samedi 31 juillet 2010

Tanger, entre Rome, Carthage, les chats et les caméléons

Une autre soirée en solo avec un peu de temps, exceptionnellement.
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Ce matin, après m'être déniché une buanderie pour y laisser quelques vêtements, je suis parti vers la gare ferroviaire. L'agréable petite marche le long de l'avenue Pasteur puis du boulevard Mohammed V, en pente douce, et à l'ombre, s'est malheureusement transformée en quête de la gare, au soleil tapant déjà à 10h, dans un quartier en plein chantier. La gare en question était un peu plus loin que ce que j'avais estimé, et, 3km après avoir quitté l'abri de l'ombre confortable des édifices du boulevard, je me retrouvais enfin devant l'édifice, situé au milieu de nulle part et entouré de grues et d'un étrange cirque installé dans un champ avoisinant. À l'intérieur, trois minutes ont suffit pour acheter un billet pour le train de demain matin en direction de Casablanca, où je dois rejoindre Suzie qui arrive du Burkina après-demain matin.
En sortant de la gare, la dernière chose que je désirais faire était de remonter en plein soleil cette longue pente de 3km vers le centre. J'ai donc pris un petit taxi. (à la différence d'un grand taxi, nuance importante au Maroc). Mon chauffeur ne parlait qu'arabe. Je lui ai demandé s'il connaissait la Place de France. "France? - Oui, Place de France, vous connaissez? - France? - Oui". Il pointe son doigt en direction du centre-ville, alors je hoche la tête et monte à bord.
Il démarre et je tente de boucler ma ceinture. Il me fait signe que non. Peut-être la ceinture est-elle défectueuse, alors je tente malgré tout de boucler la chose, mais il insiste: non! Hum, je laisse tomber la ceinture. Peut-être doit-on absolument faire le trajet entre les mains d'Allah? Impossible de savoir, puisque je ne parle que 3 mots d'arabe. Huit minutes et neuf dirhams plus tard, je débarque au belvédère de la Place de France.
Je remonte l'avenue de Belgique, pour m'approcher de la plus grande mosquée du centre de Tanger. Je n'y vois aucun nom officiel - difficile de deviner, puisque les mosquées ne sont pas dédiées à des saints comme les églises et que les rares inscriptions y sont toutes en arabe.
Comme il est toujours tôt, je décide de retourner à la kasbah, puisque la veille, Ahmed était un peu pressé de filer vers les boutiques de souvenirs et il paraît que l'ancien palais se visite. Je plonge donc dans la medina et zigzague au hasard, en tentant de conserver la direction générale (grâce au soleil qui n'est pas encore trop haut) vers la kasbah. Je me perd, tourne en rond, croise un nombre étonnant de chats - y a-t-il quelque chose de particulier avec les musulmans et les chats, ou les marocains et les chats? - puis abouti enfin aux escaliers me menant à la kasbah.
L'ancien palais a été transformé en musée archéologique et la visite du musée est donc du coup une visite du palais. Pour 10 dirhams, c'est une visite vraiment intéressante, puisque la région de Tanger a été occupée dès la période phénicienne il y a pratiquement trois millénaires. Les artefacts romains sont également nombreux, parmi lesquels un splendide plancher en mosaïque de Volubilis, qui rappelle ceux d'Italica.
En sortant de la kasbah, je remonte la côte vers un promontoire rocheux d'où on a une vue absolument spectaculaire sur le détroit et l'océan Atlantique. Le promontoire est aussi le lieu de tombeaux puniques dont on ne voit plus que les formes creusées à même la roche. Le très fort vent qui règne sur le promontoire est le bienvenu et l'endroit semble d'ailleurs un lieu où les gens du coin viennent pour respirer et méditer.
De retour le long des murs de le medina, je me fait proposer par un gamin un paquet de mouchoirs pour 2 dirhams. Sans vouloir entrer dans les détails, disons que le modèle de toilette le plus répandu à Tanger semble être le modèle turc, et sans papier. Les mouchoirs seront donc certainement utiles à un moment donné. Alors que je sors mes 2 dirhams, un autre gamin se pointe et me refile un paquet de mouchoirs directement au creux de mon bras. Le premier garçon se fâche, lui crie après en arabe et lui refile un coup sur la tête! Je lui dis de se calmer, que je vais aussi lui en acheter un (à ce prix là), mais il ne parle pas français (autrement que pour informer ses clients potentiels du prix des mouchoirs, qu'il prononce "deuze"). Je lui fais signe de se calmer, alors qu'il ramasse les mouchoirs de son concurrent et les lui balance à la figure. Il hurle alors vers une dame (sa mère?) mais elle me voit et comprends mon intention, puisque je lui prends un paquet des mains en lui remettant deux pièces et fais de même avec l'autre gamin. Ils repartent tous les deux contents... et trois autres m'accostent rapidement, deux avec des mouchoirs et un avec des tortues à oreilles rouges. Il est évidemment hors de question que j'achète une tortue vivante (il y a vraiment des touristes qui en achètent??), et je tente de faire comprendre aux autres que j'ai maintenant assez de mouchoirs. Après quelques dizaines de mètres, ils abandonnent donc à leur tour. Plus loin, un autre jeune s'approche avec deux petits paniers d'osier dans les mains. Il en ouvre un et me propose un caméléon. Même argument que pour les tortues, évidemment. Dommage, remarquez, le caméléon était sympathique et étonnamment coloré, et je suis sur que Sophie aurait bien aimé ça l'avoir en cadeau, mais Martin n'aurait probablement pas approuvé, ni les douanes canadiennes d'ailleurs.
Je me déniche quelques frites pour dîner et je croise alors un groupe de jeunes, deux gars habillés en jeans et T-shirt et trois filles, dont deux portent une robe traditionnelle et un voile au design mode ne cachant pas beaucoup leurs cheveux. Elles ont les yeux maquillés et du rouge à lèvres. Au moment où elles s'éloignent, une des filles dit au garçon, en français: "Pourquoi tu me parles en arabe, je comprends rien de ce que tu dis!".
Après le dîner et une petite sieste, je m'en vais visiter l'église St-Andrews, une église anglicane près de mon auberge. La petite église est étonnante, car son architecture et sa décoration sont d'inspiration musulmanes. Et je ne parle pas ici d'un ancien édifice converti, mais bien d'une construction originale. En m'y rendant, je me souviens avoir lu qu'un peintre français avait fait un tableau avec cette église, lors d'un long séjour à Tanger. C'était qui déjà? Pissaro, Matisse, Cézanne? M'en souviens plus. L'église est fermée, mais un monsieur se trouve juste à la porte et m'ouvre pour que je puisse visiter. L'intérieur de l'église est fascinant, en particulier la prière chrétienne écrite en arabe tout autour de l'arche qui s'ouvre vers le choeur. Le gardien m'invite à m'avancer, et allume les lumières pour fournir un meilleur éclairage pour ma photo. Il parle un peu français et m'informe qu'il arrive qu'une messe soit célébrée en français dans l'église. Puis, il me montre le plafond de la nef, à caisson de bois absolument splendide et m'invite à faire un don avant de sortir. Dehors, je  me dirige vers le clocher de l'église. À mes pieds, il y a une chaîne qui traine par terre. Étrange. La chaîne part d'un poteau... et disparaît dans un buisson, d'où sort un chien de garde qui me fixe droit dans les yeux, la gueule entr'ouverte. Hum. Je lui souris: "Hola le chien". Aucune réaction. Je sais que je ne dois pas lui tourner le dos, alors je lui dis fermement: "Bon chien, je m'en vais maintenant. Bye bye!", Puis recule un peu, puis plus, puis plus, puis... il s'élance, alors je lui crie: "Stop!" en me reculant assez pour qu'il soit au bout de sa chaîne, aboyant et grondant. Hum. Avoir su que leur chien de garde m'attaquerait, j'aurais peut-être donné moins généreusement à l'église.
En fin d'après-midi, je remonte vers la Place de France à la recherche de bière. La Fine Bouche est fermée le samedi mais je déniche un autre vendeur d'alcool où je me procure quelques Heineken bien froides. À la télé, les informations sont en français et il y a un reportage sur la disparition des cinémas au Maroc. On pointe du doigt les nombreuses chaînes de télé, mais surtout les DVD pirates que l'on peut se procurer sur la rue pour 8 dirhams. En sortant du magasin, je m'éloigne de quelques rues pour explorer le secteur et me trouver un resto qui vend des shawarma (j'ai vu les deux orthographes; chawarma, alors) pour emporter.
Une fois mon souper en main, je passe devant le Cinéma Mauritania, un édifice déglingue qui laisse croire que le cinéma est fermé depuis des lustres. Au coin de la rue, j'ai la surprise de constater qu'il n'en est rien; il affiche même deux films de Bollywood en programme de la soirée. Je tourne le coin pour retourner vers la rue de Hollande, passe devant un revendeur de DVD et CD pirates à 8 dirhams et m'arrête à la buanderie pour récupérer mes vêtements. Je croise un jeune homme portant un T-shirt avec l'inscription: "Je suis musulman, pas de panique!".
En arrivant à l'auberge, j'informe le réceptionniste que j'ai l'intention de prendre une douche. Il me demande cinq minutes, le temps d'allumer le chauffe-eau. J'organise mes bagages pour le lendemain, prends une douche, puis déguste mon shawarma avec une bière. Comme c'est la traversée du lac St-Jean à Roberval, je tente de syntoniser la webdiffusion de l'événement, mais sans succès. Je pourrais faire une recherche pour identifier le peintre français qui a habité Tanger, mais je suis trop paresseux. Je lirai donc un peu avant de me coucher alors que les muezzins des trois mosquées des environs font une fois de plus l'appel à la prière.
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Photos: 1-Rue de Belgique: Mosquée et drapeau du Maroc. 2-Porte de la medina, entre la rue de la kasbah et la rue d'Italie. 3-Portique intérieur de Dar el Makhzen. 4-Promontoire rocheux, détroit et Atlantique. 5-Arche intérieur de St-Andrews, entouré de la prière chrétienne en arabe. 6-Mauritania Cinéma.
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Quelques autres photos:


Medina, où on retrouve étrangement plusieurs plaques indiquant les noms de rue (ici, rue Alexandre Dumas). je me demande à partir de quand dans l'histoire de Tanger on a abandonné cette bonne habitude.


Touristes (?), muraille extérieure de la kasbah.


Plancher en mosaïque récupéré de l'ancienne cité romaine de Volubilis. Dans le palais de Dar el Makhzen.


Tombeaux de l'époque carthaginoise.


Un des nombreux chats de la medina.


Grand Socco, un peu avant midi.


Église St-Andrews, avec son drapeau écossais.


La kasbah et le nord de la medina, avec le minaret de sa mosquée privée.
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vendredi 30 juillet 2010

Mon arrivée au Maghreb

Vous êtes chanceux, j'ai un peu de temps en solo ce soir, et dispose d'un accès internet à domicile.
Profitez-en, ça n'arrivera probablement pas souvent au cours des prochaines semaines.
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Je suis donc en Afrique. Au Maghreb, plus précisément, ce qui n'est pas l'expérience africaine la plus intense qui soit - je n'ai qu'a penser à Ouagadougou, par exemple. Je ne me sens pas plus différent que lors de mon premier pas en Asie ou en Amérique du sud, mais je suis néanmoins dépaysé.
À mon arrivée au nouveau port, j'ai pris une navette vers le vieux port, et de là, me suis orienté à la recherche d'un hébergement. Le premier établissement dont j'avais une référence était complet. Un type travaillant là m'a accompagné malgré moi pour me montrer un autre hôtel, meilleur et moins cher (soupir). ne voulant pas être impoli, je l'ai suivi et l'hôtel en question était aussi complet pour des simples (quelques doubles étaient disponibles). Mon nouvel ami a négocié un prix pour moi (en arabe) et m'a informé que je pouvais avoir une chambre pour 300 dirhams *, bien au-delà de ce que j'étais prêt à mettre avec les notes et références dont je disposais. Je l'ai remercié, et comme il a compris que je n'étais pas né de la dernière pluie, il m'a abandonné. je ne savais plus exactement où j'étais, j'ai donc navigué au pif dans les rues zigzagantes entre la plage et la medina.
L'absence de nom de rues aux croisements, et l'absence de numéros sur les portes ne rendaient pas le repérage facile. Il faisait alors une chaleur intense, et Tanger est une ville tout en collines, alors je me suis perdu en gravissant une rue jusqu'à une place relativement moderne. J'ai consulté ma carte, et tenté de trouver un nom de rue, mais en vain. Un nombre impressionnant d'agents de la circulation sont présents sur les rues ici. J'en ai alors interpelé un, pour lui demander si la rue devant nous était bien Salah Eddine el Ayoubi. Il m'a simplement répondu: "oui", et j'ai perdu son attention. J'ai entrepris de descendre la rue à la recherche d'une auberge dont j'avais l'adresse sur cette rue, mais l'absence totale de numéros sur les portes me compliquait la vie. Enfin, après avoir trouvé deux numéros, je me suis rendu compte que ça ne faisait aucun sens avec l'adresse que je cherchais. J'ai donc rebroussé chemin vers la place, puis tourné à droite pour interpelé un autre agent, en lui demandant précisément s'il connaissait cette rue, ou même l'auberge en question. Une série de réponses aussi étranges que déroutante m'ont presque fait croire qu'il ne me parlait pas français, ou bien ne comprenais pas le mien. "La rue Salah Eddine el Ayoubi, c'est par là? - Non, plus loin. - Et la pension Madrid, vous connaissez? - Oui, c'est pas un hôtel, c'est une pension. - Et vous savez c'est où? - Oui, plus loin. Place du 9 avril, place du 9 avril, vous trouverez tous les hôtels que vous cherchez là. - La pension Madrid est à la place du 9 avril? - Oui, tous les hôtels sont là. Ici, rue de Belgique."
Ma carte ne montre aucune Place du 9 avril. Ni de rue de Belgique. Je n'ai pourtant pas marché assez pour être sorti de la carte depuis mon passage à l'hôtel Nabil, mon dernier point de repère officiel. Je rebrousse donc chemin vers la place et fini par découvrir un panneau qui m'informe que c'est la Place de France. Je me repère donc sur ma carte - j'ai marché au moins 300 m de plus que j'avais estimé dans les rues en pente. Je me dirige vers une autre auberge dont j'ai une référence, plus près d'où je me situe que la Madrid. Je l'atteins en deux minutes, puis prends une chambre privée (avec évier, et wi-fi, mais douche et toilette communes sur l'étage), pour 150 dirhams *, la moitié du deal que mon ami de tout à l'heure m'offrait. Je dépose mes bagages, me rafraîchi un instant, me réhydrate, puis part explorer vers le centre de la vieille ville.
Je suis arrivé à Tanger avec un timing intéressant, puisque ce 30 juillet, c'est un jour semi-férié, car c'est la fête du Roi Mohammed VI. Pour l'occasion, le Roi lui-même est en ville, et par hasard, alors que je descend le boulevard Pasteur, le cortège royal passe devant une petite foule applaudissante aux abords du boulevard. Le roi, à moitié sorti de son véhicule officiel par le toit ouvrant, fait des salutations à la foule. Je sors mon appareil pour immortaliser l'événement, mais un agent de la sureté nationale m'indique clairement que c'est interdit.
(J'ai levé mon appareil, l'agent s'est matérialisé à mes côtés, a pris mon appareil dans sa main gantée en me disant: "Non, désolé". Il a relâché l'appareil une seconde plus tard, le cortège poursuivant son chemin).
La medina, qui est la ville marocaine d'avant l'arrivée des européen en force au Maghreb, est un étourdissant labyrinthe de petites rues et ruelles et passages, zigants et zagants dans tous les sens, avec des marchands ici, puis là, puis partout puis nulle part. On y entends surtout de l'arabe, mais aussi de l'espagnol, du français et de l'anglais, l'ensemble mélangé à de la musique rai, aux appels à la prière des muezzins criant depuis quelques minarets et, plus étrange phénomène de tous, une version techno de Agadou-dou-dou (oui, ananas et moût le café). Traverser la medina est une expérience intense et dépaysante. De la Place de France, je m'étais dirigé sans trop de problèmes vers le Grand Socco (pour y apprendre que cet endroit est aussi nommé Place du 9 avril). De là, je suis entré dans la medina elle-même par une porte en arche, puisque l'ensemble de cette vieille ville est comprise dans une série de remparts, comprenant seulement quelques accès. Puis, j'ai décidé d'improviser au lieu de tenter de suivre le trajet de mon livre, qui m'expédiait vers le Petit Socco. Je me suis donc rapidement perdu dans le dédale des rues de la medina. Après un moment, j'ai réalisé que je devrais éventuellement sortir de ce labyrinthe, alors j'ai pris une direction générale et tenté de m'y tenir.
J'ai abouti à la kasbah (forteresse), où j'ai rencontré Ahmed. Ahmed m'a fait visiter le secteur de la kasbah, sa mosquée, ses remparts, et son château (Dar el Makhzen). J'atteins ensuite l'ultime porte en arche de la medina qui donne sur l'Atlantique. Ahmed m'informe que si je suis chanceux, je pourrai voir Gibraltar, de l'autre côté du détroit. Je note ma chance d'avoir passé la journée de la veille sur le rocher en question et souris intérieurement. Mais Ahmed désirait surtout m'emmener vers les boutiques pour que j'achète des souvenirs et des cadeaux. Malheureusement pour ce dépisteur de clients à commission, ce touriste-ci n'est pas ce genre de touriste-là. Ahmed l'a finalement compris et m'a laissé dans la vague direction du Petit Socco. De là, les rues sont plus larges (relativement) et il est donc facile de retrouver le Grand Socco et la sortie de la medina. C'est d'ailleurs dans ce secteur que les touristes se trouvent.
Je suis revenu par un chemin imprévu vers mon auberge, en faisant un détour dans une rue commerciale à la recherche d'un dépanneur pour me procurer quelques bières pour la soirée. Mais on ne vend pas de bière dans les tiendas de Tanger. J'imagine que c'est parce que la religion dominante est l'Islam, et que la vente d'alcool doit être plus encadrées que dans les pays d'Europe. Après trois magasins sans bière, je décide de m'informer, au risque de commettre un impair. Le gentil monsieur à qui je demande s'il vend de la bière me répond: "Non, non. Pas de bière. Fine bouche, hein? Au cinéma. Par là-bas." J'ai soudainement l'impression d'être chez les Ch'tis. Moi, une fine bouche? Aller au cinéma pour m'acheter de la bière?Je trouve paradoxal mais amusant d'avoir plus de problèmes de communication ici que lorsque je me retrouve en pays anglophone ou hispanophone.
Je marche quelques minutes dans la direction indiquée, puis j'aperçois effectivement un cinéma (Cinéma de Paris, une salle qui passe Predators). J'observe les environs et comprends tout à coup de quoi il est question. Il y a une sorte de grande épicerie - avec des bouteilles de vin en évidence sur des étagères - juste en face. "Épicerie Fine Bouche", dit l'affiche.
Dans les rues de la ville, on rencontre des gens aux habits traditionnels, autant hommes que femmes. Certains optent pourtant pour des vêtements occidentaux, autant les hommes que les femmes. Il n'est pas non plus rare de croiser deux amies, l'une en jeans court et camisole légère, l'autre en robe traditionnelle et hijab.
De retour à mon auberge, je prends une douche glaciale. Il y a de l'eau chaude, mais il faut d'abord prévenir le réceptionniste que l'on va se doucher, pour qu'il allume le chauffe-eau. Je ne me suis pas préoccupé de faire cette demande, puisqu'avec la chaleur de la journée, l'eau glaciale était la bienvenue.
Tanger est donc une ville où il fait chaud. Très chaud même. Comme c'est aussi une ville achalandée, c'est intense à la fois en nombre de personnes qu'en nombre de véhicules. Car si les rues de la medina sont pour la plupart trop étroites pour permettre la circulation automobile, le reste de la ville est marqué d'un trafic dense, bruyant et polluant. Les nombreux agents de la circulation usent donc du sifflet à qui mieux mieux dans une cacophonie chaotique d'une inefficacité quasi comique. La ville est aussi humide et recouverte d'un épais smog qui empêche de voir très loin dans le détroit. D'ailleurs, on ne voyait pas Gibraltar du promontoire de la medina sur l'Atlantique.
Enfin, je me suis déniché une pizzeria-chawarmaria qui m'a préparé une très bonne pizza végétarienne sans oignons, que j'ai dégusté avec mes deux lager Casablanca. Le gars de la Fine Bouche m'a d'ailleurs taquiné au moment de l'achat de ces bières, disant que je portais un T-shirt Heineken, mais que j'achetais autre chose. J'oublie souvent que je porte une marque, avec ce T-shirt vintage acheté dans un marché à Bangkok. Je lui ai répondu que je voulais surtout essayer une marque locale et il m'a assuré que la Casablanca était excellente. Il n'avait pas tort.
Je vous quitte là-dessus, les muezzins viennent de repartir la prière.
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Photos: 1-Vue éloignée de la medina. 2- Belvédère, près de la Place de France. 3-Arche, Grand Socco. 4-Rue de la medina. Notez comme les édifices sont plus étroits en bas, pour permettre les déplacements, mais comme ils empiètent sur la rue, à partir de l'étage. 5-L'affichage peut être un peu déroutant. 6-Hammam (bains publics, genre de spa) de la medina.
Et quelques photos supplémentaires:


Dans les rues de la medina.


La mosquée de la kasbah.


Dans la medina, un père lave ses enfants à la fontaine publique.


Rue de la medina. Notez à quel point les édifices sont rapprochés aux étages supérieurs, les volets se touchent à certains endroits.


Homme à la cane, rue de la medina.
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Post-scriptum: Vers 21h, après une première publication de ce billet, j'ai décidé d'aller m'acheter une autre Casablanca. J'ai alors découvert que le centre-ville de Tanger pouvait également être intense en soirée, une mer de piétons envahissant les rues et bloquant le trafic. J'ai aussi compris qu'avec le changement de fuseau horaire, j'avais perdu une heure de clarté le soir depuis l'Espagne.
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* Calculez environ 8 dirhams pour un dollar canadien.

L'Esprit Vagabond en vacances,et sur un nouveau continent

La fonction première de ce billet est de vous informer que je prends deux semaines de vacances.
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Au moment où vous lirez ceci, je serai sur un bateau qui me mènera du port d'Algeciras, en Espagne, à celui de طنجة (Tanger), au Maroc. Je devrais être au Maroc jusqu'au 18 août prochain.
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Exceptionnellement, donc, je ne prévois pas publier de billets pendant mon séjour au Maroc. Il est possible, si jamais j'ai un accès wi-fi dans une chambre d'auberge pendant mon voyage, que je publie quelque chose. Je n'exclus pas l'idée, bien au contraire.
Mais ce séjour au Maroc est exceptionnel à plusieurs points de vue, et c'est pourquoi je ferai exception à mon habitude.
Premièrement, on parle ici d'un séjour circonstanciel, et non d'un de mes habituels longs séjours de découvertes et d'explorations. Si je me rends au Maroc, c'est d'abord parce que mon amie Suzie, qui termine bientôt son stage au Burkina Faso, y fera escale pendant deux semaines avant de rentrer au pays. L'idée de voyager avec la complice de tous mes voyages, dans un nouveau pays, est déjà suffisant pour m'y rendre.
Mais comme j'y serai seulement deux semaines, je n'aurai évidemment pas du tout le temps d'explorer le pays comme je le ferais dans d'autres circonstances. Pour un voyageur comme moi, deux semaines dans un pays, même petit, c'est à peine assez pour explorer quelques villes et découvrir un peu la culture locale, mais loin d'être suffisant pour penser visiter tout ce que le pays peut offrir d'intéressant.
Enfin, comme il s'agira de mon tout premier séjour au Maroc, et de mon tout premier séjour dans un pays africain, je voudrai y consacrer tout mon temps et toute mon attention.
Ce faisant, je n'ai donc pas l'intention de chercher des cafés internet ou des points wi-fi, ni de consacrer une heure ou plus par jour au tri de photos ou la rédaction de billets pour ce journal en ligne.
Je me propose plutôt de revenir après ces "vacances" inhabituelles, vers la mi/fin-août, avec plusieurs billets rétrospectives sur mes découvertes du Maroc. (Accessoirement, ça me permettra de continuer à écrire sur ce journal après un retour à la maison, et contrer l'habituelle mélancolie du voyageur qui n'a plus rien d'intéressant à dire à son retour).
Mais si, en cours de route, je tombe par hasard sur un accès wi-fi dans ma chambre, alors il me fera plaisir de vous informer par un cours billet de l'évolution de mon aventure-expresse au Maroc.
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"...Pa una ciudad del norte



Yo me fui a trabajar

Mi vida la dejé

Entre Ceuta y Gibraltar..."


- Manu Chao, Clandestino.
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jeudi 29 juillet 2010

Le roc de Gibraltar

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Spectaculaire, il n'y a pas d'autres mots.


Le roc de Gibraltar tel que vu pour la première fois après le passage de la frontière, par son versant nord.


Vue du sommet nord et vue sur la Costa del Sol espagnole, à l'horizon.


Versant est du sommet sud.


Route, sommet sud et vue sur le détroit de Gibraltar.


Sommet central, sommet nord, plages et mer Méditerranée.


Pointe du sommet sud et mer Méditerranée.


Vue d'ensemble de la partie nord, basse ville, plage, et vue sur la ville frontalière, en Espagne.
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Certains habitants de Gibraltar

Suite de mes albums photos de Gibraltar... Je ne vais pas perdre mon temps à vous montrer les habitants "normaux" de Gibraltar. Je vais plutôt vous montrer une population sauvage de macaques de Barbarie, la seule population du genre en Europe.


Le macaque est un singe, et on en retrouve une asse bonne population à Gibraltar, vivant dans la réserve naturelle que constitue la montagne.


Ils sont amicaux, et pas trop timide, à quelques rares exceptions.


Mais il faut faire attention; ils ont tendance à chaparder la nourriture des touristes.


Et certains sont moins timides que d'autres.


Ils sont originaires d'Afrique, et le macaque de barbarie est aujourd'hui une espèce menacée.


Petite famille qui m'a laissé m'approcher vraiment tout près. J'ai eu la chance de voir deux bébés macaques lors de ma randonnée dans la montagne.


Celui-là venait de se faire chicaner par la responsable de la cafétéria; il attendait devant la porte qu'un touriste imprudent ou distrait ouvre sans l'avoir vu.
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La vue de Gibraltar

Suite de mes billets photos sur Gibraltar, avec quelques vues que l'on a quand on se trouve au sommet.


En haut, l'Espagne (Linea de la Concepcion). Au centre, la piste de l'aéroport de Gibraltar, que l'on doit traverser (il y a une rue et un passage piéton) pour se rendre en ville.


Vue sur la mer Méditerranée.


La baie de Gibraltar avec quelques navires. À droite, on peut voir l'Espagne (près de Algeciras). À l'extrême gauche, le mont Jebel Musa.


Le Jebel Musa, vu à travers quelques arbres sur le roc de Gibraltar. le Jebel Musa est situé au Maroc, en Afrique. Sur la photo précédente, on a donc une vue sur trois pays, situé sur deux continents.


Le Jebel Musa et un traversier du type que je prendrai demain.


La côte espagnole, le port de Gibraltar, ainsi que ton terminal de bateau de croisière (il y en a un à quai).
Une minute... c'est quoi ça à l'extrême droite?
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(à suivre)
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Gibraltar

Comme je quitte demain, et que je dois encore faire mes bagages, me dénicher quelque chose à manger ce soir, et qu'il est déjà passé 18h30, et que j'ai beaucoup de choses à montrer sur Gibraltar, je choisirai donc la facilité, et publierai quelques billets photos, avec des commentaires succincts.


Arrivée à Gibraltar. Première vue rapprochée du célèbre roc. Je venais juste de traverser la frontière, à pied, et j'allais traverser à pied la piste de l'aéroport de Gibraltar pour me rendre en ville.


Comme Gibraltar est érigé sur une montagne, la ville est tut en bas, et certains quartier sont installés sur le flanc. On note aussi la présence d'anciennes fortifications un peu partout en ville et dans la montagne.


Casemates Square. En anglais, oui, puisque Gibraltar fait partie du Royaume Uni. Livre sterling, anglais et thé. Mais, étrangement, les gens conduisent à droite. Ce square est une série d'ancienne casernes devenu un coin branché occupé par des artistes, artisans et cafés. En haut, dans la montagne, à droite, on voit un ancien château maure.


Sans commentaire.



Le roc se monte, en téléphérique. Avec superbe vue sur la baie.



Sur la montagne, à part la vue, il y a plein de choses historiques à visiter. Joindre les sites, à pied, est ardu, par contre, dans les sentiers, escaliers et routes en zigzag. Ici, des tunnels creusés pendant la seconde guerre mondiale.


Cette partie de muraille érigée dans les années 1520 comporte un escalier (sur l'autre face), que j'ai emprunté pour redescendre vers la ville après mes explorations de la montagne.
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(à suivre)
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