jeudi 12 décembre 2013

En vacances à Trinidad (de Cuba)

Avant de vous entretenir de mon nouveau projet en Équateur (début 2014), je vais d'abord m'envoler en vacances, à Trinidad de Cuba (je spécifie, puisque pour plusieurs, Trinidad peut faire référence à Trinidad et Tobago).
Mon troisième séjour dans l'île présidée par Raul Castro, qui a récemment serré la main d'Obama (premier président américain à poser ce geste envers un dirigeant Cubain depuis 1960).
J'avais effectué un séjour dans le sud-est de l'île, à Santiago, lors des élections de 2008, puis un séjour dans la capital La Hanave, au nord-ouest, en 2010. Cette fois, je serai au centre-sud de l'île, près de Trinidad, ville classée patrimoine mondial de l'UNESCO, et qui n'est qu'à quelques heures de Cienfuegos, autre ville classée (plus récemment) au patrimoine mondial.
Architecture coloniale, rhum de qualité, plages et musique sont au programme de ces vacances de quelques semaines.
D'après mon expérience pasée sur l'île, les connexions internet ne sont pas toujours très fiables, alors je ne planifie pas de publier beaucoup de billets pendant ce séjour. J'y reviendrai probablement après coup avec la publication de notes de voyages, si je prends des notes qui méritent publication par la suite.
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samedi 7 décembre 2013

Mandela, l'Apartheid et Stephen Harper

Un post-scriptum à mon billet d'hier sur l'hypocrisie du monde face à l'homme remarquable qu'a été Nelson Mandela.
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Après la condamnation du régime de l'Apartheid par les Nations Unies en 1978, le mouvement pour son abolition s'est étendu à tout le globe. Parallèlement à ce mouvement, il y en a eu un autre - celui auquel je faisais allusion hier en parlant de Reagan, justement - un mouvement supportant le statu-quo en Afrique du Sud, c'est-à-dire un mouvement encourageant le racisme et l'exploitation des noirs de ce pays au seul profit de sa population blanche et des corporations internationales profitant alors d'une main d'oeuvre captive et exploitée. Ce mouvement, il a milité activement contre les sanctions commerciales réclamées pour mettre de la pression sur le gouvernement sud-africain. Reagan lui-même a résisté longtemps avant de se plier aux volontés populaires aux États-Unis, Thatcher s'y opposait vigoureusement elle aussi.
Au Canada, une visite de l'ambassadeur de l'Afrique du Sud a été organisée en 1985 afin de promouvoir le statu-quo de l'Apartheid et d'obtenir des appuis canadiens au régime. Cette visite a duré deux ans, permettant à l'homme de faire du lobby et d'être entendu à la télé et à la radio à de nombreuses occasions.
Suite à cette campagne - à laquelle a participé un leader étudiant de droite de Toronto (Tony Clément, actuel ministre conservateur) - un organisme appelé The Northern Foundation est créé en 1989, avec comme co-fondateur Stephen Harper, futur premier ministre du Canada. Cet organisme d'extrême-droite milite alors activement pour le maintien de l'Apartheid et de la domination blanche en Afrique du Sud (*).
C'est de ce Stephen Harper hypocrite-là que je parlais hier concernant son hommage à Nelson Mandela. Ce Stephen Harper ayant défendu le régime raciste que combattait Mandela, le Stephen Harper s'étant impliqué activement contre le mouvement dirigé par Mandela.
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On a aussi beaucoup parlé, depuis quelques jours, de la position du Canada dans la chute de l'Apartheid. Je ne reviendrai que sur un détail: en 2001, le Canada a fait de Nelson Mandela un citoyen canadien honoraire par un vote du Parlement. Un vote quasi unanime, puisqu'un seul député a voté contre cette initiative: un député nommé Rob Anders (Calgary-Ouest). Ce député, qui a plutôt choisi de qualifier Mandela de communiste et de terroriste, il siège toujours au sein du gouvernement Harper aujourd'hui.
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(*) Voir le livre "Preston Manning and the Reform Party" de Murray Dobbin Goodread, Formac Publishing 1992, 100-107.

vendredi 6 décembre 2013

Mandela, la révolution et l'hypocrisie du monde

Je suis, comme beaucoup de gens sur terre aujourd'hui, attristé par la mort de Nelson Mandela, un exemple pour une bonne partie des citoyens de la planète. Des centaines d'hommages lui sont rendus un peu partout, tous les chroniqueurs et éditorialistes, politiciens et ex-politiciens y vont de leur mot pour nous rappeler combien il était un grand homme, combien il était pacifiste.
La plupart semblent avoir oublié que Mandela a d'abord été perçu par le pouvoir en place en Afrique du Sud comme un traître, et par une partie des dirigeants du monde comme un dangereux communiste. Aujourd'hui, sa participation à la faction militaire de l'ANC serait probablement vue comme du terrorisme. D'ailleurs, c'est suite à des informations de la CIA au gouvernement Sud-africain de l'époque qu'il a été arrêté, jugé, puis emprisonné.
Bien que Mandela ait réussi une grande chose avec les changements apportés en Afrique du Sud de manière pacifique, et que ses grandes qualités personnelles y soient pour beaucoup, il ne faut pas oublier qu'il a d'abord été un manifestant, puis un révolutionnaire, avant d'en arriver là.
Dans son pays (et ailleurs), Nelson Mandela ne s'est pas simplement battu contre le racisme, il s'est battu contre la répression, contre les inégalités sociales et économiques.
Plusieurs ex-chefs d'État qui le saluent aujourd'hui comme un grand homme, sont parmi ceux qui l'ont même obligé à prendre des décisions économiques qui allaient à l'encontre de ses idées et principes; Thatcher et Reagan étant en tête de ce groupe, comme le rappelle avec à propos Yves Boisvert de La Presse aujourd'hui.
D'autres, comme le premier ministre du Canada, affichent sans gène cette hypocrisie qui leur fait dire tout haut qu'ils admirent Mandela, alors que toutes leurs politiques sont orientées contre tout ce pour quoi Mandela s'est battu toute sa vie.
Enfin, presque tous les chefs d'État ayant rendu hommage à Nelson Mandela depuis hier pratiquent une répression envers les manifestants (ou ceux qui se battent contre les inégalités sociales et économiques) dans leur propre pays, répression qui relève de la même idéologie que celle appliquée par l'Afrique du Sud des années 60 contre Mandela (alors que celui-ci questionnait le pouvoir en place et l'état des choses).
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Je termine sur un des signes particulièrement patent de cette hypocrisie. Sur le fil Twitter su SPVM, on peut lire que le service a mis son drapeau en berne par respect pour Mandela. Le SPVM a pourtant à son actif de très nombreux abus - dont les plus évidents sont apparus lors de la crise sociale de 2012 -, le genre d'abus dénoncés par Mandela, justement. Sans parler du fait que la répression policière effectuée par le SPVM relève aussi de la même idéologie que celle effectuée par le régime d'Afrique du Sud contre Mandela lui-même, quand il était encore un révolutionnaire et pas encore le héros pacifiste que l'on connait. Cette hypocrisie - ou complète ignorance qui frôle la stupidité ? - n'a d'ailleurs pas échappé à quelques intervenant sur le fil Twitter en question:


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Repose en paix, Madiba, tu as été un exemple pour des millions de personnes, ta présence et ton exemple auront modifié le monde, et inspiré des centaines de mouvements à continuer tes nombreux combats.

jeudi 28 novembre 2013

Chers lecteurs

Chers lecteurs
Cet automne, pour diverses raisons, je me suis posé bien des questions sur mes voyages et mes écrits. J'ai beau profiter de la vie, découvrir, voyager, apprendre, échanger... à quoi bon si ces activités ne laissent aucune trace, ne changent rien à rien? Si mes voyages en pays en développement, mes témoignages de l'impact de la vie dans notre pays sur ces populations ne changent en rien les habitudes de mes lecteurs, à quoi est-ce que ces témoignages et voyages servent-ils? Si les lecteurs de mes articles et billets sur les atrocités commises au Guatemala (par exemple) par les entreprises canadiennes, et le fait que ces atrocités ont été approuvées et encouragées par le gouvernement conservateur au grand complet (par un vote en chambre dont j'avais donné quelques détails d'ailleurs), si les lecteurs de ces billets-là continuent de voter pour ces gens, continuent d'investir dans ces entreprises, ne questionnent pas leur courtier, leur REER et leur fonds de pension, si ces lecteurs-là s'en fichent donc, à quoi est-ce que je sers?
Je donne l'exemple du Guatemala en ce qui concerne mes écrits sur ce blogue et ailleurs.
J'aurais aussi pu donner l'exemple de l'Équateur, où j'ai effectué mon premier projet de coopération internationale en 2004. Dans ce cas précis, je ne m'attendais ni à changer le monde d'ici, ni celui de là-bas, mais j'avais un peu d'espoir de contribuer à quelque chose, aussi minimale soit cette contribution, auprès des enfants de l'école, et de (peut-être) sensibiliser les gens de mon entourage face à ce qui se passe sur la terre à l'extérieur de leur petite bulle privilégiée.
Je ne pars pas en croisade contre le fait que nous sommes privilégiés, et certes, il y a relativement peu d'actions que nous puissions faire, individuellement, pour vraiment changer les choses, mais je donne parfois quelques pistes significatives, comme la surconsommation, le gaspillage, l'encouragement à des entreprises qui violent des droits humains ailleurs dans le monde, ou encore exploitent carrément les populations des pays pauvres.
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Une pensée qui résume mon questionnement
En un mot: Il me semble que ne pas agir pour nuire à autrui, ne pas agir pour faire souffrir autrui et ne pas agir pour (faire) tuer autrui, ce n'est pas demander la lune, quand même, non?
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Coopération et grands décideurs
Au cours des dix années qui se sont écoulées depuis mon projet en Équateur, je n'ai cessé de m'intéresser ou participer activement à des projets de coopération internationale, dont certains relevaient d'organismes très bien établis alors que d'autres relevaient de projets individuels. Dans bien des cas, la business de la coopération et l'attitude des gouvernements des pays industrialisés (surtout depuis le virage opéré par le Canada sous les conservateurs si on s'attarde à notre propre pays) m'ont fait réaliser à quel point ces efforts de coopération individuels étaient systématiquement détruits par ces grands décideurs.
Les entreprises transnationales ont (littéralement) les gouvernements dans leur poche – il n'y a qu'à regarder les dossiers des mines, des pétrolières, de la fiscalité et de l'environnement (entre autres), dans lesquels nos gouvernements fédéraux comme provinciaux s'inclinent automatiquement devant la grande industrie privée sans considération pour les citoyens, et sans même s'en cacher pour s'en convaincre. Cette toute puissance des transnationales boucle en quelque sorte cette boucle qui décourage bien des gens d'agir pour améliorer les choses. Un exemple parmi d'autres: Il y a un peu plus de 3 ans, alors que je m'intéressais à un groupe de jeunes coopérants oeuvrant sur un projet en Afrique de l'Ouest, quelques participants à ce projet me confiaient avoir rencontré, lors de la fête du Canada (chez l'ambassadeur), le consul et ses adjoints, ainsi que leurs très bons amis: les ingénieurs des minières canadiennes là-bas. Or ces minières sont reconnues pour leurs dommages à l'environnement dans de nombreux pays en développement, sans parler de la violence qui entoure souvent leur exploitation des richesses et des travailleurs, ou les morts qui surviennent sur une base régulière dans le monde en rapport avec la "protection" de leurs projets face aux manifestations des résidents des régions touchées. Que voulez-vous que signifie la présence de deux ou trois jeunes coopérants canadiens dans ce contexte où une grande entreprise canadienne elle aussi dévaste le territoire et viole les droits des population?
Aujourd'hui, un article du journal La Presse mentionne que le gouvernement du Canada ne se cache même plus pour mettre au service de ces entreprises criminelles les diplomates payés à même les fonds publics: «Tous les actifs diplomatiques du gouvernement du Canada seront conscrits au profit du secteur privé afin d'atteindre les objectifs établis dans les marchés clés à l'étranger» (je souligne). Est-ce cynique que de dire ici que c'est une information que je savais depuis 3 ans via le témoignage de mes amis coopérants? Est-ce cynique de dire ici que ces amis ne peuvent pas publiquement parler de ça puisqu'ils étaient sur un projet dont une partie des fonds provenaient de l'ACDI et qu'ils pourraient être poursuivis? Est-ce anormal de se remettre en question dans des cas comme celui-là? Est-ce anormal de trouver incroyable que cette information ne semble déranger personne à part moi et quelques autres coopérants/activistes au pays?
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Coopération individuelle
Pour vous dire la vérité, j'ai un projet de billet sur les limites de la coopération internationale individuelle en préparation depuis plus de trois ans, mais à chaque fois que je m'y attaque de nouveau, des éléments s'ajoutent et font que je devrais écrire un livre plutôt qu'un billet de blogue. Bien évidemment, aucun éditeur ne voudra publier un tel livre, compte tenu des pronostics de vente d'un sujet pareil - ou des pronostics de poursuites bâillons comme en ont été victimes les auteurs du livre Noir Canada sur les minières en Afrique, justement - mais ça vous donne une idée du fait que ce n'est pas d'hier que je me pose des questions sur l'effet de mes actions et de mes écrits.
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Ce blogue et mes retours au pays
On pourrait aussi ajouter que ce blogue lui-même me cause des inquiétudes, notamment depuis deux ou trois ans, justement, alors que sa partie « voyage » s'est lentement transformée, une transformation qui a favorisé les billets-photos-touristiques au détriment de la réflexion sur le dépaysement, la coopération et mon observation des autres cultures. Mon retour d'Espagne, dont le séjour a été abordé de cette manière sur ce blogue, a ajouté à ce malaise, en plus de contribuer au malaise plus général qui accompagne toujours un retour au pays en ce qui me concerne.
Je vais évoquer de nouveau mon séjour en Équateur en 2004, puisque je me souviens encore très clairement du sentiment éprouvé lors de mon retour au pays (rappel : j'avais passé près de 3 mois en Équateur, un premier séjour en pays en développement). L'étape du choc du retour a alors été caractérisée par une incrédulité face au gaspillage de ressources et aux plaintes inutiles des canadiens sur leur vie qui me paraissait tellement plus confortable et enviable que celle des gens du village de Lloa où j'avais enseigné pendant quelques mois. J'avais conservé pendant plusieurs mois une certaine agressivité envers les enfants d'ici, qui se montraient déçus, à Noël ou pour leur anniversaire, par exemple, de ne pas recevoir le dernier lecteur MP3 qu'ils avaient demandés. Il faut comprendre que j'avais vu pleurer la directrice-professeure de l'école de Lloa en apprenant que j'avais réussi à acheter des aiguisoirs individuels qui feraient en sorte que nos élèves ne se couperaient plus les doigts en tentant d'aiguiser leurs crayons avec le vieil x-acto de l'école. Ce genre d'expérience laisse des traces et si celles vécues en Équateur en 2004 ou ailleurs dans le monde par la suite allaient me définir, j'allais tenter de partager ces influences avec mon entourage et mes lecteurs via divers textes publiés pour l'essentiel ici-même.
J'avais espéré qu'au fil des ans, la relation de ce genre d'expériences aurait un impact (aussi minime soit-il) sur la réflexion des gens qui me liraient. Toutefois, j'ai été forcé de constater, texte après texte, billet après billet, dossier après dossier, voyage après voyage, que ces expériences n'avaient aucunement provoqué (ni même fait envisager) un changement chez les gens de mon entourage ou les lecteurs de ce blogue.
Ce constat a quelque chose de profondément décourageant.
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Marasme d'automne
C'est avec l'habituel sentiment maussade qui accompagne un retour au pays, donc, additionné de toutes ces interrogations sur mon implication en coopération et dans mes écrits, que ce contexte d'impuissance et de questionnement a accompagné mon automne. Je ne me suis même pas rendu compte ni quand ni comment j'ai décidé de faire une pause sur ce blogue.
Deux rencontres
Puis, aussi soudainement que la pause s'est imposée, ma rencontre avec Claude Villeneuve et Noam Chomsky a semblé me tirer de mes réflexions et me redonner lentement le goût de continuer mon parcours. Mes réflexions et mes tentatives de faire changer les choses, de faire réfléchir les gens des pays industrialisés sur l'importance et l'impact de leurs comportements ne serviront probablement à rien. Mais ne rien faire m'assurera que je ne servirai à rien. Face au pari de Pascal, je me dis donc que je n'ai rien à perdre à essayer, et qui sait si on n'y gagnera pas quelque chose, aussi minimal ce gain soit-il?
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La suite
Les prochains billets feront donc une sorte d'état des lieux, un état de ce blogue, après bientôt 10 ans d'existence en ligne. Puis, il sera question de mon prochain projet, Équateur 2014, directement relié à mon premier projet en Équateur en 2004, qui permettra de faire le point sur cet aspect important de ma vie, et de voir où ça me mènera par la suite.
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mercredi 27 novembre 2013

Quand deux scientifiques de renom vous disent la même chose à deux jours d'intervalle...

Dur automne pour l'Esprit Vagabond.
Vous aurez constaté la disette de billets - si on compare à mon habituel rythme de publication - sur ce blogue depuis quelques mois. J'ai évoqué le manque d'enthousiasme face aux politiques et politiciens de tous niveaux et face aux comportements sociaux qui ne semblent pas changer pour faire face aux problèmes qui nous envahissent (et s'aggravent de jour en jour), bref, l'impression que souvent, quand on veut s'impliquer un peu pour faire changer les choses, on prêche dans le désert ou en terrain déjà semi-conquis. À un moment, on se demande: À quoi bon?
Achille Talon aurait résumé ça en un mot: Bof!
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Puis, coup sur coup, en l'espace de deux jours, deux scientifiques de renom m'ont dit la même chose. Il faudrait peut-être que j'écoute le conseil et me remette un peu de mon désintérêt pour la chose publique de l'automne.
Ces deux scientifiques sont le linguiste américain Noam Chomsky et le biologiste et spécialiste des changements climatiques québécois Claude Villeneuve.
Rencontré par hasard au salon du livre de Montréal, Claude Villeneuve - qui a été mon professeur de biologie et écologie au Cégep! - vient de publier un essai intitulé "Est-il trop tard? Le point sur les changements climatiques". J'ai dit à Claude que j'admirais son optimisme (relatif) concernant la réaction encore possible à ce qui s'en vient, que je trouvais admirable de ne pas se décourager, baisser les bras, surtout quand on voit que le bateau de l'humanité fonce droit sur l'iceberg climatique dans l'indifférence la plus totale des dirigeants de nos pays (quand ils n'adoptent pas carrément une attitude de sabotage comme le fait le Canada).
Mon commentaire ne sortait pas de nulle part, puisque ma rencontre avec Claude, samedi dernier, coïncidait justement avec l'échec des discussions de Varsovie sur la question climatique. Claude, dont la conclusion du plus récent livre ne laisse aucun doute sur les bouleversements qui sont maintenant inévitables, demeure optimiste quand aux possibilités de "gérer l'inévitable", afin que l'on tente "d'éviter l'ingérable". Ainsi, son livre contient toute une série d'analyses scientifiques sur ce qui peut être encore fait, tout en reconnaissant que rien de concret ne sera probablement fait avant 2030, mais qu'il faut néanmoins continuer à élaborer des solutions.
À mon commentaire, Claude a répondu en disant que c'était la seule attitude possible à avoir dans les circonstances, que la seule alternative à ce positivisme relatif (qui cherche des solutions à moyen et long terme) était d'accepter que le pire ne survienne. Il faut espérer qu'on se réveille assez tôt pour pouvoir gérer ce qui se produira inévitablement, au lieu d'avoir à faire face à des crises majeures ou insurmontables. Quand on attend les crises, on règle des choses, mais énormément de gens souffrent et meurent, c'est ça qu'il faut tenter d'éviter. (Je paraphrase un peu, puisque j'écris de mémoire).
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Deux jours plus tard, je suis plongé dans un livre que j'ai acheté au salon, justement, au kiosque d'Écosociété, un éditeur québécois d'essais couvrant une large palette de sujets. Ce livre regroupe plusieurs entretiens avec le linguiste et activiste américain Noam Chomsky. Chomsky était de passage à Montréal il y a quelques semaines, et j'avais tenté d'avoir des places pour assister à sa conférence, mais malheureusement, quand j'ai appris sa présence ici, la conférence affichait déjà complet. C'est donc deux jours après mon court entretien avec Claude Villeneuve, que des propos similaires de Chomsky - tenus quinze ans plus tôt - me sont parvenus par la magie des livres.
L'intervieweur - le professeur et auteur québécois Normand Baillargeon - demande carrément à Chomsky comment il fait pour se montre encore relativement optimiste face à des situations politico-économiques aussi décourageantes que ce que l'on observe dans le monde depuis des années [rappel: ces situations se sont aggravées partout dans le monde dans les quinze ans écoulées depuis la tenue de cet interview (1)]. Chomsky répond ceci: "J'ai deux possibilités: la première est d'assumer qu'il est possible d'améliorer les choses, la seconde, qu'il n'y a rien à faire. À partir de là, c'est le pari de Pascal. Si j'opte pour la deuxième option, si je considère qu'on ne peut rien faire, alors on peut garantir que le pire va survenir. Si je fais le choix optimiste, alors peut-être que ça va changer. On ne sait rien d'autre." (2)
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Aussi bien me retrousser les manches et continuer...
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Références:
Est-il trop tard? Le point sur les changements climatiques, Claude Villeneuve, Multimondes, Québec, 2013.
Entretiens avec Chomsky, Normand Baillargeon et David Barsamian, seconde édition, Écosociété, Montréal, 2002.
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Notes:
(1) On parle ici en général des écarts de plus en plus importants entre riches et pauvres, de la dégradation constante des filets sociaux, de la concentration de la richesse, des impacts de ces politiques sur les changements climatiques, du recul démocratique (au sens du relatif contrôle des politiques étatiques par le peuple), etc.
(2) Le pari de Pascal: Tiré des Pensées du scientifique et philosophe français du 17e siècle Blaise Pascal, le pari de Pascal porte sur l'existence ou non de Dieu, mais on peut aussi en résumer l'argumentaire et l'utiliser à d'autres questions philosophiques (ce que fait ici Chomsky), par: "Si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien".

jeudi 21 novembre 2013

Passez me voir au salon!


Un mot d'auto-promotion pour vous informer de ma présence au Salon du Livre de Montréal, en tant qu'auteur.
Ce Samedi le 23 novembre 2013, je serai donc en séance de signature de 17h à 18h au kiosque des Éditions Alire, pour ma publication de la nouvelle L'injonction dans le numéro 48 de la revue de polar Alibis.
Le kiosque d'Alire est le 601, et il est situé au fond à gauche de la salle principale.
Au plaisir de vous y voir!
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jeudi 24 octobre 2013

Quelques "visages" montréalais aperçus depuis mon retour

Vous connaissez déjà mon penchant pour les murales urbaines... voici donc un petit billet-photos sur quelques éléments intéressants aperçus lors des longues marches que j'ai prises en ville depuis mon retour d'Espagne.


Ce n'est évidemment pas une murale urbaine, mais j'aime beaucoup ce genre de vestige qui reflète une partie de la culture du passé. Cet affichage en anglais (sur Le Plateau, en plus) est le fait de Bland Nurses Outfitters, un fabricant montréalais dont quelques rares pièces sont visibles au Musée du costume et du textile du Québec (au Marché Bonsecours), pièces qui datent de 1954 à 1961, ce qui fourni l'information sur l'époque de cette publicité inscrite sur un édifice de Montréal.


Lors de mes tournées de printemps sur les nouvelles murales urbaines, je n'avais pas remarqué celle-là, montrant un imposant robot (qui occupe tout l'arrière d'un édifice de plusieurs étages), avec des détails fort intéressants (sur Clarke au sud de Mont-Royal).


Dans la série des oeuvres éphémères (plusieurs des images montrées sur ce blogue dans la catégorie des murales urbaines ne sont déjà plus visibles sur le terrain), on notera cet amusant amalgame de Star Wars et graffiti du milieu de la mode.


Un détour sur St-Grégoire (entre St-Hubert et Papineau) m'a fait noter cette scène, vaguement SF mais essentiellement New Age, à l'entrée d'une ruelle.


Il n'y a pas que les murales qui offrent des nouveaux visages à Montréal. J'ai eu la surprise de découvrir, directement sur la Place d'Armes, deux nouvelles grandes sculptures, dont celle-ci, intitulée «Poodle Français». La plaque ne mentionne ni l'identité de la dame au masque allongé sur le nez, ni le rôle de celle-ci ou de son chien.


De l'autre côté de la place - les deux sculptures étant situées de part et d'autres de l'édifice rectangulaire noir de la Banque Nationale - on retrouve la réponse anglaise avec la sculpture de cet homme (lui aussi avec un masque lui allongeant le nez), intitulée «English Pug», qui forme donc la seconde partie de ce diptyque nouveau.
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mercredi 23 octobre 2013

L'art (presque perdu) de ne rien dire

Certains d'entre vous auront peut-être noté le relatif silence de ce blogue depuis plusieurs jours. Comme le titre de ce billet l'indique, j'ai préféré ne rien dire que de me prononcer sur des sujets d'actualité ou de raconter mes activités depuis mon retour d'Espagne.
Mon sentiment habituel post-retour de voyage y est pour beaucoup - le choc du retour, même s'il frappe moins fort avec le temps et que je ne suis parti que 7 semaines - alors que la vie quotidienne reprend son droit et que les éléments de celle-ci sont moins intenses ou moins excitants que ceux vécus en voyage. Il ne faut pas croire que la vie ici est plate pour autant, j'ai par exemple pu voir le merveilleux film Gabrielle de Louise Archambault au cinéma Beaubien près de chez moi, une expérience aussi enrichissante qu'agréable.
Sinon, le titre de ce billet fait évidemment référence à un livre de Dany Laferrière; et ce n'est pas accidentel, puisque depuis mon retour, j'ai beaucoup mis le nez dans des livres de toutes sortes (essais, romans, BD, revues, nouvelles), et dans plusieurs langues en plus, consacrant ainsi mon temps libre à lire plus qu'à écrire sur ce blogue pour faire changement.
J'aurais bien pu parler du sujet de l'automne au Québec; l'avant-projet de charte des "valeurs", mais tout semble avoir été dit sur le sujet. J'aurais plus tendance à commenter longuement si le projet était au moins cohérent, mais il ne l'est pas du tout et je déteste l'incohérence quand vient le temps de discuter ou d'argumenter. Je n'arriverai jamais à comprendre en quoi le fait que madame X préposée à la SAAQ ne porte plus de voile serait merveilleux pour la laïcité de l'État alors que le maire Jean Tremblay de Saguenay peut continuer à prier sous la statue de la vierge avant le conseil municipal et que l'assemblée nationale se réunisse toujours sous le crucifix posé là par Duplessis, les deux instances étant précisément là où se prennent les décisions de l'État. Une incohérence assez ostentatoire, je trouve. Le sujet me permet de noter au passage qu'avec les années, l'ancien professeur de mon alma mater (HEC Montréal) et moi sommes de plus en plus souvent sur la même longueur d'ondes (je parle de M. Parizeau), mais que pour une des seules fois en plus d'une décennie, je partage le même avis que Lucien Bouchard, un événement qui mérite d'être souligné par son caractère exceptionnel.
J'aurais aussi pu parler de la nouvelle entente de libre-échange avec l'Europe, mais pour en dire quoi? Cette idée de négocier une telle entente n'a jamais été débattue en campagne électorale, n'a jamais fait l'objet de mandats clairs envers nos dirigeants, a été négociée à huis-clos, et les détails ne sont pas encore publiés, donc au fond, à part de la propagande ou des rumeurs, nous ne savons rien de concret sur celle-ci.
La politique municipale n'est pas plus encourageante, puisque pour Montréal, les dés semblent déjà jetés en faveur du candidat qui était le plus connu du lot avant la campagne, prouvant une fois de plus que la politique n'est qu'une affaire d'image et non de contenu, ce qui est d'autant plus déplorable que cette année, après tous les scandales de corruption ayant secoué la ville (et plusieurs autres villes du Québec), on aurait espéré que la population s'intéresse aux programmes et à la vision de chaque candidat avant de faire son choix. Le fait que le meneur (Denis Coderre) ait bâti son équipe à partir des vestiges du vieux parti de Gérald Tremblay ne laisse évidemment présager rien de bon pour ceux qui espéraient que les choses changent à l'hôtel de ville.
Même constat avec la désolante pseudo-commission Ménard sur le printemps étudiant de 2012, une véritable "patente à gosse" montée strictement pour fermer la trappe à ceux qui auraient voulu de véritables réponses et une véritable enquête sur les débordements policiers, les arrestations arbitraires, le profilage politique et la violence qui a marqué le printemps/l'été 2012.
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J'ai donc préféré ne rien dire dans les dernières semaines, ou en dire très peu en ce qui concerne ce blogue.
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J'ai donc gardé le silence, assisté à la marche de zombies la fin de semaine dernière, et vu plusieurs films, comme Gabrielle, mais aussi Prisoners,;deux excellents films réalisés par des cinéastes d'ici dans deux registres complètement différents.
Mais, tel que mentionné ci-haut, j'ai surtout beaucoup lu. Je suis d'ailleurs en train de lire l'excellent roman Cien anos de soledad de Gabriel Garcia Marquez, auteur hispanophone lauréat du Prix Nobel de littérature, et l'intérêt de ce roman à mes yeux, à part le fait qu'il s'agisse d'un classique qui mérite les louanges dont il est l'objet, c'est que je le lis en version originale espagnole. Ce n'est pas le premier livre que je lis dans la langue de Cervantes, mais c'est le premier grand roman classique que je lis en version originale espagnole.
Auparavant, à part quelques nouvelles, essais et autres textes, j'avais surtout lu, pour me faire l'oeil, disons, des romans en traduction espagnole. Lire un polar, par exemple, demeure une lecture un peu plus facile pour un néophyte que de lire Garcia Marquez, dont le style et l'écriture riches demandent une meilleure maîtrise de la langue espagnole si on veut apprécier l'oeuvre dans toute sa complexité.
Parmi les romans en traduction que j'ai lu récemment en espagnol, on retrouvait deux enquêtes de l'inspecteur Wallander, de l'auteur suédois Henning Mankell. C'est un cas intéressant puisque comme Mankell écrit en suédois, une langue dont je ne connais absolument rien, j'en suis réduit à le lire en traduction (Je n'ai pas assez de talent pour les langues pour apprendre le suédois seulement pour lire les polar que j'aime). J'ai découvert Mankell à la fin des années 90 en traduction française, puis suis passé à la traduction anglaise quelques années plus tard (à la fois pour pratiquer mon anglais, et parce que j'ai découvert que la plupart des traductions anglaises étaient meilleures que les traductions effectuées en France et pleines d'argot insupportable). En lisant Mankell en traduction espagnole, il devenait le premier auteur que j'aurais lu en trois langues (et sans avoir pu le lire dans sa version originale, de surcroit). Je préfère évidemment lire les versions originales aux traductions, mais dans ce genre de cas, je joins l'utile (la pratique d'une autre langue) à l'agréable (lire les romans d'Henning Mankell).
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Ce billet sur le silence pourrait enfin être conclu par la constatation que ce n'est pas parce que j'ai décidé de ne rien dire pour un moment, que je n'ai rien écrit pendant ce laps de temps. Bien au contraire, car plusieurs projets ont bourgeonné ou avancé depuis mon retour, ce qui est toujours positif en ce qui me concerne. Et, bien entendu, j'ai aussi réfléchi à mes prochains projets de voyage.
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samedi 12 octobre 2013

Parallèle Espagne-Québec

Introduction
Lors de mon récent séjour en Espagne, je n'ai pu éviter de faire quelques parallèles politiques entre la situation là-bas et celle qui règne au Québec. En fait, l'actualité politique espagnole ne m'a pas laissé le choix, un gigantesque scandale de financement occulte du parti au pouvoir au profit d'entrepreneurs a éclaté alors que je commençais à peine mon voyage. J'ai donc suivi l'affaire dans les médias pendant mes déplacements de l'été et y jette un coup d'oeil de temps en temps depuis mon retour.
Si je reviens sur ça aujourd'hui, ce n'est pas seulement parce que le parallèle est intéressant en soi - et prouve que contrairement à ce que certains chroniqueurs du ROC voudraient bien laisser croire, la situation au Québec est loin d'être unique à la province, mais assez répandue dans le monde; l'Espagne étant un exemple qui a surgit publiquement. Il y a aussi le fait que nous soyons en campagne municipale et que pour Montréal et les environs, les questions d'éthique/intégrité dominent l'actualité en plus d'occuper une place importante auprès des électeurs qui suivent la politique un tant soit peu.
Enfin, avec ce qui s'est passé depuis le début de cette campagne municipale (le veggiegate, suivi des robocalls à Montréal, puis le fantôme de la corruption à Laval), plusieurs pourraient être portés au cynisme (j'y ai déjà succombé par le passé), mais je continue à croire qu'il est plus constructif de s'informer correctement au lieu de mettre tous les intervenants dans un même panier.
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L'affaire Barcenas en quelques mots
Résumer l'affaire Barcenas, qui secoué l'Espagne l'été dernier et continue de faire des vagues, n'est pas une mince tâche, mais disons, pour simplifier, qu'il s'agit de révélations-chocs effectuées par l'ex-trésorier du Partido Popular (PP), le parti au pouvoir à Madrid, Luis Barcenas. L'ex-trésorier a révélé les détails d'une comptabilité parallèle du parti où on retrouve du financement illégal, des contributions d'entrepreneurs, un salaire caché au Président de l'Espagne Mariano Rajoy, ainsi que des sommes de plusieurs millions d'euros cachées dans des comptes bancaires suisses.
À une époque où l'Espagne subit la pire crise économique de son histoire, avec un gouvernement qui impose des mesures d'austérité sévères, l'affaire a fait scandale dès la publication des premières révélations.
La réaction de Rajoy et du PP a d'abord été de refuser de commenter l'affaire, puis, des semaines après les révélations de Barcenas, de tout nier en bloc. Un procureur mène donc une enquête assez large sur les affaires et le financement du PP. Depuis le début de cette affaire, les médias rapportent quasi quotidiennement des nouvelles révélations; nombreux salaires au noir versés aux dirigeants du parti, détournement de fonds dans la rénovation du siège social du parti à Madrid, importants contrats offerts à des entrepreneurs ayant largement contribué (illégalement) au parti, etc. Le PP a d'abord réagit en attaquant la crédibilité de Barcenas, Mariano Rajoy réaffirmant son intégrité et condamnant toute personne ayant agit illégalement dans cette affaire. Mais avec le temps - et la pression qui s'accentuait - Rajoy a annoncé une enquête interne "profonde et exhaustive" de toute la comptabilité du parti, en plus de discuter avec l'opposition de nouvelles lois anti-corruption, question de donner une image d'intolérance face à la corruption.
La dernière révélation à ce jour (11 octobre) concerne un important contrat de nettoyage et de collecte de déchets dans la région de Toledo, qui a été accordé à un entrepreneur ayant versé un pot-de-vin de 200 000 euros au PP, contribuant ainsi illégalement au financement de la candidate du PP aux élections dans cette région, candidate qui est justement la secrétaire générale du PP.
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Parallèle avec Québec
Même sans les détails de l'affaire, vous aurez compris qu'il était facile d'y voir là un parallèle avec les nombreux scandales politiques ayant été révélés sur le Ministère des Transport, le financement présumé illégal et les "cadeaux" aux ministres du PLQ dans divers dossiers, les scandales de financement et de corruption d'Union Montréal, ainsi que ceux de Laval, sans oublier le salaire secret de Jean Charest au PLQ alors qu'il était Premier Ministre. Et l'enquête du procureur - qui appelle des témoins à collaborer - rappelle évidemment notre Commission Charbonneau.
Par contre, une différence fondamentale dans ce parallèle, c'est qu'en Espagne, le scandale touche le parti au pouvoir fédéral, ce qui a eu pour impact immédiat une montée/réaction en faveur de la souveraineté en Catalogne, où les gens sont dégoûtés des agissements du gouvernement de Madrid dans cette affaire. L'option souverainiste québécoise n'a évidemment pas eu cette opportunité.
Enfin, en Espagne, contrairement à ce qui s'est produit ici - c'est le procureur qui a démarré le tout avec son pouvoir d'enquête, et le gouvernement formé par le PP n'a pas eu le choix de réagir. Ici, on se souviendra que malgré les très nombreuses révélations des médias, le gouvernement Charest a traîné deux ans avant d'instaurer une commission d'enquête, et a d'abord tenté d'en faire une structure sans réel pouvoir. Il contrôlait donc l'agenda de cette commission en parallèle avec l'agenda électoral.
Pendant ce temps, en ville
Jean Charest a contrôlé l'agenda politique sur ces scandales, ce qui lui a permis - entre autres - de limiter les dégâts aux dernières élections provinciales pour le PLQ. Nous avons vu depuis que son successeur est aujourd'hui aux prises avec les premières vagues directes touchant son parti.
Mais si le PLQ avait le contrôle de l'agenda provincial, ce n'était pas le cas des partis municipaux, qui font face à des élections à date fixe. Plusieurs administrations se sont donc retrouvées en pleine campagne après les révélations de la Commission Charbonneau.
À Montréal et Laval, la plupart des partis touchés n'existent plus... malgré quelques fantômes du passé, qu'il surgissent sournoisement comme ce fut le cas à Laval la semaine dernière, qu'il s'agisse simplement de candidats ayant prêté allégeance à un nouveau parti, ou encore qu'il s'agisse des vieilles méthodes qui sont difficiles à éliminer...
Pour le moment, donc, tentons d'éviter le cynisme et de mettre tous les candidats dans le même panier de corruption; il y en a certainement dans le lot qui sont comme vous et moi, découragés des agissements de ces voleurs et qui, s'ils sont élus, vont réellement entreprendre des changements positifs pour nos villes. Il est donc important de bien s'informer (et tenter d'éviter la désinformation comme le cas du veggiegate) avant de faire notre choix.
Les Espagnols eux, ont plus de risques de devenir cyniques; la situation économique du pays est très difficile, et le gouvernement Rajoy a été élu en 2011 avec un mandat de 4 ans.
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Sources:
- Sur l'affaire Barcenas, on peut consulter le dossier du quotidien El Pais (47 pages d'archives à ce jour).
- Sur le Québec, on peut consulter le dossier sur la Commission Charbonneau de Radio-Canada, ou encore consulter le site de la Commission.
- Sur les élections municipales, Radio-Canada et La Presse ont chacun dossier.

jeudi 10 octobre 2013

Faire des liens...

Quand on lit les informations, il est toujours important de faire des liens.
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Je vous invite donc à faire l'exercice suivant: ça demande de lire un brin, mais ça vaut la peine.
1. Lisez d'abord cette nouvelle parue sur le site de La Presse aujourd'hui *.
2. Puis, lisez cette autre nouvelle, parue aujourd'hui sur le site de Radio-Canada.
3. Ensuite, approfondissez la question avec cette révélation étonnante, que l'on doit au journal britannique The Guardian; nouvelle en version française dans La Presse de ce matin.
4. Enfin, je vous suggère de conclure par cet extrait de reportage éclairant.
5. Et en guise de rappel, parce que nous avons parfois la mémoire courte, je suggère de jeter un oeil juste ici.
Je vous laisse le soin de faire les liens, je fais confiance à votre intelligence.
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Quatre pistes de réflexions:
A. Trouvez-vous normal qu'on arrête les gens (1) qui tentent d'empêcher ça au Québec (2,4) ?
B. Trouvez-vous normal qu'une agence gouvernementale (financée par des fonds publics) "collabore" ainsi (3) et fournisse des informations à ces compagnies (2,4) ?
C. Trouvez-vous normal que les acteurs privés et publics (3), qui cherchent "ensemble" à résoudre «les défis posés aux projets énergétiques par les groupes environnementaux» (1), soient, pour la partie publique, justement ceux qui engagent et paient (avec des fonds publics, toujours) les policiers (1) ?
D. Compte-tenu de ce qui précède, feriez-vous confiance à la compagnie impliquée (1, 3, 4) dans ce dossier quand on nous dit que tout est sécuritaire (comme ça l'était pour celle-ci (5)) ? ***
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* On rappellera au lecteur que toutes les manifestations à Montréal sont systématiquement déclarées illégales** grâce au règlement municipal P-6 (qui en gros, est une Loi 78 locale), ce qui permet au SPVM d'arrêter n'importe qui même dans une marche pacifique.
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** La couverture de cette nouvelle rappelle inévitablement celle - tendancieuse - du Printemps 2012. Par exemple: (Extraits de la page Facebook de Marc-André Cyr): «La novlangue expliquée aux nuls»
"...leur rassemblement rapidement contenu par le Service de police de la ville de Montréal". "Contenu"... Comme une bouteille contient de l'eau ou du jus. "Plus d'une dizaine d'entre eux ont été appréhendés, a confirmé Jean-Bruno Latour, porte-parole du SPVM, en fin d'après-midi." Pas arrêtés, non: "appréhendés". Selon qui? Ah bon. ".... ce qui a forcé les policiers à ordonner leur dispersion". Les forces de l'ordre forcées d'intervenir, pas mal. Et pour finir, un témoignage d'un militant présent sur les lieux... Non? Ah, pas le temps j'imagine.
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*** Je concentre ceci autour d'un dossier et d'événements reliés qui nous touchent de plus près, mais les autres exemples récents de cette industrie ne manquent pas, bien au contraire.

mercredi 2 octobre 2013

«L'injonction», dans Alibis 48

Un court billet pour mentionner la parution de ma nouvelle "L'injonction" dans le nouveau numéro de la revue Alibis (#48). Il s'agit d'un texte de politique-fiction, inspiré (comme le laisse voir la couverture de ce numéro) de la crise sociale du printemps 2012, même si l'action se déroule quelques mois après les événements que l'on connaît.
Bien que le site officiel de la revue ne propose pas encore le sommaire de ce numéro, on le retrouve via la page Facebook de la revue. Je me permets donc de le reproduire ici:
Fictions:
"Le Couteau à cran d'arrêt", de Yasuko Thanh (Prix Arthur Ellis 2013)
"L'Injonction", de Hugues Morin
"Parce que, Paulina", de Camille Bouchard
Articles :
"Quatre écrivains à "Parthenais"", de Jean-Jacques Pelletier et Richard Ste-Marie
"Conversation avec Jacques Savoie", de Pascale Raud
Ce numéro sera en librairie à la mi-octobre 2013.
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Il s'agit de ma cinquième parution dans cette revue de polar, ma fiction précédente dans Alibis étant "Le jour où j'ai volé 700 quetzals à l'ayudante d'un chicken bus" dans Alibis 38 au printemps 2011. (Le temps passe vite, je n'avais pas réalisé n'avoir rien soumis à Alibis en deux ans!)
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mardi 1 octobre 2013

Un poêle au look futuriste digne de mon téléphone, en réaction à l'obsolescence planifiée

Je vous ai parlé de mon nouveau téléphone, en mai dernier. J'en avais fait un petit billet humoristique et nostalgique, mais le commentaire contenait toutefois une référence à l'obsolescence planifiée en deux conclusions semi-éditoriales:
«Un. Ces vieux appareils n'étaient pas frappés par la maladie de l'obsolescence planifiée. Car contrairement à l'autre cochonnerie qu'il a remplacée, vieille de 3 ans, mon nouveau téléphone, âgé d'au moins 35 ans, fonctionne parfaitement et les voix y sont très claires. (Vous tenterez d'acheter et faire fonctionner un Blackberry en 2043 et on s'en reparlera).
Deux. Parfois, au lieu d'encourager la production de nouveaux biens et la consommation de ressources non renouvelables nécessaires à leur fabrication, mieux vaut regarder ce qui est déjà là, et qui peut parfaitement convenir à nos besoins.»
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Si je ne vous ai jamais parlé de mon poêle, c'est que je n'en avais pas. Bon, je vous entends déjà vous demander avec quoi je cuisinais, moi qui n'ai pas de micro-ondes :-). Rassurez-vous, j'avais l'usage d'un poêle, en ai toujours eu un à ma disponibilité, mais comme j'ai toujours (ou presque) habité des appartements que l'on dit semi-meublés (avec un poêle, donc), je n'ai jamais eu l'obligation d'acheter un tel objet (encombrant, en plus, dans les cas de déménagements). Quand j'ai emménagé dans mon appartement actuel, l'ex-locataire (une amie) m'a offert de laisser son poêle dans l'appartement, puisqu'elle n'en avait pas besoin là où elle allait vivre, mais tout en en gardant la propriété. Récemment, elle s'est acheté un endroit à elle, et a donc récupéré son poêle, laissant mon appartement sans poêle... et me laissant pour la première fois depuis plus de dix ans dans l'obligation de considérer faire l'acquisition d'une cuisinière.
Ceux qui ont lu le cas du téléphone ne seront pas étonné d'apprendre que j'ai tout de suite mis de côté toute idée d'acheter du neuf, alors que tant de gens veulent se départir de leurs objets encore en bon état pour une fraction du prix d'un neuf. Bref, après une petite recherche, j'ai trouvé une affaire qui me semblait parfaite: un poêle en parfait état de fonctionnement pour 50$. Je me suis dit qu'à ce prix là, si je ne voulais pas repartir avec en quittant l'appartement un jour, je n'aurais qu'à le laisser au locataire suivant.
Ce sont des photos de ce splendide poêle qui illustrent le présent billet.
Il s'agit d'un magnifique Tappan Holliday 1956, un modèle aux avantages incroyables sur plusieurs produits neufs.
Le premier est d'avoir fonctionné sans problèmes depuis plus de 57 ans déjà, ce qui est garant d'un bon fonctionnement pour l'avenir. En effet, en 1956, les compagnies n'avaient pas encore adopté le modèle de l'obsolescence planifiée qui fait que de nos jours, aucune machine ne semble pouvoir durer plus que quelques années, voir quelques mois (les documentaires éclairant sur ce sujet sont légion).
Le second est d'être, comme mon téléphone, d'une conception dont la simplicité est à la fois admirable, et permet d'en comprendre le fonctionnement en ouvrant simplement l'appareil. La réparation éventuelle en cas de pépin mineur ne posera donc pas de problème (ce qui est évidemment impossible avec une cuisinière moderne aux bidules tactiles, circuits intégrés et plaques à induction magnétique *).
Le troisième est esthétique: cet appareil a un look d'enfer, je dirais même qu'il a un look futuriste, malgré son âge respectable (il fonctionnait déjà depuis plus longtemps que la plupart des four d'aujourd'hui quand je suis né!).
Le plus drôle, c'est que je n'ai pas fait exprès pour dénicher ce petit trésor d'appareil, c'est le hasard d'une recherche qui m'a fait tomber dessus, mais il faut avouer que ce poêle-là était vraiment fait pour moi.
En conclusion à ce second billet effleurant le sujet en quelques mois, je partage avec vous une anecdote amusante sur l'obsolescence planifiée. Vous avez certainement entendu parler de cette ampoule électrique d'une caserne de pompier à Livemore, en Californie, qui fonctionne depuis plus de cent ans. On a même mis une caméra web pour suivre son fonctionnement en ligne en direct depuis quelques années... L'anecdote est la suivante: on en est à la 3e webcam depuis l'instauration de ce lien web - et on vient de devoir changer le bloc d'alimentation de la caméra, alors que l'ampoule, elle, continue de fonctionner sans problèmes.
Éclairant, n'est-ce pas?
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On n'arrête pas le progrès : en plus d'être équipé d'une fenêtre et une ampoule qui permettent de regarder dans le four pendant la cuisson (une innovation baptisée "visualite" à l'époque), il y a même un guide de cuisson à même les commandes de cette cuisinière!
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* Un ajout de dernière minute, tiens: On m'a dit qu'en achetant une nouvelle cuisinière à induction, on ne pouvait utiliser les batteries de cuisine traditionnelles dessus, et qu'il fallait donc s'acheter toute une batterie de cuisine neuve et spécialement conçue pour ce genre de cuisinière, sans parler de changer le filage dans les murs ainsi que le disjoncteur du panneau électrique (Oh, le beau cas).
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samedi 21 septembre 2013

La Catalogne par l'affichage

Un ultime billet sur l'affichage à partir de quelques images captées lors de mon dernier séjour en Catalogne.


"Plus de soins de santé, plus d'éducation, plus de pompiers et moins de politiciens corrompus". Coup donc, on est au Québec? :-) [Girona]


Place des patates. [Figueres]


"Pourquoi voulons-nous l'indépendance", librairie indépendantiste Les Voltes. [Girona]


"Bye bye Espagne", mouton indépendantiste décoratif. [Gracià, Barcelona]


Hum, attention, nous dit-on, à cette buanderie: "Ne mettez personne dans cette laveuse" [Bari Gotic, Barcelona]


Drapeau indépendantiste catalan peint dans une place publique. [Gracià, Barcelona]


"Occupe et résiste", peut-on lire en grosses lettres sur cet immeuble, qui nous rappelle que le mouvement des indignés a débuté en Espagne. Puis, en plus petit, "Nous connaissons vos paradis capitalistes". [Gracià, aperçu du Parc Güell, Barcelona]


J'aurais bien voulu vous donner mon adresse, quand j'étais à Barcelona, mais ça aurait été un peu long, comme on peut le voir sur ce panneau de rue, capté du balcon de ma chambre: "Rue de la comtesse de Sobradiel du district de la Lonja du quartier de Trinidad" [Bari Gotic, Barcelona]


Lesquels de mes lecteurs se souviennent du pont de San Telmo de Sevilla, dont j'avais parlé en 2010 ici?... [Girona]


"Adieu Espagne, un nouveau chemin nous attend". [Girona]
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... ou une dernière citation parfaitement appropriée à la fin de ce voyage en Espagne...
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Gaudi: La Sagrada Familia

(Voir l'intro de ce premier billet pour le contexte de publication du présent billet).
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Dernier billet consacré aux oeuvres majeures d'Antoni Gaudi à Barcelona: La Sagrada Familia.


La Sagrada Familia (Sainte Famille) est une basilique conçue par Gaudi à partir de 1884 et sur laquelle il a travaillé jusqu'à sa mort, en sachant très bien qu'il ne la verrait jamais achevée de son vivant. Il s'agit d'un ambitieux projet en termes de taille; la plus haute tour prévue atteindra 170 mètres de haut, et le temple comportera 18 tours au total.


La façade de la nativité, seule façade complétée du vivant de Gaudi. Les 4 tours qui surmontent cette façade sont 4 des huit tours actuellement érigées sur les 18 prévues, et il s'agit de 4 des plus petites tours du temple. L'aspect organique est évidemment recherché par l'architecte, qui voit dans ce projet, la combinaison idéale de son style naturaliste-moderniste. Les tours de la Sagrada, en fait, ont l'air droit sorties de la terre, comme si l'édifice avait poussé naturellement plutôt qu'il n'ait été construit.


Un des très nombreux détails de la façade de la nativité.


Maquette de ce qu'aura l'air la Sagrada une fois complétée. Les tours de la façade de la nativité sont celles que l'on peut voir sur en bas au centre-gauche sur la maquette. Pour s'assurer que le projet ne serait pas abandonné ou réalisé à moitié, Gaudi avait décidé d'ériger certaines parties très hautes d'une portion de l'édifice sans débuter le reste, plutôt que de réaliser la base en entier et monter en hauteur par la suite.


Autres détail de la façade de la nativité; l'arbre de vie, d'où émergent des colombes, arbre réalisé en mosaïque de céramiques et situé sur le portique principal de la façade, entre les 4 tours.


Détail de la façade, capté d'une des tours. Les 4 tours de cette façade, de même que les 4 de la façade opposée, qui sont déjà érigées, ainsi que les 4 tours d'égale hauteur qui fermeront la troisième façade, au bout de la nef (à droite sur la photo de la maquette) seront consacrées aux apôtres. Les 4 plus hautes tours au centre aux évangélistes, une tour en avant le sera à Marie et la plus haute tour sera celle du Christ.


L'intérieur est également fascinant, bien qu'aussi inachevé que l'extérieur [photo de 2006]. La Sagrada Familia est parmi les sites les plus visités d'Espagne, sinon le plus visité du pays, malgré le fait que ça soit encore un chantier en construction (les revenus permettent de poursuivre les travaux, entièrement financés par des dons et les billets d'entrée, d'où la relative lenteur des travaux au cours des plus de 125 ans passés à travailler sur l'édifice).


Les colonnes sont conçues comme des troncs d'arbre, les clés de voute sont percées, fenêtres, vitraux et balcons sont courbées ou inégaux, comme c'est du Gaudi, les angles droits sont très rares. Ici, on voit une colonne-tronc, qui se sépare en petites colonnes-branches avec un joint-noeud... Une fois terminé, ça promet d'être spectaculaire comme intérieur. On apprend lors de la visite que chaque morceau de ce casse-tête architectural est unique (puisque tout est inégal), et doit être préfabriqué sur place, au sol, avant d'être grimpé et assemblé au reste.


Suze sur un des balcons de mi-hauteur d'une tour de la Sagrada [photo de 2006], avec vue sur la rue, ce qui donne une idée de ce que représente cette "mi-hauteur".


Détail d'une rosace que l'on aperçoit à peine de la façade, puisqu'elle se trouve derrière le portique central et ne peut être aperçu que si l'observateur se trouve en diagonale par rapport à la façade (ici, captée d'une des tours).


Les tours (et certains sommets décoratifs) sont ornés de mosaïque de céramiques typiques de l'architecture de Gaudi. Comme il s'agit d'une église catholique, on peut aussi y découvrir des inscriptions (le nom de chaque apôtre apparaît sur la tour lui étant consacrée). Ici, on peut aussi lire: Excelsis (de face) et Hosanna (sur les côtés).


La façade de la passion - du côté opposé à celui de la façade de la nativité - avec la base de ses 4 tours. Comme c'est la passion du Christ qui y est illustrée par divers tableau, on peut, au centre au-dessus du portique principal, apercevoir deux soldats romains, dont les casques-modernistes font écho aux masques des cheminées de la Pedrera (et qui évoquent donc les stormtroopers au fans de Star Wars).


Il était intéressant de revoir la Sagrada, en août 2013, sept ans après l'avoir visité pour la première fois. J'ai pu constater l'avancement des travaux, assez impressionnant, compte tenu du fait qu'on y travaille depuis plus de 100 ans. La nef est complétée en terme de longueur (en ce moment, sa façade n'est pas commencée, mais j'ai pu voir les bases de béton des 4 tours qu'on y érigera). Ce qui se remarque moins mais est définitivement une avancée majeure dans les travaux, c'est la partie centrale, et les 6 plus hautes tours que comportera la basilique une fois terminée.


En 2006 [photo de 2006], on pouvait très bien voir que cette partie centrale, entre la façade de la nativité et celle de la passion (les deux groupes e 4 tours sur la photo), était commencée, mais n'avait atteint aucune élévation.


Sept ans plus tard, on peut voir que l'édifice a atteint une hauteur certaine entre ces deux groupes, réunissant l'ensemble qui se poursuit du côté de la nef, complétée elle aussi en termes de hauteur.


On peut même voir l'imposante base et une partie de la tour de la vierge (qui sera la façade opposée à celle de la nef, soit la façade ne comportant pas un ensemble de 4 tours dédié aux apôtres). Ainsi, même si pour ce visiteur-ci, de loin, la Sagrada Familia n'a pas énormément changée (il y a toujours huit tours visibles), les dix autres tours du temple sont plus avancées qu'il n'y paraît, maintenant que l'édifice est pratiquement prêt à les accueillir.


Avant de terminer ce billet, quelques détails supplémentaires d'ornementations, en forme grappes de fruits réalisées en céramique.


Et un plan éloigné de la basilique, capté de la Plaça de Gaudi.
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