mardi 27 octobre 2009

Le développement humain et la coopération internationale

Je sais, un titre pareil ouvre la porte à un très très vaste sujet. (Et, pour les observateurs, ouvre un nouvel étiquette dans la liste de droite de ce blogue).
Ce billet se veut une introduction à mes réflexions récentes sur le sujet.
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L'ONU et l'Indice de Développement Humain 2007.
Il y a quelques semaines, l'ONU publiait son rapport annuel mondial sur le développement humain. Ce rapport, intitulé Lever les barrières propose un bilan annuel du développement humain, et une orientation ambitieuse proposant des changements majeurs (disons-le, idéalistes) aux pays de l'ONU, principalement aux pays à indice de développement humain très élevés.
C'est le cas du Canada, qui, comme l'année précédente, se classe au 4e rang de l'IDH 2007.
(Notez tout de suite que le rapport de 2009 publie les statistiques compilées et analysées pour l'année 2007).
L'indice de développement humain (IDH) est une mesure permettant de connaître le niveau de développement humain d'un pays. Il mesure le niveau atteint par les pays concernant la durée et la qualité de vie (espérance de vie à la naissance), l'accès à l'éducation (taux d'alphabétisation des adultes, taux de scolarisation des enfants) et le niveau de vie (PIB par habitant pondéré en terme de parité de pouvoir d'achat).
Comme les résultats du rapport de 2009 se basent sur des données de 2007, nous parlons ici de l'état du développement humain avant la crise économique mondiale actuelle. Le rapport de l'an prochain devrait intégrer plusieurs des impacts de cette crise sur le développement humain de nombreux pays.
Le Canada se classe 4e, donc, et ce, sur les 182 pays répertoriés par le classement IDH 2007.
Par comparaison, on peut noter que les premières places sont tenues par la Norvège, l'Australie et l'Islande, que les USA se classent 13e et le Royaume Uni 21e.
Personnellement, j'aime toujours regarder ce qui se passe dans mes pays visités, en particulier ceux où j'ai fait des projets ou connus des amis, ou où j'ai séjourné plus longtemps que pour ne passer qu'en tourisme pendant une semaine. Je remarque donc que plusieurs pays d'Amérique Latine (Argentine, Uruguay, Cuba, Costa Rica, Mexique) forment un groupe serré de la 49e à la 54e place (le Chili est 44e). On notera que la réputation qu'ont longtemps tenté de colporter les USA à propos de Cuba et du malheur d'y vivre semble erroné, puisque l'île des Caraïbes se classe parmi les meilleurs pays latinos.
Un second groupe (les Andes) est aggloméré entre la 77e et la 80e place (Colombie, Pérou, Équateur) et ferme à toute fin la marche des pays à IDH élevé devant le Liban, denier de ce groupe restreint.
Attendez... Pérou, Équateur, IDH élevé?
Oui. L'IDH est une donnée mathématique. L'indice se calcule comme une moyenne simple des trois éléments qui la composent et se chiffre donc entre 0 et 1. Question de perspective, la Norvège a un IDH de 0,971, le Canada, de 0,966. À 0,806, le Pérou est donc parmi les pays à IDH élevé.
Si quelques pays en développement ou en voie de développement se retrouve avec un IDH élevé, c'est que l'IDH ne mesure pas le développement économique pur, mais bien le développement des humains selon trois critères précis. On notera d'ailleurs que l'autre pays des Andes, la Bolivie, lui, est classé 113e (0,729), probablement à cause de son très bas taux d'alphabétisation et de sa faible espérance de vie à la naissance, deux éléments qui sont justement en train de changer avec le gouvernement Morales, mais dont on ne verra probablement des effets notables que dans une décennie en terme d'IDH.
L'autre secteur de la planète qui a attiré mon attention cette année, c'est évidemment le sud-est asiatique. Si je n'ai pas été surpris de trouver Singapour en 23e place et la Malaisie en 66e, je me suis rendu compte que la Thaïlande (87e) et le Vietnam (116e) étaient parmi les pays à IDH moyens, le Vietnam étant même passé derrière la Bolivie depuis quelques années.
Tout ceci est fascinant si le sujet vous intéresse déjà un tant soit peu. Ce qui attriste, malgré qu'on s'y attende évidemment si on connaît un peu la situation mondiale, c'est la présence de pratiquement tous les pays d'Afrique dans les pays à IDH moyen et faible. En fait, à part l'Afghanistan, le groupe de pays à IDH faible se compose entièrement de pays d'Afrique.
Cet état de fait est consternant et déprimant à la fois, puisqu'on ne voit pas, dans le fonctionnement de l'économie et de la gouvernance mondiale actuelle, de moyens à l'horizon pour vraiment aider à rétrécir l'écart entre les pays à IDH très élevés et ceux à IDH faibles.
(On arrive à peine à faire admettre à un grand nombre de pays industrialisés que la crise climatique existe, et on est encore loin de moyens réels et efficaces pour la combattre, alors le développement humain des autres...)
On pourrait croire que ce classement est symbolique, mais l'IDH mesure des données dont l'aspect concret est frappant. Par exemple, un enfant né dans un pays à IDH faible (Niger, par exemple) peut espérer vivre en moyenne jusqu'à 50 ans, soit 17 ans de moins que dans les pays à IDH moyen (Thaïlande, par exemple), et 30 ans de moins que les pays à IDH très élevés comme le Canada.
À 43 ans, cette statistique m'interpelle directement.
Le fait de simplement pouvoir vous écrire ce billet est un autre élément qui m'interpelle directement, puisque dans un pays à IDH moyen (Vietnam, par exemple), un adulte sur cinq est illettré. Dans un pays à IDH faible (comme le Mali), c'est un adulte sur deux qui est illettré. Un sur deux, et avec une espérance de vie de 50 ans.
Aussi, ceux qui pensent que le conflit Israëlo-palestinien lèse également les deux camps seront peut-être surpris d'apprendre qu'Israël est classé 27e en terme d'IDH (0,935), devant le Portugual, alors que les Territoires palestiniens occupés sont 110e (0,737), derrière le Sri Lanka.
Enfin, le rapport souligne également que malgré les améliorations constatés dans de nombreux pays au cours des deux dernières décennies de mesure, les disparités de bien-être dans les pays riches et pauvres continuent d'être grandes et d'augmenter.
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Un mot sur la coopération internationale.
La seule manière d'intervenir pour assurer un meilleur développement humain dans les pays qui souffrent de la situation actuelle, c'est que les pays qui ont un IDH élevé ou très élevé mettent l'épaule à la roue en venant en aide aux autres pays du globe.
Bref, la coopération internationale, une série d'actions qui peu prendre plusieurs formes.
les deux principales formes en place sont de nature monétaire, via l'aide publique au développement, et de nature humaine, sous forme de coopérants volontaires qui vont assister les organismes dans des pays en développement ou en voie de développement.
Il y a aussi des centaines d'initiatives personnelles (que j'appelle l'aide internationale individuelle), en plus des gens qui font des dons aux divers organismes d'aide internationale.
La coopération internationale a un long historique depuis la seconde guerre mondiale, et visiblement, les actions entreprises n'ont pas suffit à atténuer les écarts en terme de développement humain. Pourquoi?
Le Canada, 4e au classement de l'IDH 2007, est-il un pays qui donne l'exemple ou un pays qui tire de la patte?
Ça sera le sujet d'un prochain billet.
(à suivre).
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1 commentaire:

  1. C'est vrai bien d'accord avec toi, quand je vois le développement des USA, du Canada et de l'Europe qui donne tellement une bonne qualité de vie et un niveau de développement incomparable à leur population autochtone (Amérique du Nord) et Roms (Europe) j'ai vraiment confiance dans leur aide pour le développement du Sud.

    Les pays du Sud se sont développés pour la plupart si on compare d'un point de vue historique c'est mieux (dans la plupart des cas) qu'il y a 50 ans. Mais quand la population croit plus vite que le développement économique et humain c'est difficile de s'améliorer (sans même tenir compte des difficultés issues du colonialisme en Afrique, particulièrement le colonialisme français un vrai modèle quand on regarde le niveau de développement du Mali et du Niger).

    En fait, (et l'Église catholique l'a bien compris aussi) la voie du développement passe par l'éducation et le droit de vote aux femmes c'est un des meilleurs moyens à moyen et long terme pour diminuer tant la croissance démographique que les politiques stupides et destructrices.

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