mercredi 6 janvier 2010

Au Guate, toujours sur les traces du Che

Il y a 56 ans, le 31 décembre 1953, Ernesto Guevara arrivait au Guatemala. El Che allait demeurer huit mois au Guatemala – essentiellement dans la capitale – et ce séjour allait changer le cours de sa vie, et l’histoire d’une bonne partie de l’Amérique latine.
Trois ans auparavant, lors des élections de 1950, le président Arbenz avait été élu avec 65% des voix et promettant des réformes majeures au Guatemala et l’implantation de politiques qu’il qualifiait de « Socialisme spirituel ».
Un an avant l’arrivée de Guevara, Arbenz avait déjà entreprit les réformes, dont une importante réforme agraire, remettant les terres aux paysans, une politique fort controversée auprès des grandes sociétés américaines détentrices des terres agricoles du Guatemala, dont la United Fruit Company.

Pendant son séjour au Guatemala, Che Guevara allait rencontrer plusieurs idéalistes politiques, dont un groupe de cubain forcés à l’exil après l’attaque contre el cuartel Moncada de Santiago de Cuba. Un de ces cubains, Nico Lopez, allait lui présenter Raul et Fidel Castro. Trois ans plus tard, réunis au Mexique, ils allaient lancer les premières actions de la révolution cubaine, le reste est de l’histoire.
Mais auparavant, en juin 1954, le gouvernement Arbenz – toujours en train de faire sa « révolution tranquille », allait être victime d’un coup d’état fomenté, appuyé et financé par la CIA et le gouvernement américain. On accuse alors Arbenz d’être un communiste et la CIA reçoit le feu vert pour organiser le coup d’état qui mettra les militaires au pouvoir au Guatemala. Le directeur de la CIA de l’époque, Allen Dulles, était aussi un des administrateurs de la United Fruit Company…
La leçon que Che a tiré de cette période au Guatemala est claire: au lieu de négocier avec les Etats-Unis, il fallait lutter de manière armée si on voulait s’affranchir de la mainmise des grandes corporations américaines sur les ressources de l’Amérique latine.
Lorsque l’on voit où les actions de la CIA, du gouvernement américain et la mainmise des compagnies nord-américaines ont mené le Guatemala depuis ce coup d’état, on ne peut que constater à quel point Che était visionnaire.
Pour ma part, après avoir suivi les traces du Che lors de mes explorations de l’Amérique du sud en 2007, il est particulièrement intéressant de comparer ses observations du Guatemala avec mes propres observations de 2005 et de mon présent séjour. L'image du Che est présente au Guatemala, comme dans tous les pays latinos, mais elle est moins répandue que dans la plupart des pays que j'ai visité. Certes, le Che est plus populaire en Amérique du Sud, mais il reste que les idéalistes de gauche ont eu la vie très dure au Guate pendant la guerre civile, qui a été particulièrement meurtrière du côté des militants pour une politique sociale.
Aujourd'hui, force est de constater que le Che serait découragé – mais pas du tout surpris – de voir comment les choses ont tournées au Guatemala sous l’emprise de l’impérialisme économique du nord.
Et même si son modèle idéaliste n’a pas donné les résultats aussi merveilleux que ceux escomptés à Cuba, il faut admettre que malgré un embargo économique de 40 ans, l’île des Caraïbes est tout de même arrivée à mieux s’en sortir que le Guatemala et à mieux supporter l’ensemble de ses citoyens. Tant au niveau de la sécurité, de l’éducation que de la santé, Cuba fait mieux que les pays dominés par une économie et des politiques de droite, le Guatemala faisant office de parent pauvre de l’Amérique latine à presque tous les niveaux.
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[Photo: Impression d'un photo de Che avec Fidel, affichée au mur d'une école d'espagnol de Quetzaltenango.]

1 commentaire:

  1. Istvan11:19 AM

    Très intéressantes tes observations sur le Guate et elles vont dans le même sens que mes conclusions : un pays d'une richesse incroyable (tant culturelle que de la diversité des régions du pays) mais miné par des problèmes structurels qui le maintiennent dans la pauvreté économique.
    La comparaison avec Cuba démontre que la différence dans le développement se pose surtout dans l'éducation de la population. Le régime communiste cubain deviendrait plus démocratique, et on peut supposer que le pays, en une dizaine d'années, pourrait améliorer son sort.
    Dans le cas du Guate, si rien ne change, j'ai malheureusement l'impression que la situation ne s'améliorera pas beaucoup d'ici 10 ou même 20 ans...

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