samedi 31 décembre 2011

L'Esprit Vagabond en 2011: Vie et projets personnels

Un dernier mot concernant 2011 avant de passer en 2012.
En plus de mes activités publiques déjà mentionnées dans ma rétrospective annuelle, l'année 2011 aura comporté son lot d'événements personnels également.
Shadow - Toujours cher à mon coeur
Parmi ces événements, certains sont joyeux, d'autres tristes mais je retiens de 2011 que Megan commence à s'exprimer avec plus d'assurance, ce qui rendra nos entretiens annuels éventuellement plus intéressants. J'ai aussi eu la chance (une fois encore) de voyager en compagnie de Suze et Istvan l'été dernier, toujours un privilège d'avoir des amis aussi précieux.
Mais l'événement qui m'a le plus marqué est évidemment le départ de mon ami Shadow, avec qui j'ai connu tellement de plaisirs et d'aventures. Shadow a été parmi les rares individus à vraiment me connaître, alors sa compagnie (et juste le fait de le savoir pas très loin) me manque chaque jour depuis.
Père et fils, en 2011 (et en 1966)
Parmi les nombreux projets entamés en 2011, celui sur lequel j'ai passé le plus de temps depuis le mois d'août est une série d'entretiens avec mon père, où nous explorons ses souvenirs, le passé de notre famille, nos origines, notre histoire personnelle, quoi. Bien qu'il s'agisse d'un projet strictement personnel (puisque je ne prévois pas publier publiquement le résultat de ces entretiens), c'est une (autre) des raisons du ralentissement relatif de ce blogue en 2011, et c'est un projet important à mes yeux et qui m'occupera certainement encore en 2012. Ce rapprochement avec mes origines et l'exploration de l'histoire de ma famille m'a amené à diverses réflexions, dont certaines se retrouvent déjà sur ce blogue, par un effet secondaire imprévu mais bienvenu. Les recherches que ce projet exigent, ainsi que mes fouilles dans les archives photos et vidéos de la famille, fournissent également du matériel potentiellement intéressant pour l'Esprit Vagabond, matériel qui sera publié ici et là en 2012.
Voilà qui conclut mon année 2011; en espérant que vous ayez eu du plaisir à me lire; je vous invite à tourner la page et on se retrouve en 2012.
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vendredi 30 décembre 2011

L'Esprit Vagabond en 2011: Trois héros

Suite de ma rétrospective personnelle de l'année 2011 entamée avec l'indignation, le voyage et l'écriture.
Ces trois thématiques montrent à quel point les origines de l'Esprit Vagabond remontent à certaines idoles et combien les influences de ces idoles sont venues marquer mon année 2011 à plusieurs égards.
Le premier est Indiana Jones, héros cinématographique de ma jeunesse, qui représente bien mon intérêt pour l'archéologie, que cet intérêt se manifeste lors de visites de sites ou par mon appréciation de l'histoire de certaines civilisations. Le célèbre docteur Jones est aussi un explorateur et un aventurier, qui me sert souvent d'inspiration lors de mes propres explorations, même si pour ma part, je tente d'éviter les mésaventures et les dangers. Enfin, Indiana Jones fait également partie de ces premières grandes figures expliquant mon intérêt marqué pour le cinéma depuis des décennies. Or l'année 2011 a été riche en cinéma, en explorations archéologiques et en aventures exotiques. C'est aussi en 2011 qu'a vue le jour l'exposition consacrée à Indiana Jones et à l'archéologie, exposition qui a été présentée en première mondiale à Montréal.
Le second héros est évidemment Tintin. Le petit reporter de Hergé est une inspiration de toujours et un héros dont la présence remonte à mon enfance. Il représente très bien mon goût du voyage et l'histoire et même si Tintin n'écrit que très peu dans ses aventures (il me semble qu'on ne le voit travailler à un article que dans quelque case du premier album, celui chez les soviets), il est toutefois un reporter, et inspire donc également mon journal de voyage, d'une certaine manière. Mon séjour de 2011 dans les Balkans n'était pas sans me rappeler l'épisode du Sceptre d'Ottokar, tout comme le nom de ce roi fictif allait revenir lors d'une visite de musée à Prague, puisque par hasard, un Ottokar y a déjà existé. Avec la parution de quelques volumes spécialisés et surtout de Tintin et le Québec en fin de l'année dernière, consacré à la relation des québécois avec Tintin et Hergé, et avec la sortie du film de Steven Spielberg au cinéma, Tintin, en 2011, a une fois de plus rejoint beaucoup de mes champs d'intérêt.
Le troisième héros - et peut-être le plus important des trois en 2011 - est Ernesto Che Guevara. Bien que ma relation d'admiration pour le Che ne remonte pas à aussi loin que celle avec Indiana Jones et Tintin, le Che est le seul des trois à avoir réellement existé et à avoir influencé le monde tel que je le découvre en voyageant. Il m'accompagne sur une base régulière depuis mon voyage exploratoire en Amérique du sud en 2007. Voyageur lui même, et écrivain également, on pourrais également lui accoler l'étiquette d'indigné, si le mouvement avait existé à l'époque où il parcourait la planète et surtout son Amérique latine natale. Son influence sur mes vues du monde s'est fortement manifestée en cette année où je suis devenu plus... activiste qu'auparavant. Le Che clamait les besoins de changements et en s'opposant ouvertement au capitalisme et à l'impérialisme, il se battait contre la dictature et contre la mainmise de l'économie de marché. Difficile de trouver une année où sa figure légendaire cadre mieux avec mon propre parcours. C'est aussi en 2011 que j'ai découvert l'excellent documentaire sur l'implication de Cuba et du Che en Afrique. Enfin, bien qu'ils soient sortis en 2010, c'est en début 2011 que j'ai eu l'occasion de voir les deux films biographiques sur la vie du Che réalisés par Steven Soderbergh et inspirés de deux de ses livres.
Aventure, voyage, archéologie, littératureactivisme, cinéma, voilà tous des éléments qui décrivent bien mon année 2011 et où on retrouve l'influence combinée de chacun de mes trois inspirations.
Et avec les quelques projets que j'ai déjà en vue pour 2012, je peux tout de suite savoir que ces idoles seront encore à mes côtés sur la route, ce qui est toujours un peu rassurant.
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jeudi 29 décembre 2011

L'Esprit Vagabond en 2011: L'écriture

Troisième billet d'une petite série rétrospective de l'année 2011.
Après l'indignation et le voyage, c'est certainement l'écriture qui définit le mieux mon année 2011. Certes, je n'ai pas publié énormément de matériel en dehors de ce blogue en 2011, mais souvent, en écriture, il peut se passer un certain laps de temps entre la rédaction ou la réécriture et la publication du matériel, si publication il y a.
L'année 2011 marque d'abord un certain retour à la critique, même si ce retour s'est fait sentir essentiellement sur ce blogue plutôt que dans des revues. J'avais légèrement délaissé cet aspect de mes activités depuis quelques années, mais non seulement c'est quelque chose que j'aime pratiquer, mais c'est aussi une belle manière de pratiquer la synthèse et l'expression de mes pensées et de mes opinions. Il n'y a rien comme de coucher sur papier (réel ou virtuel) les opinions et impressions que l'on a d'un livre, une série, une exposition, une pièce ou un film pour savoir réellement ce que l'on en a pensé. C'est un aspect de l'écriture qui me permets de mieux maîtriser ce que je fais quand j'écris, peu importe le sujet.
Du côté de la publication, si j'ai signé quelques petits textes en 2011 - dont quelques-uns par surprise -, c'est surtout la publication de deux nouvelles plus importantes qui retiennent mon attention d'auteur. Le jour où j'ai volé 700 quetzals à l'ayudante d'un chicken bus, publié dans Alibis 38 et La petite brune aux yeux verts publié dans Solaris 180 représentent deux pièces importante de ma fiction des dernières années, autant en terme de thématiques que de cohérence avec le reste de ce que j'ai écrit pendant cette période. Mes voyages m'inspirent de plus en plus, comme en témoigne la nouvelle d'Alibis (d'ailleurs écrite pendant mon séjour au Guatemala l'an dernier) mais comme en témoignait également la nouvelle qui a débuté cet espèce de cycle, Au plus petit café du monde (publiée en 2007 dans Solaris 163).
Ma présence dans le Daliaf, le dictionnaire publié en fin d'année par Claude Janelle, allait me faire un grand honneur, et le profil littéraire qui m'y est consacré vient justement confirmer l'orientation que j'ai donné à mon écriture de fiction depuis quelques années.
Par contre, si 2011 est placée sous le signe de l'écriture, c'est essentiellement parce que j'ai consacré un temps plus important à l'écriture en 2011, dans la foulée de projets entrepris en 2010, que je ne l'avais fait depuis de très nombreuses années. (Les nouvelles publiées dans Solaris et Alibis en 2011 découlent de cet intérêt renouvelé pour l'écriture). Ces projets ne verront peut-être pas le jour, ou seront publiés des mois ou des années après leur écriture initiale, mais ils n'en demeurent pas moins importants à mes yeux, puisqu'ils marquent un retour plus actif à l'écriture elle-même. Ce temps consacré à mes projets d'écriture explique également pourquoi ce blogue a connu une année moins constante en terme de publication et de nombre de billets publiés, bien que cette donnée soit souvent trompeuse, puisque j'ai tout de même publié en 2011 plusieurs articles de fond.
L'année 2012 sera donc elle aussi importante au niveau de l'écriture, puisque quelques-uns de ces projets demanderont encore du travail, alors que d'autres arriveront peut-être à leur terme.
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mercredi 28 décembre 2011

L'Esprit Vagabond en 2011: Le voyage

Voici la suite de ma rétrospective personnelle de 2011. Après l'indignation, ce qui a occupé le plus de place sur ce blogue est bien entendu le voyage et l'exploration des diverses cultures du monde.
En 2011, j'aurai relativement peu voyagé, si je compare aux dernières années de la décennie qui a précédée.
Toutefois, même sans me déplacer en lieux étrangers, mon intérêt pour les pays visités et pour ce qui s'y passe se fait sentir régulièrement sur ce blogue. Quand je continue à dénoncer les actions de minières canadiennes au Guatemala, que je recommande des films tels le documentaire d'Oliver Stone sur les régimes politiques de gauche en Amérique Latine ou la bio du Che en deux films, ou encore quand je traite d'activisme environnemental en Équateur, je voyage, ou plutôt, je continue mes voyages débutés dans les divers pays dont je parle. Car outre les visites et les randonnées, le voyage permet surtout de découvrir une culture, une manière de penser, et parfois de s'en inspirer pour observer le monde avec un oeil différent, et refuser de s'enfermer dans le confort et l'indifférence face aux événements mondiaux.
Même si je me suis moins déplacé en 2011, j'aurai quand même eu l'opportunité de découvrir un secteur de la planète où je n'aurais jamais imaginé mettre les pieds dix ou douze ans plus tôt; la péninsule balkanique.
Ces séjours en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Slovénie ont été parmi les plus belles découvertes et les explorations récentes les plus émouvantes que j'ai pu faire. De pouvoir combiner ces découvertes avec la complicité de mes amis Suze et Istvan a ajouté une touche unique à l'expérience. L'arrivée en Hongrie - un pays que j'avais failli visiter en partie en 2003 - donnait déjà au voyage un départ excitant. Le retour en Europe centrale après huit ans d'absence et les redécouvertes de Vienne, Bratislava et de Prague allaient combler mon coeur de photographe amateur, puisque c'était la première fois que je me retrouvais en ces lieux magnifiques avec un appareil photo numérique. Enfin, une journée à Venise, que je voyais pour la seconde fois de ma vie - un privilège - était en quelques sorte la cerise sur le sundae de mes explorations austro-hongroises de 2011.
Inspirant est donc le mot qui décrit le mieux ce voyage de quelques mois. J'aurai moins voyagé en 2011, peut-être, mais l'intensité de la beauté que j'ai admiré et la richesse des trésors culturels que j'ai pu découvrir pendant ce voyage valent bien d'autres déplacements plus longs.
Et puis avec 2012 qui s'en vient, il y aura certainement d'autres occasions de voyager qui se présenteront bientôt.
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mardi 27 décembre 2011

L'Esprit Vagabond en 2011 : L'indignation

En cette fin d'année, je me permets un petit retour personnel sur l'année 2011. Une petite rétrospective annuelle, quoi. J'aurais bien dressé une mise à jour de mon État du Canada publié l'an dernier, mais je vous avoue que je trouve l'affaire bien trop déprimante pour m'y attaquer de front. Je vais donc publier une rétrospective en quelques billets, avant de m'attaquer à 2012 et ce que cette nouvelle année nous apportera.
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Je remarque d'abord qu'un changement de ton s'est opéré sur cet Esprit Vagabond. On pourrait dire que c'est en 2011 que mes opinions socio-politiques ont trouvé leur voie (et leur voix) sur ce blogue, mais ça serait ignorer une grande partie de mes écrits passés. En effet, si c'est effectivement cette année que ma voix sociale s'est faite la plus présente en ce qui concerne le pays dans lequel je vis, j'exprimais ces considérations auparavant par le biais d'observations sur ce qui se passait ailleurs dans le monde, principalement à partir de mon séjour en Amérique du Sud en 2007 sur les traces du Che.
Mon année 2011, à l'image de celle de bien des gens sur cette planète, aura donc été une année d'indignation.
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Le rôle du Canada à l'étranger - un dossier que j'avais entrepris de suivre depuis la fin de 2009 déjà -, la crise économique via l'objectif du cinéma, la protection de nos acquis et de nos ressources, le cyberactivisme, les nouvelles orientations du Québec, le support aux indignés du mouvement Occupons Montréal, la dénonciation des biais sociaux imposés par le modèle de droite économique mondialisé, l'interpellation aux gens de mon coin d'origine lors des élections fédérales, voilà autant de sujets (et plusieurs autres qui y sont rattachés) qui ont occupés une grande place dans mon année 2011.
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On a regroupé beaucoup de mouvements sociaux autour de l'indignation en 2011, de la révolte en Tunisie jusqu'aux mouvements d'occupation urbaine de villes de l'occident. Ces mouvements ne sont pas directement reliés entre eux et ne regroupent pas des "indignés" qui le sont pour les mêmes raisons. Et les médias ont souvent énoncé le manque de revendications claires et cohérentes de plusieurs de ceux-ci. Pourtant, pour ceux  qui, comme moi, ont appuyé ces mouvements à leur manière, il y a une grande cohérence qui se dégage du fait que tous ces gens qui s'indignent, le font par protestation envers le modèle unique mondial qui s'est créé et qui a engendré les situations dénoncées par tous ces mouvements. On oublie les liens qu'il y avait entre certains régimes "dictatoriaux" comme ceux de la Tunisie et l'Égypte et le fait que ces régimes étaient encouragés et maintenus en place en grande partie grâce à l'aval des "démocraties" occidentales, essentiellement pour des raisons d'économie de marché. L'indignation des premiers occupants (les espagnols) face aux mesures d'austérité imposées par un gouvernement élu à gauche qui change de discours en cours de mandat à cause des pressions des marchés financiers relève du même problème, en ce qui me concerne. Idem pour les occupants de Wall Street, qui dénoncent les financiers qui s'en sont mis plein les poches à coup de bonus tirés des généreuses sommes reçues de l'état un an avant pour les sortir de l'impasse.
Quand je dénonce la filiation évidente de ces marchés avec les pions que l'on a judicieusement placé à la tête de plusieurs états européens, ou que je dénonce le discours de droite économique du gouvernement du Québec et de celui du Canada qui énoncent ces positions comme s'il s'agissait de faits et qu'il n'y avait pas d'alternative, mon indignation porte sur le même problème original que tous les indignés de la planète.
Ainsi, 2011 aura probablement rapproché bien des altermondialistes, puisque ces indignations se sont en quelque sorte mondialisées pour de vrai, même si le mouvement altermondialiste avait déjà commencé à développer une certaine cohérence en occident depuis plusieurs années déjà.
Reste à espérer que le passage à 2012 ne fera pas oublier ces protestations, car pour ma part, j'ai plus l'impression qu'il s'agit d'un début que d'un mouvement qui aura connu son apogée en 2011.
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samedi 24 décembre 2011

Noël

Noël.
Cette période de l'année a tellement changé depuis mon enfance qu'il est maintenant impossible de reconnaître en ces Noël contemporains ce qu'étaient les Noël de ma jeunesse.
Je ne suis pourtant pas un nostalgique du Noël traditionnel de mon enfance. Certes, j'ai d'excellents souvenirs des réveillons de famille gigantesques que mes parents organisaient en y invitant toute la famille élargie, autant du côté paternel que maternel. Avec plusieurs dizaines de personnes assemblés dans une maison à peine assez grande pour tous les recevoir assis, il y avait de l'ambiance. Je ne suis pas un vrai nostalgique, car au fond, je sais très bien que ces souvenirs appartiennent non seulement au passé, mais aussi qu'ils appartiennent à une autre époque. Je comprends parfaitement que nous ne pouvons plus faire exactement  la même chose - même si nous tentions de recréer entièrement un réveillon identique.
Et je ne parle pas d'évolution de la société ici, mais de simple évolution et vieillissement naturel de ma propre famille; nous ne pourrions pas recréer la même ambiance ou les mêmes festivités que dans mon enfance, puisque nous ne sommes plus les mêmes.
Dans mes Noël d'enfance, ces festivités représentaient un moment spécial de l'année, des congés, des regroupements familiaux comme on en voyait rarement - voire jamais - en cours d'année, et bien sûr, les traditionnels cadeaux de Noël. Il y avait aussi les visites, les dîners, les soupers et les soirées chez les grands-parents et les oncles et tantes. Mais ce qui faisait de Noël un temps aussi spécial à mes yeux d'enfant, c'était l'attente, le désir de vivre cette période annuelle, le plaisir anticipé de l'ouverture des deux ou trois cadeaux reçus (de mes parents, mes grands-parents et mon parrain et ma marraine). Or cette excitation si spéciale rattachée à Noël, elle est virtuellement impossible à retrouver aujourd'hui.
Dans notre univers contemporain, les réunions familiales ne sont pas réservées au seul traditionnel temps des fêtes, les cadeaux non plus, les congés et les occasions de festoyer sont plus fréquentes que dans mon enfance. En partie parce que la société à changé, en partie parce nous avons changé, mais aussi (personnellement) parce que je ne suis plus un enfant.
Mais en fait, l'excitation venait essentiellement de l'attente, via des petits détails comme les chandelles de l'Avent à l'église, que l'on comptait de semaine en semaine. On notera également que cette période pré-Noël où l'on construisait cette attente qui constituait la moitié du plaisir des fêtes tellement on avait hâte, elle fonctionnait parce qu'elle était relativement courte; règle général quatre semaines. Chez nous, ma mère ne sortait jamais les disques de Noël avant le premier décembre. Idem pour les décorations. Il y avait également une sorte de rituel associé à ces gestes simples; les vieux vinyles dont on avait presque oublié la pochette - il devait y en avoir seulement 5 ou 6 chez nous, et issus d'artistes connus mais souvent de voix  ou chorales inconnues, des artistes que l'on écoutait rarement à d'autres moment de l'année.
C'est certainement là ce qui distingue le plus les Noël du 21e siècle de ceux de mon enfance. Le désir.
Aujourd'hui, je suis incapable de développer cette excitation due à l'attente d'un moment spécial, puisque rendu à la première semaine de décembre, je commence à être fatigué d'entendre la même musique partout dans mes déplacements et d'assister à la course aux cadeaux depuis plus de 5 semaines déjà. Je suis fatigué de voir le Père-Noël, apparu dès le 5 novembre. Je suis épuisé par tous les excès que nous a apportés la prise de contrôle commercial des festivités de Noël.
Je ne suis pas rétrograde ni réactionnaire; tant mieux si les gens sont heureux à Noël grâce à tout ça (même si j'en doute). Je suis juste incapable de me sentir excité avec huit semaines de ce régime. À la limite, heureusement que nous avons Halloween, sinon, on nous ferait fêter Noël trois mois d'avance. Et à fêter Noël des mois d'avance, la fête perd de son charme, de son unicité, de son intérêt. Elle devient banale, donc d'autant moins excitante.
C'est principalement ce constat qui m'a fait m'éloigner graduellement de Noël depuis une dizaine d'années. La fête traditionnelle est de plus en plus rattachée à la consommation de masse et au commerce, alors que ma vie s'est de plus en plus éloignée de ces aspects de notre société; je ne me reconnais donc plus dans Noël.
Pour éviter ces agacements qui me semblent d'ailleurs aux antipodes de ce que représente Noël, même dans le discours moderne (que l'on soit religieux ou non; au sens de la fête de l'amour et de la famille), j'évite donc les magasins et centres commerciaux, j'évite les circulaires de promotion et tout ce qui vient avec. Devant tous ces excès, j'évite cette appropriation de Noël, ce détournement de Noël par une société de consommation galopante et devenue incontrôlable. J'ai du même élan la (fausse) impression d'éviter Noël, et j'éprouve le sentiment que cette prise de contrôle commerciale m'a tout simplement volé Noël.
Père-Noël Hugo,
probablement en 1970.
Il ne me reste plus que les réunions de famille. Une activité toujours agréable, toujours appréciée, mais qu'il nous arrive également de faire - à mon grand bonheur - à d'autres moments de l'année, dans le cadre d'anniversaires, d'autres événements spéciaux ou au détour de simples hasards. Ces réunions, aussi agréables soient elles, ne peuvent évidemment pas à elles seules recréer l'ambiance des Noël de ma jeunesse.
Paradoxalement, c'est justement quand j'étais loin de ma famille que j'ai pu explorer et apprécier pleinement Noël avec une réelle excitation depuis dix ans. Des premiers balbutiements d'appels audio-vidéo Vancouver-Lac-St-Jean en 2001 aux Noël passés dans la brume de Sapa au nord du Vietnam ou dans le froid humide de l'ouest du Guatemala en 2009-2010, j'ai souvent trouvé dans ces éloignements, ces décors exotiques et ces cultures différentes, une excitation qui faisait de ces Noël un moment magique. Cet éloignement m'a rapproché et a fait de ces Noël quelque chose de différent, de spécial à nouveau.
Comme quoi Noël existe parfois, encore, et qu'il s'agit de le (re)trouver, de se le réapproprier.
C'est donc ce que je vous souhaite, pour que vous passiez tous... un Joyeux Noël.
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vendredi 23 décembre 2011

Midnight in Paris

S'il y a un film à voir en DVD pendant votre congé des fêtes, c'est définitivement Midnight in Paris.
Le dernier opus de Woody Allen, dans la continuité de ses récents films européens, se déroule donc à Paris et met en scène Gil, un scénariste hollywoodien frustré qui veut relancer sa carrière d'écrivain en travaillant sur un roman. Il se retrouve à Paris avec sa fiancée Inez et sa belle-famille, en visite pour quelques jours. Il est rapidement séduit par la ville lumière, et par l'idée romantique qu'il se fait du Paris des années 20, alors fréquenté par Hemmigway, Fitzgerald ou Picasso. Très rapidement, il s'éloigne des sorties familiales obligées et plonge dans son propre Paris... et celui de ses idoles (*).
Midnight in Paris est un superbe film sur l'art, sur la nostalgie, sur l'écriture et sur notre relation avec notre présent et le romantisme souvent associé au passé. C'est aussi un film sensible et très drôle et un splendide et vibrant hommage aux arts; cinéma, littérature, musique et peinture en tête. Woody se paye la traite avec ce film, et signe un de ses plus beaux scénarios depuis fort longtemps. Le scénariste retrouve ici un élan romantique et lyrique qu'on ne lui avait pas vu depuis longtemps, malgré l'habileté de certaines de ses dernières productions.
Le réalisateur, dont l'oeuvre semble avoir connu un renouveau depuis ses débuts européens, présente donc ce scénario avec une caméra fluide et feutrée, les deux rôles de Woody étant en parfaite symbiose.
Trop âgé pour jouer le rôle principal, il dirige un Owen Wilson tendre et amusant - qui démontre un certain nombre des tics de jeu assez typiques de Woody lui-même, ce qui rend son personnage aussi attachant qu'intéressant, puisque celui-ci n'en fait tout de même pas trop. Certains trouveront le film un peu bavard, mais pour ma part, j'aime beaucoup les films à dialogue, alors cet aspect m'a plu plus qu'il ne m'a agacé. Les nombreuses références artistiques forment un tableau truculent truffé d'humour et permettent au cinéaste quelques revisites décapantes de certaines idées reçues. La scène au musée, devant un Picasso, est à se rouler par terre. D'ailleurs, dans l'ensemble, les relations des personnages à l'art - particulièrement celles avec l'ami pédant d'Inez qui s'y connait en tout et n'importe quoi - sont absolument tordantes.
Comme Midnight in Paris est aussi une belle réflexion sur la nostalgie elle-même (sans tomber dans le mélodrame pour autant), et qu'il explore nos liens avec la réalité et nos perceptions de celle-ci, difficile de ne pas songer à The Purple Rose of Cairo, que Woody avait présenté au monde en 1985. Par contre, les univers qu'explorent le personnage central offrent un degré de réflexion temporel supplémentaire, et sont bien réels, même si le cinéaste nous les fait visiter dans un univers fantaisiste bien à lui. Et c'est là où la magie et le charme de Midnight in Paris opèrent à merveille; car Woody ne réinvente pas la roue, mais on y croit, on voudrait même y être... et on y est, le temps d'un visionnement.
Voilà donc sans aucun doute un de mes dix films préférés de 2011.
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(*) J'omets un grand pan de l'histoire, question de vous garder quelques surprises. Même chose pour les éléments les plus étonnants -  et souvent les plus amusants  - du film.

mercredi 14 décembre 2011

30 souvenirs en guise de double anniversaire

J'avais déjà fait mention de l'événement sur ce blogue, mais comme c'est annuel comme célébration, je me permets de revenir cette année sur l'anniversaire de mes amis les jumeaux cette semaine. Comme il s'agit de deux complices qui m'ont souvent accompagné (ou croisé) en voyage, j'ai pensé leur offrir, pour leur trente ans, ces 30 souvenirs de voyage que je partage avec eux.
Trente ans, trente photos-souvenirs, trente pays, je trouvais qu'il y avait là une belle symétrie.

Merci de faire partie de ma vie, je suis privilégié de vous avoir avec moi. Merci de partager ma passion pour l'exploration du monde, vous êtes des compagnons exceptionnels.
Hugues
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Argentine (Quebrada de Cafayate, 2007)


Autriche (Centre-ville de Vienne, 2011)


Belgique (Cornets de frites à Bruxelles, 2008)


Bolivie (En attendant l'autobus à El Alto, La Paz, 2007)


Bosnie-Herzégovine (Photographe photographiée, devant le Stari Most de Mostar, 2011)


Brésil (Chutes de Iguaçu, 2007)


Cambodge (Temple d'Angkor Wat, 2009)


Canada (Croisière à New Westminster, Vancouver, 2002)


Chili (Smog et sommets des Andes, Santiago del Chile, 2007)


Croatie (Sur les remparts de Dubrovnik, 2011)


Cuba (Dans les rues de La Havane, 2010)


Espagne (Pavillon de l'Espagne de Séville, 2006)


États-Unis (Parmi d'étranges pions, Philadelphie, 2010)


France (Sur les Champs de Mars, devant la Tour Eiffel, Paris, 2003)


Guatemala (Arrivée/retrouvailles à Antigua, 2009)


Hongrie (Devant le Danube et le parlement hongrois, Budapest, 2011)


Italie (Grand Canal de Venise, 2011)


Malaysie (En visite à la mosquée, Kuala Lumpur, 2009)


Maroc (Dans les souks de Marrakech, 2010)


Mexique (À la cathédrale de San Cristobal de las Casas, 2010)


Pays-Bas (Au revoir, à la gare d'Amsterdam, 2008)


Pérou (Forteresse Inca de Saqsayhuaman, 2007)


Portugal (Dans le tramway de Lisbonne, 2006)


République Tchèque (Sur le Karluv Most de Prague, 2011)


Royaume-Uni (Passant une seule journée ensembles, à Londres, 2008)


Singapour (Au centre-ville de Singapour, 2009)


Slovaquie (Reprenant une photo ratée en 2003, gare de Bratislava, 2011)


Slovénie (Au centre-ville de Ljubljana, 2011)


Thailande (En visite dans les temples de Bangkok, 2009)


Vietnam (Dans le désert près de Mui né, 2008)
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dimanche 11 décembre 2011

Le Vendeur

Ça faisait un bon bout de temps que j'attendais la sortie du film Le Vendeur.
Après avoir présenté son film dans divers festivals (dont Sundance), le réalisateur Sébastien Pilote s'est enfin décidé à le distribuer au Québec. En voyant le film, on comprend le délai; l'action se passe en hiver alors il aurait été étrange de présenter le film en pleine canicule au cours de l'été; l'effet aurait été moins percutant.
Le Vendeur, c'est Marcel Lévesque, le meilleur vendeur du concessionnaire automobile d'une petite ville de région. Il est âgé mais refuse absolument d'envisager de prendre sa retraite; il est veuf et il a consacré sa vie à son travail, à servir ses clients. Mais les temps sont durs, depuis que l'usine qui emploie des centaines de personnes en ville a fermé temporairement ses portes. Le film s'ouvre sur la 240e journée sans travail pour les ouvriers. Les difficultés économiques de la région s'ajoutent au début de l'hiver, une saison particulièrement ardue pour la vente de voitures. Les événements forceront Marcel à se confronter à cette réalité, et à se poser des questions sur sa carrière, et sa vie.
Si j'attendais ce film avec impatience, ce n'est pas juste parce que les critiques et les réactions en festivals étaient bonnes. C'est évidemment parce que le film traite de la vie en région, où j'ai moi-même grandi, et plus que ça, même si ce n'est jamais nommé explicitement dans le film, la région en question est le Lac St-Jean (on mentionne le "Parc Péribonka" et la route 169, entre autres détails). Comme le film y a aussi été tourné, j'avais hâte de voir le résultat.
Le Vendeur a principalement été tourné à Dolbeau-Mistassini, une ville du lac que je connais bien pour avoir participé à l'ouverture de son cinéma en 2000 et pour y avoir de la famille encore aujourd'hui. Après Roberval, Dolbeau, c'est donc un peu chez moi. Détail amusant, quelques scènes du Vendeur ont été tournées à Roberval (le salon de coiffure du film, la scène sur le lac gelé). Je vous avais d'ailleurs glissé un mot sur ce tournage dans un billet humoristique sur les gens du Lac, publié lors d'un précédent passage au Lac St-Jean.
Je ne pourrais établir le degré d'importance de mes expériences de vie en région, ou de ma connaissance personnelle de cette région en particulier, sur mon appréciation du film Le Vendeur. Je suis conscient que ça a ajouté un élément supplémentaire à mon expérience de cinéphile. Difficile de dire, donc, comment réagissent les gens qui sont natifs des grands centres ou les gens des régions dont la réalité ne ressemble en rien à celle décrite dans le film.
Je suis toutefois d'avis qu'en tant qu'objet cinéma, Le Vendeur repose sur un scénario solide et une réalisation soignée, en plus d'être porté par des interprètes convaincants, en particulier Gilbert Sicotte, présent dans pratiquement toutes les scènes du film, et remarquable dans une prestation intimiste et intériorisée. Ce n'est pas un film au rythme frénétique et aux rebondissements spectaculaires, mais plutôt un film qui réussi à installer une ambiance particulière, créée en partie par un habile jeu de répétitions (ah, les matins et le déneigement des véhicules à vendre!).
Mais surtout, Le Vendeur est un film profondément humain, qui est souvent triste mais parfois aussi très drôle, et dont l'histoire devrait toucher la plupart des spectateurs, ou à tout le moins les amener à se poser des questions. Ce vendeur qui continue à utiliser ses talents pour offrir des véhicules neufs à des gens qui n'en ont pas nécessairement besoin et qui sont pour la plupart sans travail depuis la fermeture de l'usine, il soulève des questions fondamentales sur les valeurs en région, et dans notre société en général.
Je suis évidemment particulièrement fier que ce bon film soit issu d'un créateur de mon coin de pays et qu'il ait pris la peine de l'y tourner.
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vendredi 9 décembre 2011

Pour un Québec conscient (1)

J'ai beaucoup parlé activisme, économie et politique ces derniers mois, et souvent, d'un point de vue international et non pas local.
Or, autour de moi, j'ai souvent l'impression d'être une sorte de bizarroïde, à dénoncer les abus de la droite et du néolibéralisme et que mes inquiétudes semblent très éloignées des préoccupations des gens que je croise. Aussi, le mouvement des indignés, qui a pris moins d'ampleur - ou s'est manifesté d'une manière plus calme que dans d'autres villes comme Madrid ou New York - a été traité par les médias comme un petit soubresaut social, pas menaçant, et presque sympathique, mais somme toute inoffensif. Ces observations m'ont amené à me questionner sur les relations du Québec avec cette situation mondiale.
Le Québec et la crise
D'abord, il importe de mentionner que le Québec a été moins touché jusqu'à maintenant par la crise financière et économique qui a débuté en 2008 (et qui n'est pas terminée). Bien que les raisons soient nombreuses, la première repose sur le bon état relatif des finances publiques au Canada et au Québec (malgré les discours de la droite qui hurlent contre nos déficit). La seconde raison est aussi fort simple; la réglementation des institutions financières au pays est beaucoup moins ouverte qu'elle ne l'est aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, pour nommer deux des pays les plus touchés par la crise financière. Notez que cette variable est valide partout dans le monde; il n'y a qu'à regarder ce s'est passé en Irlande et en Islande, par exemple alors que ces pays étaient cités comme des modèles à suivre par les tenants de la droite auparavant -, et par ceux qui auraient souhaité une réorientation des politiques au Québec et au Canada. La droite d'aujourd'hui remise sous le tapis de l'oubli ces exemples patents de ses échecs, mais elle a toujours agit ainsi, alors ce n'est pas nouveau.
Nous avons donc été socialement moins touchés. Plusieurs québécois n'ont ainsi vécu aucun impact depuis le début de la crise. Difficile alors de s'indigner ou de manifester contre le système.
Ensuite, il importe de mentionner que nous étions mieux outiller pour faire face à une crise. Le Québec a de bonnes politiques sociales et des politiques de redistributions de la richesse qui sont loin d'être idéales, mais qui sont bien meilleures que celles des États-Unis. Il y a certes un fort endettement des ménages, encouragé par la propagande du crédit et de la consommation outrancière promue par la droite, mais on est loin des seuils atteints chez nos voisins du sud et d'une gigantesque bulle qui ne pouvait qu'éclater un jour.
Bref, être un peu plus à gauche du spectre économique a grandement aidé le Québec.
À ce sujet, on peut lire "Les Défis du Québec", un texte de Jean-François Lisée paru dans Pour une gauche efficace et dans lequel il cite l'économiste de droite Norma Kozhaya dans un article de La Presse datant de mai 2006, et il analyse les données économiques du Québec depuis 30 ans. Il conclut:
"Si on résume le tout, on constate que: 1) les riches sont plus nombreux et plus riches au Canada anglais et aux États-Unis qu'au Québec; 2) les 20% les plus pauvres de la population sont mieux nantis au Québec qu'ailleurs sur le continent; 3) la classe moyenne québécoise a grosso modo le même niveau de vie que la classe moyenne anglocanadienne et américaine."
Information et conscience sociale
Les gouvernements actuels ne semblent pas vouloir que le québécois moyen soit conscientisé par la crise. Évidemment, ils n'ont rien à gagner à montrer du doigt un système économique qui leur permet de rester au pouvoir et dont ils ont fait la promotion depuis leur arrivée au pouvoir (tant à Québec qu'à Ottawa). Et malgré quelques éléments divergents ici et là, les médias dans leur ensemble ne semblent pas non plus réaliser que la situation mondiale vous nous rattraper, à voir comment ils se contentent plus souvent qu'autrement de relayer les communiqués ou réactions des politiciens ou des économistes et conseillers financiers qui n'ont d'yeux que pour le marché boursier, plutôt que de critiquer ces positions qui ont pourtant démontrées à l'échelle planétaire leur échec cuisant.
Parce que malgré les belles paroles de Jean Charest et l'indifférence de Stephen Harper, la crise mondiale nous rattrapera bientôt. La crise nous rattrapera pour la simple raison que le délai est dû essentiellement au fait que nous sommes des fournisseurs de matières premières. Quand les américains et européens cessent de consommer, les producteurs et fabricants de biens de consommation en Chine et en Inde ralentissent leur production, et donc, éventuellement, ont besoin de moins de ressources primaires. Certains vous diront même que la crise nous a déjà rattrapé et que ça ne fait que commencer. Malheureusement, la fiscalité canadienne est maintenant dans un état lamentable et atrophié, donc le fédéral aura bien de la difficulté à trouver une marge de manoeuvre pour affronter les problèmes quand ils surviendront (ils "devront" alors couper dans les programmes et services, ce qui aura plutôt des conséquences navrantes).
Au Québec, si on cessait de vouloir atrophier la fonction publique, de brader nos ressources naturelles à un prix dérisoire et de vouloir produire des nouveaux kilowatts d'électricité que nous vendront à perte, peut-être serions nous mieux placé encore.
Le Québec est-il conscient?
Malgré le manque d'information directe, on peut espérer que les québécois soient tout de même conscients de ce qui se passe. Il est toutefois difficile de comprendre où nous nous situons en tant que société quand les médias nous balancent tout et son contraire. Par contre, on pouvait lire dans Le Devoir des 26-27 novembre dernier, que 81% des québécois sont inquiets de la situation économique.
"Pas moins de 81 % des Québécois se disent «très préoccupés» ou «assez préoccupés» par l'état de l'économie de la province. Ils sont aussi préoccupés par l'état de l'économie canadienne dans une proportion de 76 %."
Paradoxalement, le québécois moyen a beau être inquiet, il se jettera quand même dans la consommation pour le temps des fêtes comme si tout était encore rose. Isabelle Masse de La Presse mentionne une étude du Conseil québécois du commerce de détail selon laquelle "59% des Québécois estiment «que la situation économique actuelle influencera peu ou pas du tout leurs intentions d'achats». C'est 7% de moins qu'en 2010. De quoi réjouir le père Noël!"
Il y a surtout de quoi réjouir les actionnaires du Père Noël, d'après moi.
Alors, protégé jusqu'à maintenant, mais de plus en plus conscient qu'une période difficile est à nos portes, le québécois est-il intéressé pour autant à cette crise? Et plus important, le Québec actuel est-il porteur de solutions à cette crise?
Ces questions seront abordées dans un second billet.
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jeudi 8 décembre 2011

Le Daliaf ou l'Esprit Vagabond dans le dictionnaire


La semaine dernière, j'étais invité au lancement du Daliaf: le Dictionnaire des auteurs des littératures de l'imaginaire en Amérique française, un livre de référence publié par Claude Janelle aux Éditions Alire.
Disons-le d'emblée, le Daliaf est un ouvrage de référence majeur. Il propose, sous une splendide couverture rigide, un document de 500 pages répertoriant tous les auteurs francophones de science-fiction, fantastique ou fantasy ayant publié au moins une nouvelle entre 1835 et 2008. Un travail de moine.
Chaque auteur est présenté avec une courte biographie, suivie d'une bibliographie complète dans les genres concernés par le Daliaf, le tout accompagné de photos des auteurs et de plusieurs premières éditions de livres (romans, recueils, anthologies).
Si ce n'était pas déjà suffisant, Janelle propose également, à la fin de chaque section alphabétique, des profils littéraires. Ces profils, d'environ une page chacun, traitent de l'ensemble de l'oeuvre d'un auteur et de son impact et son importance pour les littératures francophones de l'imaginaire en Amérique. Enfin, on retrouve également un document bibliographique concernant les anthologies et collectifs couvrant la même période.
Le Daliaf se veut un ouvrage exhaustif; on y retrouve donc parfois des entrées très obscures, comme des auteurs n'ayant publié qu'une nouvelle, il y a un siècle et demi. On y retrouve aussi des auteurs qui sont très connus pour un autre volet de leur oeuvre mais qui ont également publiés romans et nouvelles de F&SF. Il est donc agréable de voir enfin un document complet et professionnel, où se côtoient Daniel Sernine, Élisabeth Vonarburg et Michel Tremblay, où sont présentés Joël Champetier et Yves Meynard avec Anne Hébert, Roch Carrier et Yves Thériault.
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Honneur
Comme j'ai oeuvré dans le milieu de la micro-édition des littératures de l'imaginaires pendant plusieurs années, que j'ai été rédacteur en chef de la revue Solaris pendant deux ans, et que j'ai publié plusieurs nouvelles dans les deux dernières décennies, dont plus de la moitié relèvent du fantastique ou de la SF, ce n'était pas une surprise de retrouver mon entrée à la lettre M du Daliaf.
Par contre, j'ai eu une surprise de taille quand j'ai constaté que Janelle avait cru pertinent de me consacrer un profil littéraire. Surtout que sur les 1700 auteurs que documente le Daliaf, seulement 56 se voient accordé cet honneur. Si l'importance historique de Jules-Paul Tardivel ou celle du phénomène populaire qu'est Patrick Senécal sont incontestables, et que l'importance littéraire des oeuvres de Sernine, Rochon, Vonarburg ou encore de Trudel et Alain Bergeron ne fait aucun doute, j'avoue que mon profil m'a étonné.
Je suis bien entendu fort honoré de me trouver en présence d'auteurs dont j'admire autant le talent que l'oeuvre et je ne ferai pas ici de fausse modestie sur mon implication en tant que micro-éditeur et promoteur des littératures de l'imaginaires. Claude Janelle le dit lui-même en introduction: "Un autre observateur de la production des trente dernières années en arriverait sans doute à une liste différente". Je ne bouderai donc pas mon plaisir de me retrouver en si honorable compagnie. Surtout que dans mon profil littéraire, le Daliaf mentionne l'influence importante de mes voyage et du journal de voyage que constitue l'Esprit Vagabond quand je suis à l'étranger sur la qualité de mon écriture. J'ai trouvé la remarque d'une grande justesse (vu de mon point de vue), de même que l'ensemble du profil en question, même s'il n'est pas tendre (avec raison) envers mes premiers écrits.
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20e Anniversaire
D'ailleurs, parlant de mes premiers écrits, ou devrais-je dire de mes premiers écrits publiés, ce mois de décembre 2011 marque le 20e anniversaire de la publication de ma première nouvelle.
Si le Daliaf indique que ma première nouvelle est "Seign es anneaux" dans CSF en 1992, c'est que mes premières publications ne relevaient pas des littérature de l'imaginaire, mais du mainstream.
"La Nouvelle correspondance Gossian-Vanderbadage" a été officiellement publiée dans le numéro 123 de la revue STOP, un numéro daté de janvier 1992, mais imprimé et distribué en décembre 1991, il y a donc 20 ans ce mois-ci. Cette nouvelle humoristique allait être suivie du "Marchand de rêves", dans la revue lavalloise Brèves Littéraires, puis de deux textes, l'un hommage à Isaac Asimov, l'autre insolite-humoristique, tous deux publiés dans le numéro 19 du fanzine Temps tôt. Puis ce fut la nouvelle dans CSF, avant "L'Étrange Monsieur W." dans Solaris 102, toujours en 1992. Cette nouvelle, qui s'était classée au deuxième rang au Prix Solaris 92, allait être ma première publication professionnelle dans les littératures de l'imaginaire. Cette première année de publication allait se conclure en décembre par un autre hommage à Asimov (il venait de nous quitter) dans le numéro 62 de la revue imagine...
Ces sept textes dans six revues et fanzines différents en un an marqueraient le début d'un rythme d'écriture et de publication frénétique chez moi. Loin de renier cette époque, je la regarde avec une certaine affection, même si elle m'a fait produire beaucoup de textes qui auraient été mieux de demeurer dans mes tiroirs. Nous sommes le résultat de nos expériences, et donc, sans cette période frénétique, je ne serais pas l'auteur que je suis maintenant. Je serais peut-être bien meilleur, mais c'est une autre histoire, et peut-être que dans ce cas, je n'aurais jamais créé cet Esprit Vagabond ni voyagé autant, alors difficile de regretter le chemin parcouru depuis. D'un autre côté, j'aurais peut-être cessé d'écrire, alors je suis bien content d'avoir emprunté ce chemin.
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