dimanche 11 décembre 2011

Le Vendeur

Ça faisait un bon bout de temps que j'attendais la sortie du film Le Vendeur.
Après avoir présenté son film dans divers festivals (dont Sundance), le réalisateur Sébastien Pilote s'est enfin décidé à le distribuer au Québec. En voyant le film, on comprend le délai; l'action se passe en hiver alors il aurait été étrange de présenter le film en pleine canicule au cours de l'été; l'effet aurait été moins percutant.
Le Vendeur, c'est Marcel Lévesque, le meilleur vendeur du concessionnaire automobile d'une petite ville de région. Il est âgé mais refuse absolument d'envisager de prendre sa retraite; il est veuf et il a consacré sa vie à son travail, à servir ses clients. Mais les temps sont durs, depuis que l'usine qui emploie des centaines de personnes en ville a fermé temporairement ses portes. Le film s'ouvre sur la 240e journée sans travail pour les ouvriers. Les difficultés économiques de la région s'ajoutent au début de l'hiver, une saison particulièrement ardue pour la vente de voitures. Les événements forceront Marcel à se confronter à cette réalité, et à se poser des questions sur sa carrière, et sa vie.
Si j'attendais ce film avec impatience, ce n'est pas juste parce que les critiques et les réactions en festivals étaient bonnes. C'est évidemment parce que le film traite de la vie en région, où j'ai moi-même grandi, et plus que ça, même si ce n'est jamais nommé explicitement dans le film, la région en question est le Lac St-Jean (on mentionne le "Parc Péribonka" et la route 169, entre autres détails). Comme le film y a aussi été tourné, j'avais hâte de voir le résultat.
Le Vendeur a principalement été tourné à Dolbeau-Mistassini, une ville du lac que je connais bien pour avoir participé à l'ouverture de son cinéma en 2000 et pour y avoir de la famille encore aujourd'hui. Après Roberval, Dolbeau, c'est donc un peu chez moi. Détail amusant, quelques scènes du Vendeur ont été tournées à Roberval (le salon de coiffure du film, la scène sur le lac gelé). Je vous avais d'ailleurs glissé un mot sur ce tournage dans un billet humoristique sur les gens du Lac, publié lors d'un précédent passage au Lac St-Jean.
Je ne pourrais établir le degré d'importance de mes expériences de vie en région, ou de ma connaissance personnelle de cette région en particulier, sur mon appréciation du film Le Vendeur. Je suis conscient que ça a ajouté un élément supplémentaire à mon expérience de cinéphile. Difficile de dire, donc, comment réagissent les gens qui sont natifs des grands centres ou les gens des régions dont la réalité ne ressemble en rien à celle décrite dans le film.
Je suis toutefois d'avis qu'en tant qu'objet cinéma, Le Vendeur repose sur un scénario solide et une réalisation soignée, en plus d'être porté par des interprètes convaincants, en particulier Gilbert Sicotte, présent dans pratiquement toutes les scènes du film, et remarquable dans une prestation intimiste et intériorisée. Ce n'est pas un film au rythme frénétique et aux rebondissements spectaculaires, mais plutôt un film qui réussi à installer une ambiance particulière, créée en partie par un habile jeu de répétitions (ah, les matins et le déneigement des véhicules à vendre!).
Mais surtout, Le Vendeur est un film profondément humain, qui est souvent triste mais parfois aussi très drôle, et dont l'histoire devrait toucher la plupart des spectateurs, ou à tout le moins les amener à se poser des questions. Ce vendeur qui continue à utiliser ses talents pour offrir des véhicules neufs à des gens qui n'en ont pas nécessairement besoin et qui sont pour la plupart sans travail depuis la fermeture de l'usine, il soulève des questions fondamentales sur les valeurs en région, et dans notre société en général.
Je suis évidemment particulièrement fier que ce bon film soit issu d'un créateur de mon coin de pays et qu'il ait pris la peine de l'y tourner.
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1 commentaire:

  1. Je crois que d'après ta description, j'aimerais beaucoup voir ce film. J'Y vois le lac en hiver ou l'on se promenait avec Shadow. J'ai des photos comme celle là du Lac avec Shadow. Ce doit être très beau

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