, nous arrivons devant une porte marquée Tourism Penang. Nous entrons.
Personne. Pas un chat. Pourtant, la porte n'était pas verouillée... J'explore un brin, l'ensemble a l'air d'un bureau pas encore installé; une salle commune donne sur les fenêtre; je profite de la vue, et prends quelques photos "aériennes" de Georgetown malgré l'éclairage à contre jour - j'ai le soleil en plein visage. Suze est moins à l'aise que moi de se balader dans des bureaux sans permission. En plus, il est clair que nous n'obtiendrons pas les informations recherchées; les bureaux sont déserts autant sur notre droite que sur notre gauche.
Nous revenons, perplexes, dans le couloir et vers les ascenseurs jaunes. Je consulte à nouveau le panneau devant l'ascenseur et voit une autre ligne indiquant simplement "Entrance", qui pointe... vers la gauche. Nous décidons d'aller voir... et nous tombons enfin sur le kiosque touristique de Penang!!!
Il y a 3-4 employés au travail, dont un nous accueille avec enthousiasme et répond à nos question au meilleur de sa connaisance. Il s'agit d'un jeune homme très sympathique, qui nous offre même de faire le tour de l'étage pour profiter de la vue et prendre des photos.
C'est amusant puisque la tour KOMTAR vend des billets pour atteindre son étage d'observation panoramique de Georgetown au 58e étage (il y a aussi un restaurant qui vante la vue au 59e). En nous offrant de profiter de leur localisation au 56e pour profiter de la vue de la tour gratuitement, le centre d'information touristique élimine tout intérêt pour la vue du 58e, puisque le 56e nous permet de faire le tour complet (360°) de l'édifice. Aussi amusant: notre visite guidée du 56e nous fait repasser par les bureaux déserts du Tourism Penang Office - nous évitons de mentionner que nous y sommes venus fouiner quelques minutes plus tôt, et notre guide improvisé nous fait part que les gérants, ses patrons, sont rarement présents au travail.
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Après avoir pris congé du kiosque touristique, nous reprenons l'ascenseur jaune, quittons le KOMTAR pour le Prangin Mall, le centre commercial adjascent, sans nous douter que ce centre commercial fait partie intégrante du projet KOMTAR (Il est plus moderne, ouvert en 2000, mais constituait la phase 4 du projet d'origine, dont la phases 3 et 5 ne sont toujours pas complétées. J'apprendrai aussi plus tard que la municipalité de Georgetown a lancé un projet de revitalisation du podium du KOMTAR pour fin 2009).
KOMTAR et son centre d'information touristique s'est donc avéré une expérience en soi. C'était la première fois que j'avais à travailler autant pour dénicher un kiosque d'information touristique, puisque règle générale, si vous avez à connaître la ville sur le bout de vos doigts pour trouver le kiosque d'information, celui-ci est inutile une fois trouvé... C'est souvent le premier endroit où le voyageur s'arrête pour avoir une carte de la ville ou des informations de base et il est généralement situé près de l'aéroport, de la gare, de la gare d'autobus, de la mairie, de la place centrale...
Toute l'affaire du troisième étage au sixième plancher, des laisser-passer, du comptoir bleu, des ascenseurs jaunes, des panneaux confus et des bureaux déserts m'ont rappelé cette aventure d'Astérix où il doit, avec Obélix, simplement obtenir le laisser-passer A38 et s'embourbe dans une bureaucratie incroyable.
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Voilà, c'était l'anecdote du KOMTAR.
Anecdote supplémentaire, puisque le temps passé au KOMTAR semblait propice à l'anecdote: nous avons pris un frite au McDonald's du Prangin Mall et j'y ai vu cette affiche (photo à gauche): j'ai bien compris les interdictions, mais voulez-vous me dire ce qui est permis, dans le cercle en haut à droite??? Et dites-moi; si la nourriture et les boissons semblent interdites (haut, gauche), que fait-on dans un McDonald's??
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Ah, pour les curieux; le centre d'information n'avait pas de cartes de Penang Hill et ses environs, en fin de compte. Et selon notre préposé, la meilleure compagnie de bus vers Kuala Lumpur était "National Ekspress", une compagnie dont nous n'avons jamais trouvé les bureaux, censés être en bas, sur la rue. Nous avons donc pris nos billets avec une autre compagnie, sur la même rue que les autres.
D'après notre préposé à l'info touristique - et nous avons eu la même information de celui dont nous avons acheté les billets d'autobus - nous devions nous rendre le matin au KOMTAR, puis une navette nous mènerait vers Bayan Lepas, une ville du sud de l'île d'où partait le bus vers Kuala Lumpur.
Le matin du départ, l'employée de la compagnie de bus ne semblait pas au courant de cette prodécure, a fait quelques appels, puis un jeune homme nous a accompagné des bureaux de la compagnie vers le KOMTAR, puis nous a demande d'attendre là, que le bus arrivait quelques minutes plus tard. Pas de navette, pas de correspondance à Bayan Lepas, notre bus passe au KOMTAR, finalement.
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Alors que l'autobus emprunte le pont Penang, je me demande encore pourquoi nous sommes allés au kiosque touristique de Penang, finalement.
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