samedi 4 décembre 2010

Le capitaine Alfredo et les gens de La Havane

Bien qu'une semaine soit bien trop court pour tisser des liens, ou encore vivre des expériences approfondies avec les gens de l'endroit, nous avons été, lors de notre semaine, assez chanceux pour faire quelques rencontres intéressantes et vivre quelques expériences amusantes. Ce genre de chose est évidemment plus facile à provoquer lors des voyages en indépendant, lors desquels vous croisez des gens qui ne gagnent pas leur vie à parler avec les touristes.
Il est inévitable de croiser des gens qui vivent indirectement du tourisme - et c'est très bien pour eux - comme des gens costumés, ou encore des commerçants divers, mais on croise des gens qui exercent ces activités un peu partout dans le monde et c'est rarement ce qui fait la saveur d'un pays, d'une région ou d'une ville.
Ainsi, c'est en empruntant les transports locaux, en explorant à pied, ou encore simplement en visitant les lieux historiques au lieu que de n'y prendre qu'une photo de loin, que l'on rencontre parfois l'anecdote, ou l'aventure. J'ai relaté notre aventure de traversier; ce genre de chose n'arrive pas en autobus de groupes organisés. Je doute également que les gardiennes du museo de la cuidad s'attaquent à des groupes organisés avec guides pour les prendre en otage avec leur appareil et demander des pourboires!
La visite de la capitainerie du port de La Havane non plus, ne se fait pas en autobus de groupes organisés. Pour une raison qui est fort simple, la capitainerie ne se visite pas; elle est réservée aux employés et personnes autorisées seulement.
Sauf, bien entendu, si vous tombez sur le Capitaine Alfredo, un gentil cubain qui a navigué pendant trente ans avant d'occuper le poste de capitaine du port à La Havane.
La capitainerie, qui contrôle le trafic maritime à l'entrée du port, est située dans la forteresse du Castillo de los Tres reyes del Morro. Nous avions prévu visiter les deux forteresse en face de La Havane, puis nous rendre à Casablanca pour prendre notre ferry. La première forteresse allait nous faire comprendre deux choses sur les autobus de touristes, et nous permettre de rencontrer Alfredo et passer un peu de temps avec lui dans la capitainerie.
À notre arrivée au Castillo, j'ai vu qu'il y avait 5 autobus de touristes; j'ai conclu à cette vision que le petit château-fort serait probablement plein de groupes. Or passé l'entrée, surprise: il n'y a pas un chat (ou presque, nous avons croisé quatre autres visiteurs). C'est que les groupes en autobus s'arrêtent là exclusivement pour la vue; on aperçoit la ville, de l'autre côté de la baie, et on peut prendre quelques jolies photos de soi-même avec la ville, ou le phare ou encore une tour du château-fort. Puis, passé les quelques minutes à prendre ces photos, ou encore à fouiner dans le petit mercado d'artisanat à l'entrée, l'autobus rappelle ses ouialles et décampe vers d'autres sites à visiter en vitesse. Nous allions comprendre plus tard que comme l'autre forteresse est encore plus vaste, les bus ne se donnent même pas la peine d'y passer. Après tout, ces vieilles constructions sont toutes les mêmes :-).
Comme nous étions libres, nous avions donc prévu la visite des deux forteresse... et c'est tout en haut d'El Castillo que nous avons rencontré Alfredo, qui avait un peu l'air de s'ennuyer, tout seul, au soleil, à l'extérieur de la capitainerie. Après avoir attiré notre attention sur un secteur du castillo difficile d'accès (et d'où l'on avait une vue en plongée sur l'endroit où avaient lieu des exécutions), il nous a invité à le suivre pour nous faire visiter sa capitainerie.
Alfredo, pendant sa carrière d'officier en second dans la marine, a visité les ports canadiens de Halifax, Saint-Jean (TN) et.. .de Montréal! Il nous a montré sa collection de drapeaux des pays qui sont autorisés à entrer dans la baie, puis nous a fait profiter de ses incroyables jumelles de compétition pour voir quelques monuments et édifices de la ville, en face, en plus de nous parler de son travail quotidien et nous expliquer le fonctionnement de quelques appareils.
Il nous a même assis dans son fauteuil, pour faire quelques photos - et s'est avéré bien plus compétent que les gardiennes du museo de la ciudad - en syntonisant les fréquences de Miami sur la radio... Cette anecdote est assez anodine, je sais, mais Alfredo, ce jour-là, a contribué à faire de notre visite et notre voyage, une expérience plus intéressante et enrichissante. Ma longue introduction voulais justement illustrer cet effet qu'ont parfois les gens de l'endroit sur vos souvenirs d'une ville; et Alfredo était une sympathique illustration de cet avantage de voyager en indépendant. Quelques jours plus tard, à Guanabo, nous allions avoir une illustration plus évidente de cet aspect des voyages en indépendant en dégustant de la caldoza... mais c'est une toute autre histoire!
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En attendant de vous raconter ça, voici quelques photos de la vie quotidienne à Cuba.


En attendant l'autobus, au village de Casablanca, devant un drapeau et un slogan bien cubains.


Exemple de gens en costumes, attendant les touristes à la Plaza de la Catedral, pour leur proposer de se faire prendre en photos en échange de quelques pesos. Si la chose est parfois amusante, elle est rarement très authentique. Ici, par exemple, on ne voit ces gens en costumes que dans Habana Vieja, et qu'avec des touristes; on ne croise jamais des cubains comme ceux-là dans les rues de la ville... (Mais une fois de plus, c'est une pratique courante, on n'a qu'à penser au nombre de péruviens qui se baladent avec leur lama, à Cusco en espérant vous faire payer pour une photo authentique, par exemple, ou encore aux enfants du "village maya" visité par les tours organisés au Yucatan).


Deux jeunes pratiquent la pêche à la ligne, sur le Malecon, Habana Vieja.


Architecture déglingue latino, couleurs coloniales, balcons et cubaines en jaune.


Les amuseurs publics sont aussi un élément que l'on retrouve dans la plupart des grandes villes du monde. La Havane comporte son lot, malgré l'aspect informel de ce commerce; comme le montre cette troupe d'échassiers originaux qui dansaient au rythme des tam-tams, alors que des jolies filles vêtues en fonction de la température chaude passait le chapeau, ou son équivalent cubain, dans la foule.


Cuba est un des rares pays (avec le Nicaragua) où j'ai pu voir que le baseball était un sport apprécié, et pratiqué par les gens de la rue; signe ultime de la popularité d'un sport selon moi. Ici, en plein Habana Vieja, une partie a lieu entre deux équipes, sur une place publique. La chose m'a rappelée de bons souvenirs de jeunesse, puisque le baseball était mon sport favori dans mon enfance (oui, je sais, tout le monde préférait le hockey, mais je m'assume).


Là, une version du baseball que je jouais dans ma jeunesse, quand le nombre de joueurs n'est pas suffisant pour former des équipes. Ici, les jeunes jouent avec un manche à balai en guise de bâton, ce qui est plus ardu pour le frappeur.


Sinon, dans ce parc public de Casablanca, deux jeunes jouent à se lancer la balle; une activité que j'ai moi-même pratiquée très souvent avec des amis dans mon enfance.
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