jeudi 9 septembre 2010

Fès: El Bali

En plus de permettre une courte visite de Rabat, notre pause nous a fait arriver à Fès frais, dispos, et de bonne heure le lendemain, suite à un confortable trajet de 3h en train.
L’arrivée à la gare, en compagnie de centaines de passagers connaissant les mœurs et coutumes et la manière de prendre un des trop rares petits taxis nous a laissé en plan pendant un bon moment avant de trouver un transport de la ville nouvelle vers la medina.
Nous avons finalement embarqué avec une dame qui n’avait pas l’air contente de partager son taxi avec des gens qui ont fini par être menés en premier à leur destination par le chauffeur, un type distrait et nerveux qui conduisait n’importe comment. Mon backpack était sur le toit et à 60 km/h et des mouvements de volant brusques, j’avais hâte d’arriver à la medina.
Nous prenons une chambre au parfait Hotel Bab Boujloud, près de la grande porte Bab Boujeloud. Cette porte est le plus beau monument du Maroc pour ce voyageur-ci. Élégante et bien proportionnée, elle est merveilleusement décorée avec minutie. Ce n’est certes pas la plus grande porte en terme de taille, mais son allure et ses décorations détaillées compensent largement pour sa relative petite taille. Le ton de bleu de ses décorations est appelé "Bleu de Fès".
La medina de Fès est gigantesque et rappelle un peu Marrakech dans sa structure (ou l’absence d’icelle), mais avec une différence de couleur et d’ambiance. À Marrakech, tout semblait orange, à Fès, tout est jaune terre. Les ensembles de murailles sont aussi plus déroutants à Fès et il faut lire l’histoire de la vieille ville pour comprendre comment ils sont arrivés à ces remparts étrangement situés et à cet ensemble de deux/trois medinas en une. Nous nous perdons quelques heures dans Fès El Bali, la plus vieille partie de la medina. Il fait une chaleur intense, qui donne aux journées de Séville, de 39-40 degrés, un agréable souvenir de quasi-printemps.
Les souks de Fès sont moins intéressants à parcourir d’un point de vue commercial, puisqu’ils sont moins orientés vers l’artisanat et plus directement vers les produits de premières nécessités. Le visiteur se fait donc surtout offrir de visiter des choses précises, comme les restaurants ou les tanneries.
Le souk à l’entrée de El Bali entre Bab Boujeloud et la Kasbah est surtout concentré sur les fruits, les légumes et les viandes. La chose sera utile pour acheter quelques provisions, et surprendra surtout quand au détour d’un kiosque, on se verra offrir une tête de chameau.
La medina de Fès s’avère également plus éreintante à explorer à la longue, puisque Fès, contrairement à Casa ou Marrakech, s’est développé autour de collines et que les rues et ruelles sont parfois en pente abruptes. Et, même si je ne croyais pas la chose encore possible, le labyrinthe semble encore plus déroutant que dans les autres medinas visitées jusqu’alors.
Comme à Tanger, les édifices sont assez espacés au rez-de-chaussée pour permettre la circulation dans les ruelles, mais se rapproches l’un de l’autre aux étages. Dans certains cas de bâtiment très vieux, on voit même des poutres de bois tendues entre les immeubles pour se supporter l’un l’autre et éviter l’effondrement.
Les entrées des medersas et de la mosquée Kairaouine sont ornées de portes en arches ou à tympans aussi splendides que celles de Marrakech, ce qui émerveille le voyageur à chaque découverte.
Sinon, les chargements à dos d’âne surprennent déjà un peu moins, sauf lorsque l’âne est chargé de caisse de Coca-Cola.
En fin de journée, nous explorons le secteur de la place Boujeloud et de la place Baghdadi, qui relient la medina Fès El Bali et celle de Fès El Djedid. C’est que Fès était déjà une ville développée lorsqu’au 13e siècle, un nouveau sultan décida d’y installer le siège de son gouvernement. Comme il s’agissait d’une nouvelle dynastie, le sultan a voulu se distancer du centre de la ville (El Bali) et a donc fondé El Djedid (« ville nouvelle »). Quelques siècles plus tard, on a eu l’idée de joindre les murailles des deux Fès en une seule gigantesque ville, qui est aujourd’hui une medina tentaculaire et labyrinthique comportant plusieurs niveaux de remparts. Ce qui a probablement été une sorte d’entre deux est maintenant occupé par la très vaste place Baghdadi et la petite place Boujeloud, attenante, et qui donne sur la spectaculaire porte du même nom. Pour compliquer un peu les choses, sous protectorat européen, il y a eu l'émergence de la Ville Nouvelle (au sens 20e siècle du terme) qui se trouve à l'extérieur des nombreux niveaux de fortifications.
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Quelques photos de Fès, prises dans El Bali:

Une des deux rues principales de Fès El Bali.


Juste à l'extérieur de la porte Bab Boujeloud, l'âne de Coca Cola dont je parlais ci-haut.


L'homme à droite, porte un chapeau conique rouge typique de cette région du monde. On appelle ce chapeau un Fez, justement. À Fès, comme dans le reste du Maroc, on ne voit guère de gens porter le Fès de nos jours. Seuls certains messieurs plus âgés le portent régulièrement.


Kiosque dans la medina d'El Bali.


Au détour d'une ruelle de la medina.


Affichage intéressant: Le chameau bleu, restaurant s'adressant visiblement aux touristes. La vache qui rit est un produit disponible dans toutes les anciennes colonies françaises. Pour le reste, votre interprétation vaut la mienne (surtout pour ce robinet... ?).


J'avoue ne pas saisir en quoi la jolie image poétique de caravane de chameaux dans la désert peut réellement aider à vendre la viande (et la tête) de cet animal, au marché. (Il y a des différences culturelles qui ne se comblent pas, surtout si vous vous retrouvez là avec deux végétariennes et un végétalien!).


Fès El Bali, en soirée, est aussi animé que pendant le jour.
(Cet état de fait changera après le début du Ramadan).
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2 commentaires:

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