samedi 13 février 2010

Au pays des Zapatistes

S'il y a une chose qui m'a marqué à propos du Chiapas, c'est le nom et ce qu'il représente aux yeux d'un voyageur qui n'en était pas encore un lorsque l'état du Chiapas faisait les manchettes même chez lui au milieu des années 90.
Le Chiapas, c'est l'état des Zapatistes.
Je me demandas si cette époque était définitivement révolue ou si le Chiapas conservait encore des traces de l'affrontement entre l'EZLN et les autorités mexicaines...
En 2007, alors que je me trouvais à Campeche, dans l'état voisin, il y avait des notices officielles invitant les voyageurs à visiter le Chiapas, mais avec prudence. L'état était ouvert au tourisme, mais sous réserve d'une certaine prudence.
Trois ans plus tard, les choses semblent définitivement sécuritaires pour le voyageur - en autant que les Zapatistes soient concernés.
(Nous sommes au Mexique, après tout, et même si le pays est moins violent ou corrompu que le Guatemala, on n'est définitivement pas en France ou au Canada, ne l'oublions pas).
Les Zapatistes (Ejercito Zapatista de Liberation Nacional - ou L'Armée de Libération Nationale Zapatiste) existent toujours. Il ne s'agit plus de guerrilla, ni d'armée révolutionnaire, mais l'idéologie zapatiste est toujours présente au Chiapas, et à San Cristobal de Las Casas.
Originalement, ils ont obtenu leur renommée lorsque sous le leadership du sous-commandant Marcos, ils ont pris la cité de San Cristobal de Las Casas après un siège de 12 jours le premier janvier 1994. (Marcos était en fait un universitaire aux idéaux marxistes).
Le mouvement se réclame d'Émiliano Zapata, une figure légendaire de la lutte des droits des minorités au Mexique du début du 20e siècle. Zapata, comme Pancho Villa, était un des leader de la révolution mexicaine. Les Zapatistas clamaient donc haut et fort leur allégeance de gauche en nommant leur mouvement du nom de Zapata. L'EZLN réclamait pour le Chiapas une réforme agraire et une meilleure justice sociale pour les indigènes mayas (déjà vu?). Près de 10 000 mayas supportaient ouvertement le mouvement zapatiste et plusieurs se réclament encore de ce mouvement aujourd'hui.
Si Zapata a été assassiné sous les ordres de Carranza, qui avait su profiter de la mésentente entre Pancho Villa et Émiliano Zapata pour prendre le pouvoir en 1917, les Zapatistes ont fini par négocier un traité de paix avec le gouvernement mexicain après des mois d'occupation en 1994.
Aujourd'hui, San Cristobal est une ville libre pour quiconque veut y passer un jour ou un mois. Par contre, il est impossible de se balader en ville sans rencontrer ici ou là des images qui rappellent le passé récent de la ville, et le support des gens du Chiapas au mouvement zapatiste.
Quelques photos:
Dès mon entrée au Chiapas, via Ciudad Cuauhtemoc, je savais que j'entrais dans un état où je n'aurais pas pu mettre les pieds 12-15 ans auparavant. Ces endroits dans le monde sont nombreux - je pense à Berlin-Est que j'ai visité en traversant la Porte Brandenburg, ou encore à Bratislava, ou encore à l'ensemble du Vietnam, par exemple. C'est toujours un sentiment fascinant que de passer de l'autre côté de l'histoire récente.


Comme pour me confirmer cette impression d'arriver dans un état où la guerrilla n'appartient pas à un lointain passé, le premier signe de vie passé la frontière est une poste de contrôle militaire. On notera que ces militaires-ci ne sont pas si effrayant, avec leur grand sourire et le melon d'eau qui trône sur la table devant l'un d'eux. Évidemment, je n'étais pas sensé avoir le droit de prendre cette photo, j'ai joué d'astuce...


La ville de San Cristobal de Las Casas, occupée pendant des mois par les Zapatistes, possède un système de noms de rue chargée d'histoire. Une fois passé les nombreuses rues commémorant des dates historiques, on peut aussi noter des noms de rues évocateurs comme "Les enfants héros" ou encore ces deux-ci, qui se croisent non loin du zocalo; Insurgentes (Les Insurgés) et La Libertad (La Liberté).


Sinon, la ville affiche son lot de graffitis. Si la plupart sont des imbécilités habituelles des taggeurs sans grand talent, on repère ici et là des messages politiques, comme celui-ci qui réclame la libération des prisonniers politiques.


L'image même de Zapata est omniprésente en ville. Lorsqu'il ne s'agit pas de cartes postales, de souvenirs ou autres babioles à l'effigie du révolutionnaire, on croise un restaurant comme celui-ci: Rincon Zapata. Il y en a un autre portant un nom directement emprunté au héros mexicain: Emilianos' Moustache.


L'image des manifestants masqués qui est associée aux Zapatistes de Marcos est aussi omniprésente dans les rues de la ville.


La culture générale et l'industrie du divertissement ne sont pas en restes, puisque l'idéologie zapatistes est encore très forte au Chiapas. Il n'es pas étonnant de tomber sur des bars comme La Revolucion, par exemple, en plein coeur du centre-ville touristique.


Si les graffitis sont légion dans la ville - il y en a partout - certains semblent confondre un peu leurs héros et leurs images. Sur ce mur où l'on peut voir divers personnages anarchistes - dont un en bas à droite présente un manuel de fabrication de bombe - un illuminé a placé quelques têtes de Darth Vader...


Les touristes peuvent aussi faire leur part pour soutenir les Zapatistes, puisque plusieurs boutiques en ville se réclament ouvertement du mouvement, ou supportent ouvertement l'idéologie. C'est le cas des Femmes Zapatistes, qui vendent de l'artisanat et des produits dérivés comme des T-shirt ou des Cartes postales représentant les actions du mouvement ou encore le sous-commandant Marcos.
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