samedi 8 juin 2013

Cinéma-Voyage: L'Iran

Note: Ce billet s'inscrit dans la série Cinéma-Voyage.
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Je débute ce voyage virtuel avec l'Iran, en rattrapant un retard de plus d'un an sur tout le monde, en suggérant le film A Separation, d'Asghar Farhadi, qui a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2012. Si j'ai longtemps attendu avant de voir A Separation, malgré mon intérêt, c'est que je croyais, après avoir vu les extraits en bande-annonce, qu'il s'agissait d'une histoire profondément dramatique, ce qui ne convenait pas toujours à mon humeur au moment de louer un film. Ainsi, la première surprise du film pour moi a été que son visionnement révèle un film plutôt amusant, très léger dans le ton, malgré l'étendue dramatique de son sujet, un équilibre difficile à atteindre au cinéma et que A Separation maintient tout au long de son développement.
C'est l'histoire de Nader et Simin, couple iranien qui font face à une décision difficile: Elle veut émigrer pour offrir de meilleures chances de vie à leur fille, lui ne veut pas envisager d'émigrer, puisque ce choix signifierait d'abandonner son père, gravement malade et atteint de la maladie d'Alzheimer. Elle décide donc de se séparer et de demander le divorce pour pouvoir partir avec sa fille.
Ce qui est le plus intéressant avec ce film, c'est que la séparation du titre n'est pas l'élément central de l'intrigue; on n'assiste pas, comme on l'aurait imaginé dans un film occidental, aux luttes incessantes entre les deux époux, au déchirement du couple, puisque Nader et Simin s'aiment toujours. La séparation est ici le prétexte pour explorer la vie du couple, l'impact de la décision sur la dynamique familiale, puisque ce faisant, Nader, qui travaille, doit engager une aide domestique pour prendre soin de son père; une affaire pas évidente dans une culture musulmane ou une femme ne devrait pas visiter seule la maison d'un homme qui ne vit pas en couple. Ajouter à cet ensemble déjà intéressant une plongée dans un Iran que l'on ne voit pratiquement jamais, dans une culture qui nous est souvent fermée (ou présentée avec de gros clichés ou des déclarations politiques fracassantes ou ridicules), et vous obtenez un film aussi fascinant culturellement que magistralement réalisé. Les non-dits et les interdits - officiels comme ceux que les personnes se construisent - sont nombreux et participent à la fois au déroulement de l'intrigue et au décalage culturel. Et, qu'on se le dise, ce n'est ni lourd ni trop dramatique, on y rit même souvent, et c'est un fascinant voyage dans le quotidien d'une famille d'Iran.
Bref, A Separation est un film qui méritait parfaitement son Oscar (l'année d'Incendies, doit-on le rappeler), et qui mérite définitivement d'être vu et revu.
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