jeudi 25 mars 2010

Salmigondis cinématographiques

Je profite du printemps qui hésite - et d'un contrat qui m'occupe beaucoup - pour m'isoler un brin, reprendre mon souffle entre deux voyages (je devrais repartir cet été) et jouer à l'ermite-amateur de cinéma. Je loue donc régulièrement des films et va un peu plus souvent au cinéma, question de renouer avec un de mes arts favoris.
Si ces retrouvailles avec le 7e art ont été fabuleuses avant les Oscars - j'ai vu une douzaine de films en deux semaines, dont la plupart étaient excellents - la cuvée actuelle de cinéma et DVD m'a parfois laissée sur ma faim (surtout au début) mais ça s'est amélioré avec les visionnements.
Le premier film décevant que j'ai visionné a été The Box. La prémisse est intrigante et le film est réalisé par celui qui nous avait donné l'excellent (et culte) Donnie Darko. J'avais donc un minimum d'attentes... Si la première moitié est correctement menée et installe une intrigue satisfaisante, le film s'essouffle ensuite et s'embourbe même dans des considérations qui frôlent le n'importe quoi. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris - et peut-être que si j'ai raté l'explication principale, j'ai raté l'intérêt du film - mais je suis habituellement assez bon à décoder les intrigues tarabiscotées et ma foi, le film était malheureusement du genre qui se détériore avec chaque scène, et avec une fin qui, sous le couvert de la surprise mouillée, laisse un goût amer en plus d'être plutôt prévisible et convenue.
Le même soir, j'ai eu beaucoup plus de plaisir à voir le pourtant moyen Whatever works, de Woody Allen. Le cinéaste retrouvait New York après ses films européens, et retrouvait aussi ses tics et habitudes de comédie socio-romantique dominée par un personnage sarcastique et misanthrope. Ces redites sur divers thèmes déjà explorées par Woody font de Whatever works un film moins intéressant que les récents Match Point ou Vicky Cristina Barcelona, par exemple. Par contre, même un Woody moyen comporte son lot de bons moments et de petites trouvailles de réalisation et de scénario. Je retiens ces deux échanges parmi les bons moments du film:
"I was almost nominated for a Nobel prize.
- Yeah, that's right, what was it for, Best Picture?"
et
"Take me some place fun!
- What about the Holocaust Museum?"
Le meilleur des films loués récemment s'est avéré une surprise. Je ne m'attendais pas nécessairement à ce que m'a offert The Informant, de Steven Soderbergh, avec Matt Damon. Un petit bijou comique et délirant qui camoufle plusieurs styles de films en un divertissement fort plaisant à visionner. L'interprétation de Damon est savoureuse, mais ce sont les multiples répliques délirantes et décalées qui passent par la tête de son personnage qui donnent une couleur particulière à un scénario qui vous surprendra peu importe vos attentes. Je ne sais pas si le film a été bien accueilli à sa sortie cinéma, mais son visionnement en DVD vaut amplement le coût de location. Et, fait intéressant, le film procure l'effet inverse de The Box: il ne cesse de devenir meilleur avec les minutes qui passent.
Damon est aussi bon au cinéma, dans Green Zone. La bande-annonce laissait presque croire qu'il s'agissait d'un autre volet des aventures de Jason Bourne, puisque l'acteur est, une fois de plus, dirigé par le cinéaste Paul Greengrass. J'avais donc un peu peur que Green Zone ne souffre de la comparaison - je suis de ceux qui ont adorés les deux Bourne signés Greengrass. Si la réalisation très réaliste rappelle le style particulier du cinéaste, le sujet, lui, laisse rapidement l'effet Bourne de côté au profit d'un scénario bien ficelé, d'une crédibilité dérangeante et supporté par des personnages bien développés dans les circonstances.
Après l'Oscar de The Hurt Locker et les enquêtes publiques au Royaume Uni, Green Zone arrive alors que son sujet est criant d'actualité, ce qui fait profiter le film d'un cran de réalisme supplémentaire. Et comme l'action ne manque pas non plus, Green Zone s'avère pour le moment un des meilleurs films que j'ai vu en 2010. (Ultimement, le film possède les mêmes qualités que les autres collaboration de Damon avec Greengrass, alors si vous aimez le genre, vous ne serai pas déçu par Green Zone).
Du côté du Québec, j'ai pu voir un film d'un tout autre genre: Les 7 jours du talion, de Podz, réalisé à partir d'un scénario de Patrick Senécal (adapté de son roman).
Je me réserve le sujet de ce film pour un billet plus détaillé, alors je me contenterai ici de dire que si vous aimez le genre de Patrick, si vous avez aimé le roman, et si vous savez à quoi vous attendre, vous ne trouverez pas que le Talion fait les choses à moitié. C'est certainement la meilleure adaptation qu'il était possible de faire de cette histoire noire et dure. Je pense entre autres à l'absence de trame sonore, à la direction photo (le film est presque en noir et blanc) et aux nombreux effets de mise au point. Podz s'avère le réalisateur qu'il fallait pour tourner Les 7 jours du talion. Par contre, si vous cherchez un feel good movie, passez votre chemin et attendez un autre soir pour voir Le Talion.
(Par un étonnant concours de circonstances, lors de mon passage au Lac St-Jean, j'ai vu Le talion dans le même cinéma où j'avais vu 5150 rue des ormes l'automne dernier).
Voilà pour le moment... J'ai raté l'occasion de voir Los Abrazos rotos de Almodovar, mais je me reprendrai très bientôt, puisque j'adore ce qu'il a fait auparavant, et que Penelope Cruz est rarement aussi fascinante que dans les rôles qu'elle interprète pour le réalisateur espagnol.
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