mercredi 28 octobre 2009

Des nouvelles du Cowboy de l'Arctique

Certains se souviendront peut-être de mon ami Ed, le cowboy de l'Arctique.
J'ai systématiquement des nouvelles de Ed une fois par mois, en plus de quelques échanges de courriels. C'est qu'Ed tient une sorte de blogue privé, qu'il distribue une fois pas mois à ses amis. J'ai souvent tenté de le convaincre de publier ces longs messages mensuels sur un blogue public, mais il ne semble pas très chaud à l'idée. Au moins, depuis quelques mois, il publie des photos, ce qui est un début.
Si je vous parle à nouveau de Ed aujourd'hui, c'est que depuis la dernière fois (il partait alors pour le nord-ouest de Yellowknife), Ed a fait du chemin vers le pôle.
Il oeuvre aujourd'hui à Ulukhaktok. C'est - officiellement - partie des Territoires du Nord-Ouest. Mais pour mieux saisir où il se trouve, mieux vaut jeter un oeil sur, euh... une carte du Canada.


Le point identifié par Google Maps par un A, c'est Ed. (enfin, c'est la localisation de Ulukhaktok :-).
Une chance qu'Ed a publié quelques photos de son séjour là-bas, puisque jusqu'alors, je l'imaginais assis sur la banquise en prenant une bière avec un ours polaire. (Ed m'assure que la bière est toujours bien froide à Ulukhaktok). D'ailleurs, on peut aussi voir qu'en août, il neigeait déjà.
Et si je prend la peine de mentionner Ed et son aventure vers le Pôle une fois encore, c'est surtout parce que comme nous, il vit en ce moment l'habituelle transition entre l'automne et l'hiver.
Hum. Comme nous?...
Si, comme moi, vous n'aimez pas cette période de transition et n'aimez pas le froid, la disparition du soleil et toutes ces belles choses qu'amène avec lui l'hiver québécois, lisez plutôt que ce que Ed en dit candidement cette semaine:

«We are in our fifth day of 56km/hr plus winds, temperature holding at -18 at night, during the day it is -12 but with the windchill, it has ranged from -24 to -38 degrees celsius.(...) We are approaching 24 hours of darkness... the sun peaks out just after 9:30am and sets around 4:30pm. By next month, the sun will just be a warm glow in the sky not rising above the horizon. There is only 3 inches of snow on the ground but the wind chills you to the bone.»

On pourrait croire que ces mots rassurants me feront réaliser que ma situation est loin d'être difficile, mais je vais vous dire, on dirait que ça ne marche pas comme ça. Too bad pour Ed, que je ne visiterai définitivement pas pour Noël cette année encore.
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mardi 27 octobre 2009

Le développement humain et la coopération internationale

Je sais, un titre pareil ouvre la porte à un très très vaste sujet. (Et, pour les observateurs, ouvre un nouvel étiquette dans la liste de droite de ce blogue).
Ce billet se veut une introduction à mes réflexions récentes sur le sujet.
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L'ONU et l'Indice de Développement Humain 2007.
Il y a quelques semaines, l'ONU publiait son rapport annuel mondial sur le développement humain. Ce rapport, intitulé Lever les barrières propose un bilan annuel du développement humain, et une orientation ambitieuse proposant des changements majeurs (disons-le, idéalistes) aux pays de l'ONU, principalement aux pays à indice de développement humain très élevés.
C'est le cas du Canada, qui, comme l'année précédente, se classe au 4e rang de l'IDH 2007.
(Notez tout de suite que le rapport de 2009 publie les statistiques compilées et analysées pour l'année 2007).
L'indice de développement humain (IDH) est une mesure permettant de connaître le niveau de développement humain d'un pays. Il mesure le niveau atteint par les pays concernant la durée et la qualité de vie (espérance de vie à la naissance), l'accès à l'éducation (taux d'alphabétisation des adultes, taux de scolarisation des enfants) et le niveau de vie (PIB par habitant pondéré en terme de parité de pouvoir d'achat).
Comme les résultats du rapport de 2009 se basent sur des données de 2007, nous parlons ici de l'état du développement humain avant la crise économique mondiale actuelle. Le rapport de l'an prochain devrait intégrer plusieurs des impacts de cette crise sur le développement humain de nombreux pays.
Le Canada se classe 4e, donc, et ce, sur les 182 pays répertoriés par le classement IDH 2007.
Par comparaison, on peut noter que les premières places sont tenues par la Norvège, l'Australie et l'Islande, que les USA se classent 13e et le Royaume Uni 21e.
Personnellement, j'aime toujours regarder ce qui se passe dans mes pays visités, en particulier ceux où j'ai fait des projets ou connus des amis, ou où j'ai séjourné plus longtemps que pour ne passer qu'en tourisme pendant une semaine. Je remarque donc que plusieurs pays d'Amérique Latine (Argentine, Uruguay, Cuba, Costa Rica, Mexique) forment un groupe serré de la 49e à la 54e place (le Chili est 44e). On notera que la réputation qu'ont longtemps tenté de colporter les USA à propos de Cuba et du malheur d'y vivre semble erroné, puisque l'île des Caraïbes se classe parmi les meilleurs pays latinos.
Un second groupe (les Andes) est aggloméré entre la 77e et la 80e place (Colombie, Pérou, Équateur) et ferme à toute fin la marche des pays à IDH élevé devant le Liban, denier de ce groupe restreint.
Attendez... Pérou, Équateur, IDH élevé?
Oui. L'IDH est une donnée mathématique. L'indice se calcule comme une moyenne simple des trois éléments qui la composent et se chiffre donc entre 0 et 1. Question de perspective, la Norvège a un IDH de 0,971, le Canada, de 0,966. À 0,806, le Pérou est donc parmi les pays à IDH élevé.
Si quelques pays en développement ou en voie de développement se retrouve avec un IDH élevé, c'est que l'IDH ne mesure pas le développement économique pur, mais bien le développement des humains selon trois critères précis. On notera d'ailleurs que l'autre pays des Andes, la Bolivie, lui, est classé 113e (0,729), probablement à cause de son très bas taux d'alphabétisation et de sa faible espérance de vie à la naissance, deux éléments qui sont justement en train de changer avec le gouvernement Morales, mais dont on ne verra probablement des effets notables que dans une décennie en terme d'IDH.
L'autre secteur de la planète qui a attiré mon attention cette année, c'est évidemment le sud-est asiatique. Si je n'ai pas été surpris de trouver Singapour en 23e place et la Malaisie en 66e, je me suis rendu compte que la Thaïlande (87e) et le Vietnam (116e) étaient parmi les pays à IDH moyens, le Vietnam étant même passé derrière la Bolivie depuis quelques années.
Tout ceci est fascinant si le sujet vous intéresse déjà un tant soit peu. Ce qui attriste, malgré qu'on s'y attende évidemment si on connaît un peu la situation mondiale, c'est la présence de pratiquement tous les pays d'Afrique dans les pays à IDH moyen et faible. En fait, à part l'Afghanistan, le groupe de pays à IDH faible se compose entièrement de pays d'Afrique.
Cet état de fait est consternant et déprimant à la fois, puisqu'on ne voit pas, dans le fonctionnement de l'économie et de la gouvernance mondiale actuelle, de moyens à l'horizon pour vraiment aider à rétrécir l'écart entre les pays à IDH très élevés et ceux à IDH faibles.
(On arrive à peine à faire admettre à un grand nombre de pays industrialisés que la crise climatique existe, et on est encore loin de moyens réels et efficaces pour la combattre, alors le développement humain des autres...)
On pourrait croire que ce classement est symbolique, mais l'IDH mesure des données dont l'aspect concret est frappant. Par exemple, un enfant né dans un pays à IDH faible (Niger, par exemple) peut espérer vivre en moyenne jusqu'à 50 ans, soit 17 ans de moins que dans les pays à IDH moyen (Thaïlande, par exemple), et 30 ans de moins que les pays à IDH très élevés comme le Canada.
À 43 ans, cette statistique m'interpelle directement.
Le fait de simplement pouvoir vous écrire ce billet est un autre élément qui m'interpelle directement, puisque dans un pays à IDH moyen (Vietnam, par exemple), un adulte sur cinq est illettré. Dans un pays à IDH faible (comme le Mali), c'est un adulte sur deux qui est illettré. Un sur deux, et avec une espérance de vie de 50 ans.
Aussi, ceux qui pensent que le conflit Israëlo-palestinien lèse également les deux camps seront peut-être surpris d'apprendre qu'Israël est classé 27e en terme d'IDH (0,935), devant le Portugual, alors que les Territoires palestiniens occupés sont 110e (0,737), derrière le Sri Lanka.
Enfin, le rapport souligne également que malgré les améliorations constatés dans de nombreux pays au cours des deux dernières décennies de mesure, les disparités de bien-être dans les pays riches et pauvres continuent d'être grandes et d'augmenter.
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Un mot sur la coopération internationale.
La seule manière d'intervenir pour assurer un meilleur développement humain dans les pays qui souffrent de la situation actuelle, c'est que les pays qui ont un IDH élevé ou très élevé mettent l'épaule à la roue en venant en aide aux autres pays du globe.
Bref, la coopération internationale, une série d'actions qui peu prendre plusieurs formes.
les deux principales formes en place sont de nature monétaire, via l'aide publique au développement, et de nature humaine, sous forme de coopérants volontaires qui vont assister les organismes dans des pays en développement ou en voie de développement.
Il y a aussi des centaines d'initiatives personnelles (que j'appelle l'aide internationale individuelle), en plus des gens qui font des dons aux divers organismes d'aide internationale.
La coopération internationale a un long historique depuis la seconde guerre mondiale, et visiblement, les actions entreprises n'ont pas suffit à atténuer les écarts en terme de développement humain. Pourquoi?
Le Canada, 4e au classement de l'IDH 2007, est-il un pays qui donne l'exemple ou un pays qui tire de la patte?
Ça sera le sujet d'un prochain billet.
(à suivre).
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samedi 24 octobre 2009

Le Parrain II : Entretiens avec Megan

Les lecteurs s'intéressant à ce genre de choses auront remarqué que je tiens promesse et ne devient pas un parrain gaga qui ne parle que de bébé et de filleule et d'émerveillement de la vie en général et du plus beau bébé du monde, bref, je tente de vous épargner ce genre de choses.
Si je reviens sur le sujet de mon état de parrain après plus de six mois, c'est pour vous entretenir d'un projet à long terme que j'ai débuté.
Ce projet, c'est d'interviewer ma filleule Megan à tous les ans au sujet de quelques questions plus ou moins existentielles et de noter l'évolution de ses réponses au fil des ans.
Pour le moment, on se comprend que les réponses ne sont pas très existentielles, et qu'elles ne seront pas très structurées avant un an ou deux, mais j'ai voulu démarrer le projet dès les premiers mois pour ne pas le laisser en plan et regretter plus tard de ne pas l'avoir fait.
J'ai donc réalisé mes premières entrevues avec Megan, à trois et six mois. La prochaine serait prévu pour son premier anniversaire et marquerait le début officiel de mon projet.
Voici donc le résultats de ces deux entretiens préparatoires.
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(Juin 2009)

Parrain: Bonjour Megan

Megan: Ouinnnnnn!

P: Tu vas avoir trois mois dans deux jours, comment tu trouves ça la vie?

M:  ...

P: Oh, Speechless. Est-ce que tu es heureuse, à trois mois?

M: Aaahhhhrgh aaaaarrreu.

P: A-yayayareu, ok, bonne réponse. Et comment est-ce que tu te vois dans dix ans?

M:  ...

P: Speechless again. Merci Megan!

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Trois mois plus tard.

P: Salut Megan!

M: Yreeeé!

P: Tu vas avoir six mois bientôt. Dans quelques jours à peine. C'est comment la vie, Megan?

M: Hrehrehrehre (rires).

P: Wow, ça a l'air excitant la vie, çca a l'air le fun! Es-tu heureuse, à six mois, Megan?

M: Rrheeeeeeee (excitation).

P: Ouais, t'es heureuse, le bonheur réside dans la fait de tirer sur la corde de mon appareil photo? Comment tu te vois dans dix ans?

M: Riiriirii!!

P: Tu te vois drôle!

M: Rhreeererere!!!!

P: Merci, on se revois dans six mois!


Megan à six mois, quelques minutes après son entretien avec moi.
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jeudi 22 octobre 2009

De films, d'amitiés, et des petites choses que l'on laisse parfois dans l'histoire (avec un petit h).

Un long titre pour expliquer un sentiment rare mais profond qui m'a habité l'autre jour, quand je suis allé voir le dernier film du réalisateur Éric Tessier: 5150 Rue des Ormes. Ce sentiment n'était pas nécessairement quelque chose que le réalisateur aurait chercher à créer, et encore moins quelque chose qu'il aurait facilement pu réaliser, même s'il avait voulu.
Notez que ce billet n'est pas une critique du film d'Éric. Cet aspect viendra ici sous peu (ou bien dans Solaris, si jamais la revue est intéressée à mon opinion sur la question).
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Patrick, moi et le roman.
Je connais Patrick Senécal depuis plusieurs années. Je me souviens l'avoir rencontré officiellement quelque part au milieu des années 90 - probablement en 1994, et je me souviens que l'une de nos premières journées informelles a peut-être été la P'tite Boréale organisée par Natasha Beaulieu, en 1995, si ma mémoire est bonne. Pourtant, nous nous étions croisés avant ça, avant de se connaître, à Drummondville, lors du lancement de la revue AO! Espaces de la Parole, revue à laquelle nous participions tous les deux à l'occasion à cette époque.
Puis Patrick a commencé à publier chez Alire et c'est suite à une réédition de son roman 5150 rue des Ormes que j'ai lu ce roman de Patrick. J'avais déjà lu Sur le Seuil lors de sa sortie, et j'étais donc déjà un lecteur convaincu non seulement de son talent, mais de son sens du rythme et de la mise en scène efficace.
J'ai adoré le roman 5150 rue des Ormes. Sans me souvenir des détails de lecture, je me souviens avoir trouvé qu'il s'agissait d'un roman bien construit, intelligemment mené, subtil, qui fait peur dans ce qu'il met en scène comme personnages et situations, sans tenter d'en faire trop. Je ne suis pas amateur de gore pour le gore, et quand une situation terrifiante tourne au gore, tout se désamorce pour moi, en tant que lecteur. Je trouvais donc que Patrick avait su manier le genre avec finesse, mettant ce qu'il faut où il faut pour garder son lecteur prisonnier de l'univers dans lequel il a été plongé, sans en mettre trop et faire décrocher ce lecteur-ci. La chose semble facile à réaliser, mais sais que c'est très ardu de ne pas perdre le contrôle de ce genre de choses. Bref, 5150 ru des Ormes: un sacré bon roman.


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Patrick, Roberval 2K et les Chaplin.
Quelques années plus tard, j'ai organisé un festival de fantastique et de science-fiction à Roberval en 1998, auquel Patrick participait comme bien d'autres auteurs de SFFQ d'ailleurs. Le festival a eu suffisamment de succès pour que je récidive en 2000. L'édition de 2000 (Roberval 2K) comptait également Patrick parmi les participants, et cette fois-ci, en plus du volet littérature, nous avions un volet cinéma. Les activités de ce volet étaient présentées dans une salle du Cinéma Chaplin, dont j'étais le gérant à cette époque.
Pendant le festival, je pilotais aussi le développement d'un nouveau cinéma, le Chaplin II, à Dolbeau-Mistassini, en collaboration avec le cinéma que je dirigeais à Roberval.
De Roberval 2K, je me souviens précisément d'une discussion sur le cinéma fantastique québécois, discussion mettant justement en scène Patrick, et Joël Champetier, qui travaillaient alors à des adaptations cinématographiques de leurs romans respectifs Sur le seuil et La peau blanche. À cette époque, chacun affichait le même pessimisme prudent malgré l'enthousiasme; ce serait presque un miracle si chacun de ces deux films se faisaient, tellement il est ardu de financier un film de genre au Québec.
Si les choses n'ont pas changé tant que ça de ce point de vue, au moins, on a pu voir 3 ans plus tard sur nos écrans, les films Sur le seuil (d'Éric Tessier) et La peau blanche (de Daniel Roby). Depuis, les jeunes réalisateurs et scénaristes ont continué leur travail et même si il demeure difficile de faire des films de genre au Québec, on accueille avec moins de scepticsisme les projets qui sont annoncés. (Parmi leurs projets récents, on verra bientôt Funkytown de Roby avec Patrick Huard, et Les 7 jours du Talion de Podz, avec Claude Legault et scénarisé par Patrick, sortira en février-mars 2010).
Ainsi, presque dix ans après notre discussion au Cinéma Chaplin de Roberval avec Patrick, le film 5150 rue des Ormes dont il signe le scénario sortait en salle.
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5150 et moi, Chaplin II, octobre 2009.
J'avoue que passé l'excitation d'aller voir un film adapté d'un très bon roman, d'un roman écrit par un ami, et dont le scénario est écrit par cet ami, j'étais particulièrement touché par le fait que par une simple coïncidence de la vie (j'étais au Lac-St-Jean au moment de la sortie du film), je me retrouvais à aller assister à une projection de 5150 rue des Ormes, dans un cinéma Chaplin.
Octobre 2009, donc, je me retrouvais assis dans une salle du Chaplin II de Dolbeau-Mistassini, cinéma que j'avais contribué à démarrer, pour voir le film adapté de l'oeuvre de Patrick.
J'avais l'impression de voir le film d'un chum, dans mon cinéma, même si le film a été réalisé par Éric, et que je ne travaille plus pour les cinémas Chaplin depuis plus de sept ans maintenant.
Et cette réflexion m'a fait réaliser que même si on n'en a pas l'ambition, même si on n'a pas nécessairement planifié de faire ce genre de choses, même si on n'en avait aucune idée lors de notre discussion dans la salle Arcand du Chaplin de Roberval à l'été 2000, on laisse toujours des choses derrière soi, on passe toujours un peu à l'histoire, même miniscule, à quelque part.
Sans la conjonction d'événements m'ayant mené à m'installer au Lac-St-Jean à la fin des années 90 et la conjonction d'événements m'ayant mené à m'impliquer dans le développement de ces deux cinémas en région, sans la conjonction qui a fait de Patrick l'auteur qu'il est devenu au cours des 15 dernières années, bref, en version réduite, sans moi et sans Patrick, personne n'aurait pu voir 5150 rue des Ormes à Dolbeau-Mistassini depuis le début d'octobre. Pas ce film-là, pas dans cette salle-là, pas comme ça.
Et il est très rare que l'on songe à ce genre de choses. En tout cas, moi, je n'y pense presque jamais.

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[Et n'hésitez pas éa aller voir le film, il est bon en plus!]
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Élections municipales / Halloween

Je fais rarement ça, mais voici un lien désopilant.
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mercredi 21 octobre 2009

Une soirée au cinéma (vu de l'intérieur), en photos!

Il y a quelques jours, je suis allé passé une belle soirée au cinéma.
Toutefois, contrairement à la plupart des soirées au cinéma que nous passons tous de temps à autres, je n'ai pas vu de film pendant ma visite.
J'y étais pour voir deux vieux amis; le premier est gérant de cinéma, et le second, eh bien c'est le cinéma lui-même.
J'ai passé beaucoup de temps - personnellement et professionnellement - dans plusieurs secteurs du cinéma entre 1998 et 2003. Pendant cette période courte mais intense, j'ai vu le cinéma de l'intérieur et ma foi, cette incursion n'est jamais venu atténuer mon amour du 7e art, bien au contraire.
Aussi, l'avantage de cette immersion culturelle particulière, c'est que j'y ai gardé des copains, et parfois, des entrées dans les coulisses du cinéma.
D'où l'opportunité de cette belle soirée de cinéma, pendant laquelle, en plus d'avoir d'intéressantes conversations avec un ami de longue date, j'ai pu prendre quelques photos intéressantes.
(Entre 1998 et 2003, je n'avais pas de caméra numérique, et ne me permettais pas réellement de laisser cours à mon intérêt pour la photo avec des films limités à quelques dizaines de photos à faire développer).
Voici le résultat de cette plongée au coeur du cinéma, pendant laquelle j'ai pu constater que j'aime encore ça, le cinéma. J'étais content de réaliser ça, puisque l'on a tendance à oublier ce genre de choses.
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Mur de bande-annonces.




Intérieur d'une tête de projecteur, avec lentille mise en évidence par effet de filtre.




On ne réalise pas à quel point quelques années d'exploitation laissent les cinémas avec plusieurs centaines d'affiches de film entre les mains.




Projection en cours, vu de côté de la salle de projection.




Salle de cinéma, attendant les cinéphiles pour la prochaine projection.




He! C'est mon nom que l'on trouve encore attaché à un transformateur de projecteur! Preuve historique que j'étais alors responsable des équipements lors de la création de ce petit cinéma. (Amusant que cet étiquette ait survécu presque 10 ans! Le transformateur a donc cet âge également).
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En quittant le cinéma après ma visite, j'ai aperçu, tout près de là, l'immeuble vétuste et abandonné de l'ancien cinéma de la ville - fermé depuis des lustres...


L'enseigne, avec son allure un peu kitsch et sa peinture écalée et délavée, a un certain charme vintage.
En repensant au temps qui s'est écoulé depuis que j'ai quitté le cinéma, je me suis demandé si, dans dix ou vingt ans, l'enseigne du cinéma actuel capterait elle aussi l'intérêt d'un photographe de passage...


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dimanche 18 octobre 2009

La vie de quartier

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai l'impression que la vie de quartier - qui était centrale à la société du temps de mes grands-parents et qui a eu une importance dans celle de la génération de mes parents - cette vie de quartier, elle s'est drôlement transformée.
On associe toujours la vie de quartier aux petites villes, avec les gens qui se connaissent et se saluent en se croisant sur les trottoirs, les étudiants qui se côtoient à l'extérieur de l'école, les petits commerces locaux, la boulangerie locale, etc.
Or cette vie de quartier historique, elle n'existe plus.
Si j'aborde ce sujet aujourd'hui, c'est que je suis - au moment d'écrire le début de ce billet - à ma buanderie, rue Beaubien. J'avais blogué, il y a quelques années, directement de cette même buanderie, alors que j'habitais justement le quartier. Si la buanderie a changé de propriétaire-exploitante - et s'est modernisée et améliorée - elle demeure encore un lieu où les gens parlent et ressemblent à l'idée que je me fais de la vie dans les petites villes des années 60. C'est même un microcosme fort intéressant à observer de temps à autres.
Or, cette buanderie, le petit resto tout près, les pupusas et les churros que je me suis procuré l'autre jour en guise de souper, le marché aux puces dans le sous-sol de l'église St-Edouard, l'Hémisphère gauche qui présente des spectacles comme Mononc' Serge ou des conteurs tels Éric Gauthier, tout ça est très vivant comme vie de quartier.
Et c'est paradoxal, puisque nous parlons ici de vivre en plein coeur de l'île de Montréal.
Or l'idée générale que l'on se fait d'une belle petite vie de quartier sympathique, c'est vraiment pas la grande ville, encore moins la métropole. On imagine les petites villes de banlieue, le charme des paysages de région, ce genre de choses.
Pourtant, mon récent passage en région m'a fait réaliser à quel point la vie de quartier, en région, n'existe pas/plus. Les petites villes de région sont devenues hantées par des Walmart, des Maxis et des Jean Coutu. À part quelques exceptions, elles sont désormais dépourvues de centre-ville digne de ce nom, malgré quelques efforts de revitalisation peu convaincants.
La vie de quartier est encore plus absente des banlieues, puisque ces villes-dortoirs son plutôt catégorisées par des centre commerciaux ou des grandes surfaces pour véhicules du genre le quartier 10-30. Il n'y a pas, dans les vastes développements résidentiels de banlieue, de petit resto du coin, ni de marché au sous-sol d'église (il n'y a pas d'églises dans les développements relativement récents), et encore moins de buanderie de quartier. On y trouve à peine un dépanneur (typiquement un Couche-Tard, fort pour le chips et la bière, mais peu utile si vous manquez de farine).
À ma buanderie l'autre jour, je suis tombé sur une amie qui habite le même immeuble que moi et la chose m'avait fait réalisé que la vie de quartier que l'on associe aux petites villes ou aux secteurs résidentiels, elle n'existe en fin de compte que dans les grandes villes. Car lorsque la ville est grande, ses quartiers deviennent u peu des petites villes, finalement.
Les habitants du Plateau Mont-Royal, de la Petite Patrie, de Hochelaga Maisonneuve, du quartier St-Roch à Québec profitent d'une vie communautaire bien plus développée que quiconque habite en banlieue et que la plupart des gens qui habitent en région.
Je me demande donc pourquoi - quand il est question de qualité de vie - on pense toujours que c'est l'inverse et que c'est la grande ville qui est froide et impersonnelle.
Contrairement aux gens des petites villes du Lac St-Jean ou de Laval (pour citer deux endroits où j'ai de la parenté et que je visite régulièrement), nous disposons, en plein coeur de la ville, de nombreux commerces indépendants (boulangerie, pâtisserie, charcuterie, épicerie fine, serrurier, bistrots...) et de propriétaire-exploitant leur petite affaire (comme a ma buanderie), et ce, à quelques minutes de marche à peine de chez soi.
Ne me dites donc pas que cette vie de quartier n'est pas un important facteur de la qualité de vie et que cette qualité de vie ne peut pas être trouvée dans les grandes villes, ou sans avoir une grande maison.
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lundi 12 octobre 2009

L'âme de l'Esprit Vagabond?

Les yeux sont les fenêtres de l'âme (ou bien est-ce "Les yeux sont le miroir de l'âme"?).
On attribue ce proverbe à Georges Rodenbach, je crois.
Et je me souviens qu'au milieu des années 90, alors que j'étais moins heureux que je ne le suis depuis quelques années, je portais souvent des lunettes de soleil en affirmant que mon âme n'était pas très belle à voir ces jours-là, en réponse à ceux me demandant pourquoi je me cachais les yeux. 
Cette introduction étrange pour dire que Rodenbach, visiblement, n'avait pas la même optométriste que moi. Car je reviens d'un rendez-vous chez mon optométriste et j'ai appris l'existence d'une technologie de pointe en examen des yeux: la possibilité de prendre une photo numérique de l'intérieur de vos yeux.
Le résultat est stupéfiant:


(L'Esprit Vagabond is wathing you, hehehe)
Ceci est un composite de mes deux yeux (ce serait mon âme que vous regardez!... Hahaha! En fait, on voit plus mes vaisseaux sanguins et mon nerf optique que mon âme, croyez-moi, c'est peut-être mieux ainsi!).
J'imagine déjà des optométristes français abuser du "T'as de beaux yeux, tu sais" :-)
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dimanche 11 octobre 2009

Un criquet

Je ne sais pas s'il y a des lecteurs qui se souviennent de cette mouche.
Hier, à moins de trois cents mètres de l'endroit où j'avais photographié la mouche, j'ai pris cette photo d'un criquet qui me regardait dans le blanc des yeux.


Cette photo a été prise lors d'une courte randonnée, pendant laquelle j'ai aussi vu d'autres créatures intéressantes.


Quelques champignons microscopiques dans désert.


Une fleur têtue qui pousse sur la voie ferrée.


Et de sympathiques bernaches qui, comme moi, ne semblent pas apprécier l'hiver québécois et préfèrent le vagabondage de par le monde. D'ailleurs, les voir comme ça, et les entendre cacarder, ça donne des idées de voyage, non?
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Du bon cinéma québécois de divertissement!

En écrivant le billet sur Dédé, à travers les brumes un peu plus tôt, j'ai réalisé que ça faisait un bon bout de temps que je n'avais traité de cinéma sur ce blogue.
La chose n'est pas due au hasard, mais simplement au fait que j'ai vu beaucoup moins de films en 2009 que je n'en voyais auparavant. Évidemment, j'ai débuté l'année à l'étranger, et j'ai voulu rattraper mon retard par la suite en louant quelques films, mais j'ai consacré mes loisirs à d'autres arts, semble-t-il (la photographie étant l'un de ceux ayant pris beaucoup de place).
J'ai tout de même vu plusieurs films cette année, et étrangement (ou non, à bien y penser), j'ai vu plusieurs films québécois.
Je me souviens encore d'une époque ou "film québécois" signifiait plus ou moins "film ennuyant". On connait déjà mon admiration pour Denys Arcand, et je ne nierai jamais l'importance de l'oeuvre de Claude Jutra ou Gilles Carle pour le cinéma québécois, mais je suis heureux de voir que la culture québécoise est rendu à cette étape de la vie culturelle où l'on peut divertir sans culpabilité, et qu'on peut réaliser des films sans obligation sociale ou historique.
Si des films comme Un Homme et son péché sont réalisés avec compétence, en tant que cinéphile, je me sentais un peu las de voir à quel point le cinéma d'ici prenait du temps à passer par-dessus le film social (ce que j'appelle souvent le cinéma "on est né pour un petit pain"). Pour un Maurice Richard qui vaut le détour, on a souvent produit quelques Survenant d'un ennui mortel, pour ne nommer que des grands succès.
Heureusement, en 1995, Jean-Marc Vallée est arrivé comme un rayon de soleil dans le paysage du film québécois, avec un premier film de genre moderne et assumé: Liste Noire. Depuis, s'il n'est plus si rare de voir un film de divertissement (au sens large, allons-y) au Québec, il ne semblait pas, jusqu'à très récemment, que ça soit si habituel que ça.
C'est pourquoi je suis si étonné d'avoir vu sortir sur nos écrans cet été une panoplie intéressante de films diversifiés, que l'on pense à De père en flic, Les grandes chaleurs, Grande Ourse, Les pieds dans le vide, 1981, Les doigts croches ou au récent 5150 rue des ormes.
On parle ici de films touchant divers genres, mais essentiellement de cinéma de divertissement, et de voir une offre aussi large pour un seul été fait plaisir au cinéphile que je suis.
Ainsi, malgré le nombre de film restreint que j'ai vu cette année, plusieurs d'entre eux se sont avérés être des films québécois. Je m'attarde donc ici sur trois d'entre eux, particulièrement bien réussis en ce qui me concerne.
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Le plus récent des trois est l'espèce d'étrange auto-bio-fiction de Ricardo Troggi: 1981.
Je m'attendais à un film portant un regard léger sur les années 80 en utilisant comme décor la cellule familiale du jeune Ricardo. Or le film fait exactement l'inverse: il traite de la cellule familiale et de l'environnement d'une année scolaire vus par la lorgnette biaisée du jeune Troggi à 13 ans, en utilisant les années 80 comme décor.
Si l'approche surprend (et en irritera plus d'un, c'est très égocentrique comme démarche si on y pense), le film réussi à dépasser cette prémisse de base et s'avère un agréable et fort comique film de coming of age. L'ensemble est léger et drôle, et c'est peut-être son (paradoxal) manque de prétention qui rend le film sympathique.
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Le second film que je tenais à souligner est la comédie De père en flic d'Émile Gaudreault. Ici encore, il faut souligner que le film n'est pas ce que laissait croire la promotion effectuée par son distributeur. On comprend bien que celui-ci ait voulu miser sur la popularité de Bon cop bad cop, et présenter le film comme une comédie policière, mais le long métrage de Gaudreault est surtout une comédie sur les relations père-fils, puisque l'enquête policière n'est qu'un prétexte et sert essentiellement de décor. Et comme comédie sur les relations père-fils, le film fonctionne parfaitement. La présence de l'humoriste Louis-José Houde s'avère un plus si on aime son style d'humour et sa manière de rendre ses personnages, puisqu'il ne diffère pas beaucoup de ce style pour camper son personnage et livrer ses répliques.
Le scénario comporte son lot d'idées amusantes - sans être totalement désopilant - et les dialogues sont drôles et bien rendus par les comédiens. On connait déjà le potentiel comique de Michel Côté et il est ici très bien utilisé.
Une fois encore, on ne parle pas d'un film prétentieux, l'intention est claire: on veut faire rire et le résultat est là, on rit, et beaucoup.
Certains seront irrités de la présence d'un humoriste dans un rôle principal (une fois de plus, on peut comparer avec Bon Cop... et Patrick Huard), mais on semble oublier que lorsqu'il ne s'agit pas d'une comédie, on oublie vite ces critiques (peu de gens trouvaient à redire sur la performance de Huard dans Sur le seuil, par exemple). Sans être un gage de succès (voir le box office de Cadavres, d'Érik Canuel), il est évident que la présence d'un humoriste très populaire au générique d'une comédie risque de donner un extra aux recettes du film. Toutefois, le bouche à oreille et la longue carrière du film en salle s'avère une preuve des qualités populaires du film et dépasse la simple présence de Houde au générique.

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Enfin, dernier film sur lequel j'attire votre attention - et non le moindre - c'est le gentil Les Doigts croches, de Ken Scott. Surtout connu comme le scénariste de La Grande Séduction, Scott réalisait donc son premier long métrage avec Les Doigts croches.
Et comme pour les deux films donc j'ai parlé plus haut, j'ai trouvé ce film parfaitement réussi, compte tenu de ses intentions. Tout d'abord, c'est fort bien écrit, les dialogues sonnent justes, sont amusants, et réservent quelques surprises bien trouvées. Les répliques savoureuses pleuvent et on se prend à se croire dans une sorte de film des frères Coen, en plus léger. Plusieurs trames et lignes de dialogues semblent d'abord superflues, mais au final, c'est ce genre de répliques qui donne de la substance aux personnages et qui rend le film aussi réussi. Scott écrit des films personnels, toujours remplis de personnages un peu tordus, mais néanmoins charmants et c'est encore le cas ici.
J'ai lu quelques critiques mitigées et ma foi, dans chaque cas, il semblait que le critique avait voulu voir un film différent de celui que Ken Scott avait décidé de faire. Pour ma part, je n'avais pas réellement d'attentes spécifiques, alors j'ai simplement laissé le cinéaste me raconter son histoire à sa façon et j'ai été fort heureux du résultat.
À la réalisation, Scott a eu l'intelligence de résister à l'envie de trop en faire et s'efface pratiquement, au profit de son groupe d'acteur expérimenté. J'ai parlé un peu plus tôt de Michel Côté, mais on oublie souvent combien Roy Dupuis a un excellent potentiel comique et Ken Scott l'utilise à merveille dans ce film.
Et puis je ne sais pas si c'est dans l'air du temps, mais il m'a semblé que ce film n'était pas prétentieux non plus (pour comprendre ce que je veux dire par là, par opposition, revoir - si vous êtes capable - La Neuvaine, ou Le Survenant, par exemple).
Le résultat est un film délicieux et sympathique, peut-être le meilleur film de mon été en ce qui me concerne. Drôle sans n'être que drôle, soigné sans être trop léché, personnel sans être égocentrique, j'ai trouvé que c'était une réussite à tous les points de vue.
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Bon, sur ce, je vous quitte en vous souhaitant bon cinéma... Il me reste encore à voir le plus récent des films de divertissement à arriver sur nos écrans, 5150 rue des ormes, d'Éric Tessier, sur un scénario de mon ami Patrick Sénécal (adapté de son excellent roman du même titre).
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Le geotagging ou "Small Brother is watching you!"

Je ne sais pas si vous connaissez ces nouvelles tendances, autant en blogue que sur Twitter, mais il semble que l'on puisse désormais suivre ses amis à la trace! Un téléphone cellulaire connecté à Internet en permanence, avec un compte Twitter et tous vos amis peuvent savoir où vous vous trouvez.
Le geotagging permet en effet d'associer un marqueur de lieu (geotag) à un billet sur un blogue, ou à un commentaire sur Twitter, par exemple.
Alors que tout le monde s'inquiète de l'omniprésence des caméras de surveillance, et du fantôme de Big Brother is wathing you, nous vivons paradoxalement à l'époque du small brother is watching you! En effet, on ne veut pas que les agences gouvernementales connaissent nos moindres gestes, mais on s'empresse de publier nos déplacements sur des réseaux communautaires publics!!
On dira que je suis mal placé pour juger, vu que je parle souvent ici de mes déplacements et activités diverses, mais on remarquera également que je parle rarement de ma vie privée (et qu'à peu près jamais un élément de ma vie privée est l'argument principal d'un billet). Je tente toujours de donner une allure journalistique à cet Esprit Vagabond. Personnelle, certes - c'est le principal avantage du format -, mais j'essaie d'éviter les billets de type égo-blogue.
Alors, est-ce moi, ou bien en cette époque de télé-réalité et de course au vedettariat instantané, trouvez-vous aussi que le monde est rendu un peu fou de tout vouloir dire et faire publiquement, en ligne?
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Note: Certains lecteurs pourront voir que ce billet a été géotaggé à titre de second degré expérimental. :-)

À travers les brumes

J'avoue que j'avais des doutes quand au film Dédé à travers les brumes. La mort de Dédé avait été un choc pour moi (à bien des niveaux, j'en avais glissé un mot ici l'été dernier) et je ne voulais pas d'un film qui glorifierais à la fois l'artiste et son geste qui pour certains, relève encore du romantisme.
J'ai donc mis du temps avant de voir le film de Jean-Philippe Duval, et je l'ai vu en vidéo, longtemps après sa sortie en salle.
Premier constat intéressant: Dédé, à travers les brumes est un film bien écrit et intelligemment construit. On embarque dans le film alors que Les Colocs se sont retirés en Estrie pour écrire et enregistrer leur troisième album (effort qui donnera Dehors Novembre) et en assistant littéralement à l'évolution de leur processus créatif et aux difficultés rencontrés, on plonge dans le passé du groupe et de Dédé par le biais de flashbacks.
Second constat, Dédé, à travers les brumes n'est pas une biographie, mais un film musical, au même sens que l'était The Doors, par exemple, et là où d'autres films éprouvent de la difficulté à bien intégrer deux genres (la musique et le cinéma), Duval - aussi scénariste du film - réussi à merveille à marier tous les éléments de son film.
Qu'il s'agisse de la musique des Colocs, des paroles de Dédé, ou d'emprunts au style visuel que les Colocs avaient développés dans leurs vidéos, le réalisateur manie et utilise ces éléments artistiques et livre un film dense, bien rythmé, profond, humain et respectueux des spectateurs et des sujets qu'il explore. Les difficultés personnelles de Dédé, les problèmes reliés au fonctionnement d'un groupe, le processus créatif ardu du groupe, les épreuves individuelles, etc., l'amalgame de tout ça semble tout à fait naturel, un véritable tour de force compte tenu de tout ce que Jean-Philippe Duval intègre dans son film.
Côté interprétation, Sébastien Ricard réussi à habiter un Dédé plus vrai que nature: on oublie qu'il s'agit d'un film, on croit assister à un documentaire, puis à la vie, tout simplement. Joseph Mesiano (que je ne connaissais pas) ne se contente pas de laisser la place à Ricard et campe avec aplomb un Mike Sawatsky complexe et attachant. Les autres acteurs sont tous excellents, mais ce sont ces deux-là qui donne de la profondeur à ce qui aurait été autrement une simple histoire filmée.

Enfin, notons le générique de début et l'introduction du film, qui avec la conclusion et le générique final, autour de la chanson Belzebuth, forme un véritable chef d'oeuvre de court-métrage qui encadre le film de manière absolument brillante et qui constitue une des meilleures idées que j'ai pu voir au cinéma cette année.
Alors si comme moi, vous étiez un fan des Colocs, si vous connaissiez un peu Dédé, voyez ce film, vous le trouverez fascinant, sans conteste.

Global photo challenge

Un mot pour vous inviter à consulter le site du concours de photo amateur Global Photo Challenge.
J'y ai soumis neuf photos, soit trois pour chacune des trois catégories du concours (Lieux, gens, environnement). Vous ne trouverez pas dans ces photos de clichés de voyage, le règlement du concours stipule que les photos doivent avoir été prise dans une ville canadienne.
Outre la participation (j'en prends régulièrement, donc j'avais une sorte de bassin où puiser des photos pour participer), il est fort intéressant de consulter le site et de voir ce qui se fait en photo amateur; pour les gens que la photo intéresse, on y voit de très jolies choses, et souvent aussi, des bonnes petites idées.
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jeudi 1 octobre 2009

Les lueurs du temps

Voici un petit montage historique et personnel.



La partie de gauche est une photo de mon grand-père Wilfrid, la partie de droite, eh bien c'est moi.
Je ne me souviens plus du moment où j'ai découvert cette photo de mon grand-père, mais j'en ai tout de suite adoré la composition et l'ambiance qui s'en dégage. J'ai gardé le tirage (un beau 8x10 en noir et blanc, une rareté pour ma famille à cette époque), en le plaçant dans un petit cadre qui m'a suivi pendant des années, malgré mon esprit vagabond. Je me souviens qu'il trônait dans mon bureau à la maison, il y a une dizaine d'années encore... Récemment, j'ai sorti cette photo de mes boites pour la laisser accrochée à un mur dans le sous-sol chez mes parents, où ils avaient déjà installés plusieurs photos antiques de divers de nos ancêtres.
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Pour les amateurs d'histoires et de données... La photo de mon grand-père semble avoir été prise à son chalet du rang 3 de Roberval. Je crois reconnaître la structure à toit en pente et les murs de planches de bois derrière. Le chalet a été détruit par un incendie il y a plusieurs années, alors impossible d'être certain. Considérant divers éléments ainsi que l'âge de mon grand-père sur la photo, elle aurait été prise aux alentours de 1984. Wilfrid avait environ 68 ans.
J'ai fait prendre ma photo, sur une impulsion, en voyant la lanterne, autour d'un feu de camp, à St-Côme, le 25 septembre 2009, lors d'un séjour en randonnée dans la région de Lanaudière. J'ai 43 ans sur la photo.
À peu près 25 ans séparent donc les deux photos.
Et à peu près 25 ans séparent les deux sujets au moment où ils ont été pris en photo avec une lanterne.
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