lundi 21 mai 2012

Crise sociale: Liberté, opinion et consommation

Les nouvelles vont vite... et je ne parle pas seulement de la rapidité de propagation d'une information, mais des événements eux-mêmes.
Le maire de Montréal commence à peine à réaliser que de suspendre des droits fondamentaux était une mauvaise idée. (Il aurait pu arriver à cette conclusion par lui-même, sans émeute, il y a quelques jours s'il n'était pas déconnecté de la réalité).
Après les nombreuses bavures policières - plusieurs vidéos circulent sur les médias sociaux - dont ont parlé les grands médias hier soir (enfin), le maire affirme toujours sans aucune nuance que le SPVM et la SQ font un travail "remarquable". On ne vit pas sur la même planète que lui.
Les nouvelles vont vite... et elles changent vite aussi!
On a vu deux autres journalistes arrêtés hier soir (un du journal de Montréal, l'autre de La Presse) malgré qu'ils se soient identifiés clairement aux policiers. Gabrielle Duchaine, de La Presse, a été insultée au passage, un policier lui disant qu'il se "calissait" qu'elle soit journaliste. Elle en a fait mention en direct sur Twitter, et dans une première version de son article sur Cyberpresse. Mais deux versions plus tard, cette mention a été effacée par la rédaction du journal de Power Corp.(1)
Et on s'étonne que certains jeunes ne fassent pas confiance aux journalistes et trouvent qu'ils ne font pas toujours un bon travail à rapporter les faits? Cet exemple nous montre qu'ils les rapportent parfois, mais que ces faits nous sont souvent cachés, tout simplement.
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Aussi, selon l'application que certains membres des forces de l'ordre font déjà, le simple port du carré rouge est jugé un "encouragement" à la violence et les gens le portant se font arrêter pour avoir participé à une émeute (nombreux témoignages en ligne et sur les médias sociaux, y compris de secouristes).
Ce symbole signifiant l'appui au mouvement étudiant dans leurs revendications contre la hausse des frais de scolarité est le symbole de ma liberté d'expression.
Je refuse que l'on considérer que je suis dans l'illégalité parce que j'exprime une opinion, je refuse que l'on considérer que je suis dans l'illégalité parce que j'ai une opinion.
J'imagine que tout ça ne concerne que ceux qui en ont une, opinion, le reste de la population semble très bien vivre avec la loi spéciale, continuant son petit magasinage et sa consommation de masse, souhaitant surtout ne pas être dérangé dans son petit quotidien par deux ou trois énergumènes comme moi qui questionnent le système. Ce reste de la population, majorité bien silencieuse, est réconfortée en lisant un sondage en une de La Presse nous disant que le Québec appuie massivement la loi spéciale; sondage dont on dit du bout des lèvres plusieurs paragraphes plus bas qu'il n'a pas été réalisé avec une méthode scientifique, et qui a été réalisé avant que ladite population ne connaisse le contenu de la loi en question.
Mais je ne me reconnais pas dans ce reste de la population; tout mon mode de vie m'a mené à l'opposé de ce confort indifférent et habilement manipulé par un monde axé sur la consommation matérielle dont la valeur ultime est l'argent et les possessions.
Ainsi, pour moi, un citoyen qui est aussi auteur, cette liberté d'expression est essentielle; elle fait partie de ma vie.
Ce blogue continuera donc d'arborer le carré rouge.
Je plaide donc coupable au crime d'avoir une opinion politique sur la crise, et d'émettre cette opinion.
L'expression de cette opinion ne pourrait être plus pacifique. J'écris de manière posée, sur un blogue, que je ne suis pas d'accord avec une décision gouvernementale et que j'appui ceux qui la contestent.
Réalisez, par contre, la chose suivante:
Que vous ayez une opinion ou non, que le confort de votre consommation de masse vous endorme ou non, que le jour où cette dissidence politique que j'exprime devient illégale, nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes dans une dictature totalitaire.
Et même si votre confort monétaire ou matériel vous met actuellement à l'abri, le régime finira tôt ou tard par vous rattraper vous aussi, et il sera alors bien trop tard pour réagir.
*
Mon ami Dédé l'exprimait déjà, bien à sa manière, il y a déjà 14 ans...
*
"Je ris au nez des vendeurs d'ordre
Des exploiteurs endimanchés
Distributeurs de cochonneries
Et de bonheurs préfabriqués
Allez-vous en au paradis
Bande de téteux pis lâchez-moé
Ch'tanné d'entendre toutes vos conneries
Vos saloperies pis vos menteries
Pis de voir vos yeux ambitionneux
Crier youppie! J'ai réussi! Ostie"

- Dédé Fortin, les Colocs, Pis si au moins.
*
(1) Pour ceux qui ne croient que ce qu'ils voient:




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