dimanche 26 septembre 2010

45 portes marocaines





vendredi 24 septembre 2010

Retour, choc, et expérience de rédaction a posteriori

Et ceci, chers lecteurs, devrait terminer mon journal de voyage en terre marocaine. Il n'est pas impossible que quelque billet sur des sujets précis ou portant sur un album photo ou deux suive dans les prochaines semaines, mais le voyage est désormais terminé.
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J'écrivais ceci en conclusion du dernier billet de ma relation de voyage au Maroc.
Le voyage est désormais terminé. Étrange d'écrire cette phrase un peu plus d'un mois après avoir remis les pieds au Canada.
C'est la première fois que je ne publie pas en direct de mon séjour pour me reprendre par la suite... L'avantage est d'avoir gagné du temps sur place, puis d'avoir eu tout mon temps pour saisir mes textes et profiter d'une bonne connexion internet à la maison après coup. Le désavantage de la méthode, à part le décalage évident entre le séjour et la publication, c'est que j'ai eu l'impression de moins être "là" lors de la publication, d'avoir moins d'anecdotes racontées à chaud, que ce que je tente habituellement de faire quand j'explore un nouveau pays.
Enfin, j'avoue que l'expérience aura eu le mérite d'amoindrir le choc du retour. J'étais parti depuis trois mois, quand même, et j'ai toujours le sentiment de n'avoir rien à dire après être rentré d'un séjour prolongé. La publication de cette relation de voyage au Maroc a posteriori, pendant presque tout le mois de septembre, aura occupé mon esprit, et permis d'opérer une transition plus douce entre le voyage et la vie quotidienne. Car choc du retour il y a eu, et il y a toujours. Je n'ai toujours pas allumé la télé, ni lu les quotidiens, mais j'ai levé mon habituel moratoire-photo* la semaine dernière et je replonge maintenant dans la vie montréalaise puisque ça fait maintenant un mois que je suis rentré.
Ceci étant dit, je pense encore préférer publier à chaud, pendant le voyage, malgré les difficultés et inconsistances que ça apporte parfois.

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* J'ai tendance à prendre beaucoup de photos en voyage et le tri et l'organisation de ces photos demande du temps au retour. Au pays, j'ai également tendance à ne pas me déplacer sans mon appareil photo. Entre les deux, après un retour de séjour prolongé, j'observe toujours un moratoire-photo pendant lequel je n'utilise pas mon appareil. La durée de ce moratoire dépend de plusieurs éléments, dont le classement et les copies de sécurité de mes photos de voyage.

La suite d'un long retour

J'avais espéré prendre mon bateau vers Algeciras, en Espagne, le soir même. Il n'y avait pas d'urgence, mais si je réussissais à traverser le soir-même de mon départ de Casa, le temps gagné sur l'horaire du lendemain pourrait m'être utile pour visiter un peu plus longuement la ville de Malaga, d'où je devais prendre mon avion vers New York puis Montréal.
Malheureusement, mon train, parti en retard de Casablanca, n'a pas rattrapé ce retard. À l'heure prévue de mon arrivée à Tanger, je me trouvais encore fort loin, dans une petite gare où des eunes tentaient de faire traverser les voies à un âne têtu et difficile à convaincre.
Je suis finalement arrivé à Tanger avec une heure de retard sur l'horaire prévu. J'avais toujours espoir de traverser en Espagne ce soir là, car il y a des bateaux qui quittent Tanger-Med (le port international à 45 km de la ville) jusqu'à 23h. Malheureusement, à ma sortie de la gare, il y avait très peu de taxis disponibles, puisque 19h30 approchait et que chacun était parti se préparer à manger après cette autre journée de Ramadan.
J'ai donc raté de quelques minutes à peine la navette vers Tanger-Med. Me faisant un ami d'un chat des environs, j'ai décidé d'attendre la navette suivante. Une demi-heure plus tard, en m’informant des billets disponibles pour les bateaux, j'ai appris que le prochain ferry que je pouvais prendre était à 22h. Avec le décalage horaire "spécial Ramadan", j’arriverais à Algeciras vers 1h AM. heure locale. Le plan ne me semblait pas des plus intéressants. J'ai donc décidé d'appeler la pension Hollande où j’avais séjourné deux semaines plus tôt, et on m’y a accueilli chaleureusement, et on m'a offert la même chambre, pour la soirée.
En début de nuit, j'apprenais que Suze et Corinne avaient elles aussi eu une longue journée: leur avion avait d'abord pris plus d’une heure trente de retard, et était arrivée avec presque 2h de retard à Montréal. Mes amies avaient aussi dû attendre 90 min pour récupérer leurs bagages.
Bref on a beau être prêts à sortir de l’Afrique, l’Afrique ne nous laisse pas facilement repartir.
Ce soir là, à Tanger, je profitais d'une connexion Internet pour publier un billet sur mon retour planifié, avec une jolie photo de Tanger au couchant.
La suite de mes aventures de retour est désormais connue et allait prouver qu'il n'est parfois pas beaucoup plus simple de quitter l'Espagne!
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Et ceci, chers lecteurs, termine mon journal de voyage en terre marocaine. Il n'est pas impossible que quelque billet sur des sujets précis ou portant sur un album photo ou deux suive dans les prochaines semaines, mais le voyage est désormais terminé.
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Entre deux trains, à Casa Voyageurs

Casablanca, 17 août, 13h.
Je me trouve à Casa Voyageurs, entre deux trains. De retour de l'aéroport, j'attends mon train vers Tanger, prévu au départ à 13h45.
Autour de moi dans la gare, d’autres passagers vont et viennent, s’arrêtent, se reposent, courent vers leur train, se regroupent ou s’attendent patiemment. Les quelques places assises sont toutes occupées, je m’installe donc confortablement à même le sol, dans un recoin.
Un circuit délimité par des cordons a été installé devant les guichets mais personne ne l’utilise ; au moment où je commence à rédiger ces notes, huit personnes sont entassés sans ordre précis devant les deux guichets ouverts. Une employée de Royal Air Maroc, arrivée par le même train que moi en provenance de l’aéroport laisse sa valise à mes côtés et s’installe avec les autres au guichet. Son bagage a un collant Triputacion l’identifiant comme appartenant à un membre d’équipage.
Les hauts parleurs annoncent le retard du train de 13h07 vers l’aéroport. Je souris; ce train qui est prévu 7 minutes après chaque heure n’est jamais parti à temps dans les moments où j’étais dans cette gare.
Un couple habillé de vêtements traditionnels – autant lui que elle porte un foulard cachant leurs cheveux – passe en courant dans la salle d’attente. Derrière eux – avec eux ? – une jeune fille d’environ 20 ans suit le même chemin. Elle porte également un voile lui couvrant la tête et les cheveux, mais porte des jeans et une chemise blanche à manches courtes.
Un homme s’éloigne du guichet, billet en main. Sur son tee-shirt, on peut lire l’inscription «I have been to Russia, there is no bear».
À ma droite, sur les sièges, un père et son fils patientent en silence. Le père est rasé de près et porte les cheveux très courts, une coupe relativement courante au Maroc, même si les résidents sont musulmans, comme quoi aucune faction ou pays pratiquant la religion n’adopte les mêmes règles ou ne les pratique avec la même sévérité. Le fils est coiffé d’une casquette à l’effigie d’une équipe sportive (Aguilas , «les Aigles», en espagnol).
Un jeune homme entre dans la gare; je lui donnerais 22 ans, il porte un simple jeans, mais sa chemise rose à dentelles blanches attire l’attention. Il passe par le circuit cordonné avec sa petite valise à roulette et s’installe derrière les 4 personnes qui sont encore au guichet. Il est rapidement rejoint par une femme de taille forte et au visage sévère portant des jeans trop serrés qui ne l’avantagent pas du tout, et qui tient une petite fille de 3-4 ans par la main. Je n’arrive pas à croire qu’il s’agisse d’un couple.
À l’autre bout de la petite station, la fille du kiosque Alliances Darna se penche pour ramasser quelque chose et attire le regard et les sourires entendus de trois jeunes hommes à proximité ; elle porte une chemise à manches courtes et au décolleté plongeant mais porte également un voile léger sur la tête, qui ne lui couvre pas vraiment les cheveux, par contre.
Mon «couple» quitte le guichet, et l’homme à la chemise rose file sur les quais alors que la femme et l’enfant traversent la station et entrent dans le petit kiosque à journaux au fond.
Un autre homme entre dans la gare et laisse carrément sa valise en plein milieu de la place avant de se rendre au guichet sans son encombrant bagage. N’importe où en occident, on imaginerait la chose imprudente, ou même dangereuse. L’homme est habillé d’un tee-shirt recouvert d’une veste en coton blanc ; il a l’air tout droit sorti de Miami Vice version série télé des années 80. Jamais il ne jette un œil vers sa valise restée 20 mètres derrière lui en plein centre de la station pendant les 4-5 minutes qu’il passe au guichet.
Ce voyageur m’en rappelle un autre, assis devant Suze et moi la veille dans le train Rabat-Casa. Il lisait des extraits du Coran en chantonnant quelques versets à voix basse. Une fois encore, ce genre de comportement en aurait inquiété plus d’un en occident – surtout dans les transports publics – mais au Maroc, la chose semblait tout à fait normale.
Une corpulente dame vêtue d’une longue robe bleue arrive du quai avec une valise sous un bras et une antenne parabolique sous l’autre. Elle sort de la gare en hélant un grand taxi.
La femme au regard sévère sort du kiosque avec son enfant en remorque; la fillette se délecte d’une glace, exempte qu’elle est d’observer le Ramadan vu son jeune âge.
Le train de 13h07 part finalement à 13h25. Je remarque que le père et le fils à mes côtés ont disparu sans que je ne me rende compte qu’ils étaient partis.
Une empoignade à l’extérieur monopolise soudainement l’attention des voyageurs. Une homme portant plusieurs sacs de plastique résiste avec vigueur et cris à un agent de sécurité bedonnant qui le force à s’éloigner de l’édifice. Les deux disparaissent de l’entrée mais on entend les vociférations de l’homme encore quelques minutes.
Mon train est annoncé sur la voie 7 au tableau de la gare mais Casa Voyageur ne comporte que 6 voies. Comme les annonces sur le quai sont souvent contradictoires, je me décide à mettre fin à ma rédaction pour aller voir si mon train pour Tanger est arrivé.
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[Note écrite a posteriori : Mon train était bien entré en gare, voie 1, mais n’était pas identifié comme étant le train pour Tanger. On a fini par informer les passagers et identifier le train quelques minutes avant son départ. Je suis monté à bord et, un peu plus tard, j’ai quitté Casa Voyageur avec seulement quelques dizaines de minutes de retard].
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Le début d'un long retour

Ce fut une longue journée de transports.
Levé tôt, mangé peu pour déjeuner car à cause du Ramadan, nous n'avions que nos réserves d’urgence de la veille, qui se sont avérées sèches et décevantes. Après avoir pris un petit taxi vers Casa Voyageur avec Corinne, nous avons attendu notre train, qui avait une demie heure en retard. Arrivée au terminus 2 de l'aéroport, nous avons cherché la navette vers le terminus 3, d'où les filles devaient prendre leur avion. Après une autre de ces conversation typiquement marocaines (en Cht’is) avec le chauffeur de la navette, nous embarquons et je laisse donc les filles à leur départ vers Montréal.
En attendant le retour de la navette devant me ramener au Terminus 1, je m'étonne du peu d'ampleur du terminus d'où partent mes amies; si je n'avais pas vu les autres terminus de l'aéroport, je croirais que Casa est microscopique. Étrangement, il y a des contrôles de sécurité de bagages à toutes les portes d'entrée de l'aéroport. Je dois donc les traverser à chaque fois, même si je ne prends aucun avion et ne fais qu'accompagner mes amies. Je fini par passer deux fois les contrôles de sécurité de l’aéroport, avec mon réchaud et ma bombonne de propane-butane sans être inquiété.
Je monte dans le premier train retournant en ville, d'où je dois prendre un train vers Tanger à 13h45, et, avec un peu de chance, un bateau vers l'Espagne dès ce soir.
Mon séjour est terminé, je suis sur la route du retour à la maison.
Les choses ne se passeront évidemment pas comme prévues.
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mercredi 22 septembre 2010

Hassan II et les mosquées du Maroc: Un album

La mosquée Hassan II de Casablanca est considérée comme un chef d'oeuvre d'architecture musulmane. C'est certainement un édifice splendide et également impressionnant. Avec son minaret haut de 200 mètres, la mosquée serait l'édifice religieux le plus haut du monde. Sa capacité d'accueillir plus de 100000 fidèles ferait de Hassan II la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. La direction de la ville sainte est d'ailleurs indiquée par un rayon laser d'une portée de 30 km projeté du haut du minaret.
Avec une telle ampleur, on peut apercevoir le minaret de cette mosquée d'un peu partout en ville. Comme une mosquée est plus qu'une simple salle de prière, l'édifice renferme aussi un hammam, une salle d'ablutions, une medersa et une bibliothèque.
Comme son nom l'indique, la mosquée a été érigée sous le règne de Hassan II (le père et prédécesseur du roi actuel). Enfin, sa plus grande particularité est peut-être le fait d'avoir été en grande partie construite sur l'eau.
Ce fait rend le site un peu plus difficile d'accès, puisque la mosquée de Casa est donc située sur l'océan Atlantique plutôt qu'en pleine ville. Néanmoins, pour les chanceux qui peuvent la visiter, on dit que l'océan est visible par le plancher vitré de la salle de prière, et que le ciel est visible par le plafond vitré également.
Son minaret en fait également l'édifice le plus haut du Maroc.
Comme j'ai eu le malheur de ne passer qu'un après-midi à Casa en fin de voyage avec l'intention de visiter la mosquée, mais que celle-ci était fermée aux visiteurs pendant les après-midi du Ramadan, j'ai du me contenter de la visite de la cour.
Comme les non musulmans ne peuvent pas entrer dans les mosquées du Maroc, je ne peux pas faire de comparaison entre Hassan II et les autres mosquées vues pendant ce séjour. Côté architecture extérieure, il est vrai que la mosquée Hassan II est difficile à battre: l'ensemble est d'une très grande beauté, d'une grande harmonie et respire le calme. Sa situation géographique - sur un promontoire dominant la mer, en fait un lieu agréable à visiter en plus de pouvoir avoir une vue d'ensemble de l'édifice, ce qui est parfois difficile avec les mosquées situées dans les villes - voire même impossible dans certaines medinas.
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Autres photos de la mosquée Hassan II et des autres mosquées du Maroc:


Dans la cour.


Suze pose devant le minaret.


J'ai pu capter cette image de l'intérieur de la mosquée, en allant m'informer sur les horaires de visites spéciaux pour le Ramadan.


À mon tour de poser, devant une des fontaines de la cour.


Ma première mosquée marocaine, aux abords du Grand Socco près de la medina de Tanger.


La Grande mosquée de Meknès.


La mosquée Koutoubia de Marrakech, de nuit.


La Grande mosquée de Tanger Ville Nouvelle.


Vue aérienne de la mosquée et du mausolée à Moulay Idriss dans la ville du même nom.
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À Casablanca sous le signe du Ramadan

J'écrivais de Casa, lors de mon premier passage, que c'était à la fois triste et gris. Je pourrais dire que Casa gagne à être visitée et explorée, mais l'expression semble plus faible que ce que je voudrais exprimer. En anglais, je dirais «It grows on you», qui exprime la même chose, mais avec un peu plus de force.
Cette introduction est une autre manière de dire que finalement, j'aime bien Casablanca. Une fois apprivoisés son temps souvent gris et ses grands boulevards, une fois ignorés ses cafards qui détalent sur ses trottoirs le soir venu, Casa demeure une ville animée et intéressante malgré la première impression tristounette laissée à ce voyageur ci par ses édifices coloniaux souvent délabrés.
Il faut dire que je suis un amateur de jungle urbaine, et Casa est une ville qui a beaucoup à offrir dans ce domaine. J'étais donc bien content d'y revenir passer une journée et demie avant de remonter au nord et rentrer chez moi.
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Ce retour à Casa est la dernière journée de Suze au Maroc, puisque demain matin, elle doit prendre son vol de retour vers Montréal.
Notre train quitte Rabat en retard mais nous arrivons à Casa relativement tôt. Nous sommes accueillis très chaleureusement par notre aubergiste du Touring de Casa, qui se souvenait de nous, avait remplis nos fiches d’avance, et nous a promptement remis le bagage que nous avions laissé en consigne deux semaines auparavant.
J’ai la mauvaise surprise de constater que l’épicerie – où j’avais acheté une lager lors d’un précédent passage - ne vend pas de bière pendant le Ramadan. Obstiné, j’achète deux Becks sans alcool, que nous boirons finalement plus tard sans enthousiasme dans la chambre du Touring.
Mais la visite de la journée est la Mosquée Hassan II. Malheureusement pour nous, la mosquée – la seule ouverte aux touristes non musulmans de tout le pays – a adopté des horaires spéciaux pour le mois du Ramadan. Ainsi, il n’y a pas de visite en après-midi et nous devons nous contenter de l’extérieur.
Heureusement, l’extérieur vaut amplement le détour de toute manière. Le temps est nuageux, alors les photos sont moins éclatantes, mais l'édifice demeure photogénique. Paradoxalement, Casa est souvent nuageuse alors que le reste du pays semble en permanence sous un soleil de plomb.
Après notre visite, nous décidons de passer par la medina pour revenir vers la Ville Nouvelle. Avant même d’atteindre les portes, nous traversons un quartier marchand où un matelas parti au vent me tombe sur la tête (!).
Nous marchons ensuite dans Casablanca, à redécouvrir ensemble des endroits visités chacun de notre côté, comme la Place Mohammed V ou la cathédrale.
En fin de journée, après avoir fait nos bagages pour le retour dans les jours suivants, nous ne pensons pas prévoir un horaire spécial Ramadan et nous frappons devant une porte fermée à l’épicerie à 19h.
Nous errons donc en ville et sommes témoin d’une des scènes les plus étranges qu’il m’ait été donné de voir.
Un peu avant 19h30, alors que le soleil se couche et que chacun attend l’appel à la prière et le coup de canon annonçant la fin du jeûne pour la journée, nous nous retrouvons au coin de la rue Allah Ben Abdellah, près d'une portion de la rue transversale où se trouvent plusieurs restaurants et rôtisseries. Les tables en terrasses et les tables à l’intérieur des établissements sont pleines. Toutes les places sont occupées, les repas servis et les boissons également. Mais assiettes et verres sont recouverts de serviettes de papier, et les clients attendent, silencieux et immobiles, le son annonçant la possibilité de manger ce repas.
La scène a quelque chose de fascinant et surréaliste: on se croirait dans un de ces films où l’action s’arrête et aucun personnage ne bouge à part le protagoniste principal. Ils ne conversent pas, ne bougent pas, ils semblent en transe, attendant le coup d'envoi de leur festin.
Nous poursuivons notre marche, sur la rue Mohammed V, et je prends une photo du désert urbain devant moi: là où la ville est habituellement animée, il n’y a plus personne, plus rien. Pas de vendeurs de camelote sur le trottoir, pas de kiosque à journaux, rien. Chacun est rentré chez lui ou allé au resto pour manger dès que ça sera permis.
Après le coup de canon salvateur, la vie reprend lentement son cours à Casablanca. Quelques minutes à peine après le moment tant attendu, nous croisons enfin un kiosque ouvert où les résidents présents dégustent leurs souper avec délectation.
Nous leur souhaitons bon appétit...
Plus tard – et heureusement - alors que les musulmans ont mangé, l’épicerie rouvre ses portes et nous achetons de quoi nous faire un souper dans la chambre. Nous profitons de la réouverture des commerces en soirée pour acheter quelques pâtisseries qui constitueront probablement notre unique source de déjeuner le lendemain matin.
C’est notre sixième jour de Ramadan – et nous ne l’observons même pas à la manière des musulmans – mais nous sommes déjà fatigués de l’impact que la pratique a sur nos journées. L'exotisme que la chose avait dans les premiers jours fait place à une simple lassitude devant les problèmes que la pratique cause.
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Autres photos du jour:


Suze sur l'avenue Mohammed V de Rabat, en direction de la gare.


La rue marchande le long de la medina où j'ai reçu un matelas sur la tête.


Bonne nuit Casablanca. Place des Nations Unies.
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lundi 20 septembre 2010

Chellah: Ruines romaines et islamiques

Le site de Chellah serait un des premiers postes à avoir été occupé dans la région de l'actuelle capitale du Maroc, Rabat. On y retrouve en effet des ruines romaines datant de 200 av. J-C. Par contre, l'essentiel du site tel qu'on peut le voir aujourd'hui est composé de constructions du 14e siècle, alors que le sultan Abou el Hassan poursuivait la tradition almohade de faire du site le lieu de sépulture de la famille royale. Le sultan y repose d'ailleurs toujours.
Chellah est situé en retrait de la Ville Nouvelle de Rabat. On y accède en traversant la porte Bab Zaer et un large boulevard contemporain. Le vieux poste romain et le site funéraire sont compris à l'intérieur d'une forteresse munie d'une porte monumentale merenide et de tours à créneaux. L'effet est saisissant, et presque gothique, en particulier les bastions octogonaux qui supportent pourtant des tours carrées.
Si les vestiges romains sont à peine reconnaissables, on peut tout de même imaginer la présence d'un temple ainsi que celle du forum. Par contre, il faut avouer que Chellah est intéressant par ses ruines islamiques.
Celles-ci comprennent une medersa, un sanctuaire, quelques tombeaux, des bassins ainsi qu'une mosquée. Le minaret de la medersa est d'ailleurs la structure dominante des ruines de Chellah; on peut encore y admirer les tuiles colorées ainsi que quelques sculptures décoratives. Quelque autre inscription parsème ce site tranquille - on se croirait très loin du centre de la capitale du pays - et pour peu que l'on lève le regard, on aperçoit des dizaines d'oiseaux nichés ici et là dans les arbres.
Les ruines elles-mêmes sont parfois habitées, en hauteur, par des cigognes bâtissant d'immenses nids au sommet des édifices encore debout.
Enfin, comme le sanctuaire comporte les ruines d'une mosquée, on pourra toujours dire que j'ai mis les pieds dans une mosquée au Maroc pendant ce séjour!
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Photos de Chellah:


Secteur romain.


Porte du sanctuaire.


Dans la cour intérieure du sanctuaire.


Inscriptions au-dessus de la tombe de Abou el Hassan.


Entre colonnes et arches de l'ancienne mosquée, qu'est-ce que Suze regarde?...


... Une cigogne perchée dans son nid sur le haut d'un mur.


Je prends la pose dans la cour intérieure du sanctuaire. On peut voir le minaret de la medersa en arrière-plan. (Le minaret de la mosquée apparaît sur la seconde photo dans le texte ci-haut).


Dans la foret entre les ruines et les fortifications de Chellah, on peut voir de nombreux oiseaux et le ciel est dominé par les nids de cigognes.


Suze devant la porte monumentale de l'entrée de la forteresse.


Vue de la vallée en contre-bas, avec les cigognes dans leur nid sur le minaret de la medersa.
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dimanche 19 septembre 2010

Rabat: Retour dans la capitale tranquille

Rabat est une ville encore plus tranquille pendant le Ramadan. Vu le calme relatif qui régnait en ville lors de notre passage précédent, je n'aurais pas cru la chose possible. L'effet n'est pas du tout désagréable pour les visiteurs qui achèvent leur séjour et prévoient rentrer à Casablanca le lendemain.
L'avantage de Rabat, c'est que la ville ne vit pas du tourisme. Ainsi, les résidents qui ne dépendent pas de notre argent ont tendance à nous laisser relativement tranquille, si on compare aux résidents de Fès ou Marrakech, par exemple.
Après notre arrivée à Rabat, nous nous sommes installés au même hôtel que lors de notre précédente visite; sa proximité de la gare le rend fort utile à la fois à l'arrivé et au départ.
Puis, la longue marche le long de la large avenue Yacoub el Mansour, menant à la porte Bab Zaer et au site archéologique de Chellah.
Au retour de Chellah, nous avons longé la cité impériale et après une tentative de prendre une porte de celle-ci en photo, un garde m'a indiqué que je ne pouvais passer... mais que la prochaine porte était ouverte aux visiteurs. Une fois rendu à cette autre porte, et entré dans la cité impériale, nous avons appris que pour y pénétrer, nous devions obtenir la permission du commissaire. Nous sommes donc entrés dans le petit édifice qui fait office de bureau pour y rencontrer le commissaire; un homme gentil et sympathique qui nous a évidemment demandé de nous identifier. Nos passeports étaient en sécurité à l'hôtel, mais j'avais une photocopie... Suze, relaxe, n'avait aucune pièce d'identité sur elle. La gentillesse du commissaire - et le charme naturel de ma compagne - ont vite fait de faire oublier le détail des papiers. Après avoir noté nos noms, le commissaire a même demandé à Suzie si elle était une parente de Pascale Nadeau, lectrice de nouvelle à la télé. Nous avons donc obtenu la permission de visiter la cité impériale de Rabat.
Contrairement aux vieilles cités de Marrakech et Fès, le statut de cité impériale de Rabat est très récent. Les édifices constituant l'ensemble de palais sont donc relativement modernes, et répartis sur un vaste domaine traversé par des boulevards bordés d'arbres. Si l'ensemble est plutôt joli et très propre, le visiteur ne peut guère voir plus que l'extérieur de quelques bâtiments et les rangées d'arbres, en plus de marcher de longues minutes le long des boulevards pour atteindre la prochaine porte.
En fin de journée, nous entrons dans la medina par la splendide porte Bab el Had. Nous traversons la medina - une affaire relativement petite et aérée - et nous atteignons les abords de la Kasbah, d'où nous avons une vue imprenable sur un cimetière en bordure de l'océan Atlantique.
De retour dans la Ville Nouvelle en début de soirée, nous mangeons une fois de plus dans notre chambre, un repas cuisiné sur mon réchaud, alors que la vie reprend son cours vers 20h après que les marocains aient mangé à leur tour. Après deux passages d'une seule nuit, Rabat demeurera pour nous un bel oasis de paix et de tranquillité dans un pays autrement animé.
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Photos supplémentaires de Rabat:


Avenue Yacoub el Mansour et porte Bab Zaer.


Porte de la cité impériale et contrôle de sécurité (à gauche).


Cimetière et partie de la Kasbah.


Suze devant Bab el Had, à l'entrée de la medina.
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